A peine revenue de Paris avec une médaille d’argent autour du cou, l’haltérophile Maude Charron était déjà aux prises avec l’ultime dilemme : devait-elle repartir pour un autre cycle olympique ?
Les Rimouskoises ont laissé la poussière (et les confettis) retomber avant de rentrer chez elles. Elle s’est offerte un voyage de deux semaines, un luxe qu’elle n’avait pas pu s’offrir lors des Jeux de Tokyo, en pleine pandémie.
J’ai appris de mes erreurs après Tokyo. Cette fois, je me suis donné deux semaines avant de revenir à la normale. Parce qu’en tant qu’athlète, lorsque vous rentrez chez vous, vous êtes toujours au septième ciel et vous recherchez un défi qui vous permettra de retrouver le même niveau d’excitation des Jeux Olympiques. Cela devient une longue recherche de soi
a-t-elle déclaré à Radio-Canada Sports mercredi, après une cérémonie honorant les athlètes canadiens tenue au Parlement à Ottawa.
Après avoir décroché l’or au Japon, Maude Charron a hésité avant de se relancer en cycle vers Paris. Elle manque les mondiaux à cause d’une blessure au genou, et elle doit faire face à un changement de catégorie, lorsque la sienne, celle des moins de 64 kilos, disparaît du programme olympique.
Et la question se pose à nouveau sur lui, en prévision des Jeux de Los Angeles. J’adore concourir. Je ne m’arrête pas aujourd’hui. Mais LA 2028, je veux juste y penser moins. Rien que d’y penser, je trouve ça essoufflé, dit-elle. Les prochains Jeux sont encore loin. Je n’ai pas besoin de prendre de décision aujourd’hui, je ne mets pas cette pression.
Même si elle ne souhaite pas se projeter sur 2028, la native de Sainte-Luce a néanmoins encerclé quelques dates dans ses calendriers 2025 et 2026. Il y a des compétitions que j’aimerais faire dans les prochaines années, mais pour l’instant, je bouge pour le plaisir et ça m’aide à retrouver une santé globale.
dit-elle.
Car une fois l’adrénaline olympique retombée, certaines blessures sont apparues sur le corps de l’athlète de 31 ans. Quand nous se concentrer dans une même discipline, il y a forcément des blessures qui apparaissent. J’en ai quelques-uns que je dois guérir.
Maude Charron est ravie après avoir réussi un test.
Photo : Reuters/Amanda Perobelli
Un peu de repos donc, mais pas trop, car ce n’est pas vraiment dans la nature de Maude Charron. Elle va plutôt varier ses entraînements pour s’éloigner un peu de ses haltères.
Je promène mes chiens tous les jours, tout d’abord, mentionne-t-elle en souriant. Je vois ma mère, mon père. J’ai essayé d’autres sports. J’ai repris la gymnastique, un sport que je pratiquais quand j’étais jeune.
L’idée est avant tout de me détacher de l’aspect élite du sport, et de toute la pression qui va avec, pour revenir à ce que je suis, un être humain. Si je ne veux rien faire dans ma journée, je ne peux rien faire. Même si j’ai un sentiment de culpabilité, ou le sentiment de vouloir toujours me dépasser, c’est bien d’avoir des journées plus détendues.
Maude Charron se fixe donc pour le moment des objectifs à plus court terme et réduit sa charge d’entraînement à quelques séances hebdomadaires d’haltérophilie. Une manière pour elle de revenir à l’essentiel.
Il ne s’agit pas seulement de voir moins d’avenir dans le calendrier, mais aussi de baisser un peu le niveau de compétition, et au lieu de penser international, penser national, provincial, dit-elle. C’est aussi l’occasion de voir des jeunes faire du sport, et ça fait du bien.
Une façon aussi pour elle de passer plus de - auprès de ses proches. C’est important de retourner à ses racines, à sa famille, là où on a grandi, insiste-t-elle. Retrouver mes valeurs, retrouver qui je suis en dehors du sport.
Avec les informations de Jonathan Jobin