Depuis plusieurs années, le département de Mayotte subit une série de crises de l’eau. Si aujourd’hui la situation semble stabilisée, la déforestation, une des causes de ces coupes quasi endémiques, semble persister. Pour lutter contre ce manque d’eau, l’Association des naturalistes mahorais a lancé un plan de reboisement à Mayotte.
Sous la chaleur humide et étouffante des matinées mahoraises, les petites mains de l’association des naturalistes mahorais portent la terre ce mercredi 4 décembre. Elles sont une dizaine, perchées sur les hauteurs des berges du Gouloué. Autour d’eux, 150 pieds d’arbustes prêts à être plantés, dans les règles de l’art. “Nous plantons des arbres fruitiers comme des corossols, des manguiers ou des orangers et les plantons tous les 3 à 5 mètres. La plantation d’espèces forestières indigènes est plus dense, un pied par mètre», précise Yohann Legraverant, chef de projet espaces naturels au sein de l’association. Cette pratique qui combine des arbres de différentes espèces – fruitières et forestières – est un exemple d’agroforesterie et a été adoptée autour de la Gouloué.
Pour les naturalistes en herbe, pour la plupart des jeunes en service civique, cette reforestation est symbolique. À l’unanimité, ils confient leur proximité avec la nature depuis l’enfance et leur envie d’en prendre soin. “Ici, je me sens, je me sens libre, c’est important que je le préserve pour les générations futures.», affirme Bourahima Hafidhou, médiateur environnemental, la pelle à la main.
Depuis plusieurs années, la vallée du Gouloué, située sur les hauteurs de Passamainty, est particulièrement soumise à l’expansion urbaine et agricole. En conséquence, les arbres sont abattus et les ressources en eau affectées. Le reboisement de cette zone apparaît donc nécessaire. “Les arbres constituent le meilleur moyen de stocker l’eau car leur système racinaire favorise son infiltration et atteint donc plus facilement les nappes phréatiques.», explique Michel Charpentier, président de l’association des naturalistes mahorais. Cette eau pourra donc être utilisée lors des différentes campagnes de forages organisées par l’île. Coût du projet : 75 000 euros, entièrement financé par les dons récoltés lors de la soirée Aux Arbres Citoyens co-organisée par France Télévisions et l’association France Nature Environnement le 8 novembre 2023.
Au total, le projet de l’association devrait permettre de reboiser quatre hectares de forêt. “Pour que ce type de projet soit bénéfique, il faudrait que les politiques soutiennent davantage ce type de projet et l’appliquent dans toutes les régions de l’île.», conclut Yohann Legraverant. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, Mayotte connaît un taux de déforestation annuel de 1,2%, similaire à ceux de l’Argentine et faisant de l’île le département français le plus touché par ce phénomène.
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