Les pouvoirs publics ne relâchent pas la pression sur l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Saint-Léger-de-Fougeret. Le parquet de Nevers a annoncé ce mercredi qu’une perquisition avait été menée dans ce centre qui forme des imams et des théologiens musulmans.
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L’enquête porterait sur des faits présumés de blanchiment et d’abus de confiance, ainsi que sur d’éventuelles violations des dispositions de la loi d’août 2021 « renforçant les principes de la République », sur la déclaration des financements étrangers. L’IESH aurait discrètement reçu des subventions des pays du Golfe persique. “L’opération de perquisition a réussi”, a indiqué la procureure de Nevers, Anne Lehaître.
A LIRE AUSSI Le sanglier ou le retour du blasphème dans les démocraties libérales ? Cet été déjà, l’IESH avait connu quelques problèmes. A la suite de contrôles des services de la jeunesse et des sports, le préfet de la Nièvre a pris un arrêté imposant la fermeture de sa colonie de vacances à partir du 9 juillet. L’institut a fait appel, sans succès.
Financement étranger avéré
Le fait que l’IESH soit financée par des intérêts étrangers n’est un secret pour personne. Lors d’une audition devant une mission d’enquête du Sénat en 2016, Larabi Becheri, son directeur, avait évoqué des dons émanant de « personnes physiques pouvant être étrangères, notamment en provenance des pays du Golfe ». Le Qatar a été mentionné dans plusieurs notes des services de renseignement. La question ne serait donc pas de savoir si ces financements étrangers existent, mais si les règles qui les régissent ont été respectées.
A LIRE AUSSI L’Union européenne aime-t-elle trop les Frères musulmans ? Créée en 1990 avec la bénédiction du gouvernement français de l’époque, l’IESH n’est plus du tout en odeur de sainteté. L’idée initiale, validée par François Mitterrand (d’où le choix d’un emplacement dans la Nièvre), était de franciser la formation des imams et des aumôniers.
Les autorités avaient choisi de se tourner vers des personnalités gravitant autour du mouvement des Frères musulmans, dont l’image, à l’époque, n’était pas aussi mauvaise qu’aujourd’hui. L’Union des organisations islamiques de France (UOIF, aujourd’hui Musulmans de France), fut un interlocuteur de premier plan, incarnation de l’Islam moderne. L’État déchante rapidement.
Un autre IESH à Saint-Denis
En 1994, Fayçal Mawlawi, figure des Frères musulmans au Liban, membre fondateur et doyen de l’IESH, est interdit de séjour en France en raison de ses liens avec des organisations terroristes ! En 1997, le théologien fondamentaliste Youssef el-Qaradawi, ultra-radical, penseur majeur de la Fraternité, est invité à la première cérémonie de remise des diplômes…
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Kangourou du jour
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Par la suite, l’establishment a assuré à plusieurs reprises avoir pris ses distances avec les Frères musulmans, se posant comme un modèle d’institution républicaine, sans totalement convaincre. L’un de ses professeurs de religion s’est vu interdire de voyager pendant les Jeux olympiques de Paris, au nom de la prévention des risques terroristes.
L’IESH de Paris (en réalité basée à Saint-Denis), frère jumeau de celle de la Nièvre, a fait l’objet d’une fermeture administrative provisoire en 2019. Parmi ses anciennes élèves, figure Inès Madani, condamnée à 30 ans de prison pour avoir tenté de fait exploser une voiture près de Notre-Dame de Paris en septembre 2016.