Depuis 2023, « Guyane Spiruline » produit des micro-algues à Sinnamary. La spiruline est transformée en compléments alimentaires aux bienfaits pour la santé. Depuis plusieurs semaines, la production est à l’arrêt. Subventionnée par des fonds publics, l’entreprise a connu des difficultés, mais son dirigeant souhaite la relancer auprès de nouveaux investisseurs.
Le site est désert. Située à Sinnamary, l’entreprise « Guyane Spiruline » est à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Selon nos informations, une grande partie des équipements ne sont plus opérationnels.
Le gardien, Didier Charles, est le seul présent sur les lieux. En quelques mots, il décrit rapidement les multiples difficultés rencontrées par l’entreprise. « Un matériel inadéquat, des locaux inadaptés, pas de gestion commerciale, un patron qui n’est jamais là et qui ne vous paie pas ! »il s’indigne. Le gardien avait deux mois de retard sur son salaire. Il a été payé peu de - après notre visite.
En janvier 2024, cette toute nouvelle entreprise a reçu la visite du maire de Sinnamary et du préfet, puis, en avril, une délégation de la Communauté des Communes Des Savanes (CCDS) et de l’Espace.
Dans les locaux de « Guyane Spiruline », ces visiteurs de marque ont découvert d’imposantes colonnes d’eau utilisées pour produire la spiruline. Cette micro-algue, vendue sous forme de fibres, est excellente pour la santé. Il est possible d’en extraire la phycocyanine, un stimulant immunitaire.
Depuis 2023, « Spiruline Guyane » est soutenue par des fonds publics. Elle a reçu une subvention de 490 milliers d’euros de l’Etat dans le cadre du plan France Relance, mais également 120 milliers d’euros versés en capital par le fonds « Alyse Guyane » de la CTG. Elle a également bénéficié d’un prêt de 312 mille euros de la Banque des Territoires, et de plus de 300 mille prêté par Alyse Guyane.
Au total, « Guyane Spiruline » aura reçu un million 222 mille euros d’argent public. « Il y a des gens qui souffrent, qui cherchent du travail, cela apporterait du travail, si cela avait été bien géré »» raconte le gardien Didier Charles.
L’entreprise est passée de huit à quatre salariés, et elle ne rembourse plus ses emprunts.
« Spiruline Guyane » est née avec l’objectif de produire dix à treize tonnes de spiruline par an. Il a même affiché ce chiffre sur son site Internet. En fait, il produira moins de 200 kilos.
Joint par téléphone, le président de l’entreprise se trouve actuellement en France. Jean-Louis Vidalo évoque des problèmes de ressources humaines, une invasion de papillons de cendres, et reconnaît aussi des erreurs.
“Il y a eu évidemment des erreurs de gestion”avoue Jean-Louis Vidalo.
Sur le plan technique, j’étais trop optimiste quant à l’application de technologies très avancées qui nécessitent encore des mois pour être perfectionnées, notamment dans les conditions spécifiques de la Guyane.
Jean-Louis Vidalo, président de « Spiruline Guyane »
Jean-Louis Vidalo apparaît comme un spécialiste de la spiruline. Malgré les difficultés, il compte relancer le projet.
« J’espère que dans les prochains jours nous signerons un accord avec de nouveaux investisseurs et partenaires économiques pour relancer l’activité à Sinnamary »envisage Jean-Louis Vidalo, président de « Guyane Spiruline ». Il va encore plus loin et espère “mettre en place une deuxième structure pour développer les fameux sticks humanitaires et immunitaires pour lesquels nous avons un marché très important et qui sera probablement dans la région de Cayenne”.
« Alyse Guyane », le fonds de capital risque de la CTG, détient 40% des parts de « Guyane Spiruline ». Il a également prêté 400 mille euros à l’entreprise. Le président du fonds, élu par la communauté, souhaite que le secteur privé prenne le relais
“Nous n’irons pas plus loin” prévient Jean-Luc Le West.
Il est impératif que cette entreprise se recapitalise. Qu’elle puisse obtenir une recapitalisation avec un actionnaire actif au sein de la société qui gère les actifs financiers. Il appartiendra ensuite à l’équipe technique dirigée par le Docteur Vidalo de poursuivre cette production.
Jean-Luc Le West, élu à la CTG
L’histoire de la « Spiruline de Guyane » illustre les difficultés des biotechnologies. De nombreuses entreprises du secteur dépendent dans un premier - de fonds publics et ne deviennent rentables qu’après des années de développement. Ils doivent encore survivre.