Les archéologues de l’Inrap ont fait une découverte remarquable à Reims durant l’hiver 2022-2023, lors d’une fouille préventive réalisée en amont d’une construction immobilière, sur un terrain de la rue de la Magdeleine. Ils ont découvert un domusune de ces luxueuses demeures urbaines occupées par les classes aisées de l’Antiquité romaine, datant du IIe siècle. Trois statuettes en bronze de la même époque ont également été exhumées, représentant le dieu Mars, un taureau ainsi qu’un personnage féminin encore difficile à identifier, probablement divin selon les chercheurs. Tous trois présentent une qualité de conception d’une grande sophistication.
Vestiges de la grandeur du Reims antique
Les trois statuettes subissent actuellement une opération de nettoyage et de stabilisation avant d’entrer en phase d’étude. Leur découverte semble confirmer la fortune des propriétaires de la maison. Cette dernière est située à la périphérie ouest de la ville de Durocortorum, dans le Reims gallo-romain, à près d’un kilomètre du forum. En tant que capitale de la province de la Gaule belge, la ville est une métropole antique importante. Elle entretient des liens privilégiés avec Rome, favorisant ainsi la présence d’élites locales riches et romanisées.
La découverte a été faite lors d’une fouille préventive en amont d’un chantier immobilier à Reims. © Jean-Jacques Bigot, Inrap
A l’époque, la maison devait avoir un aspect imposant que lui confère sa façade liée à deux gros piliers. Les archéologues ont mis au jour à l’intérieur de l’édifice antique les restes d’une fresque représentant une scène mythologique qu’ils comparent à l’aventure d’Achille à Skyros. Jusqu’à présent, il n’existait que trois représentations peintes de cet épisode dans le monde antique, découvertes à Aquilée, Pompéi et Rome.
Trois effigies et un mystère
Les statuettes en bronze ont été retirées d’une couche de démolition, qui aurait pu résulter d’un incendie. Leur grande qualité d’exécution fascine les chercheurs. « Elles sont à la hauteur des œuvres exposées au Louvre », s’enthousiasme Agnès Balmelle, directrice scientifique et technique adjointe de l’Inrap pour Champagne-Nord.
Les personnages représentés sur les statuettes sont le dieu Mars, un taureau et une femme coiffée d’un imposant casque. © Joël Peyrou, Inrap
L’effigie de Mars mesure 18 cm. Le socle sur lequel repose le dieu de la guerre est décoré de fleurs et réalisé en argent et en cuivre. Il porte un pectoral orné de la tête de Méduse et tient dans sa main gauche un bouclier sur lequel sont représentés la Louve et ses deux enfants Remus et Romulus. Ses yeux sont rehaussés d’argent, tout comme ceux de la statuette de taureau. Celui-ci mesure 16,7 cm de large et 11,6 cm de haut. Cet animal totem symbolisait la force et la vitalité pour les Romains. Enfin, le personnage féminin assimilé à une déesse mesure près de 30 cm. Elle porte un casque sur lequel sont représentés un sphinx, un visage et une couronne de créneaux. Les encoches visibles sur son dos suggèrent qu’il pouvait avoir des ailes. L’identité de ce personnage est rendue d’autant plus mystérieuse par la présence de la massue d’Hercule, fixée sur le même socle que la statuette.
Le personnage représenté sur la statuette féminine n’a pas encore été identifié, mais il pourrait s’agir d’une déesse. © Joël Peyrou, Inrap
La phase d’étude des effigies pourrait fournir de nouvelles pistes aux archéologues pour élucider les derniers secrets contenus par ces objets, et éventuellement la fonction occupée par les habitants de la région. domusdont nous savons seulement pour l’instant qu’elles étaient fortement liées à la culture romaine.
Un site antique monumental à Reims (Marne)