Les agents correctionnels des prisons du Québec ont refusé d’ouvrir les cellules des détenus sous leur garde à 8 heures mardi matin, comme ils le font habituellement. Il s’agissait d’un geste de solidarité après une agression contre un de leurs collègues, dimanche, au centre de détention de Sorel-Tracy.
Les cellules étaient toujours verrouillées en fin de matinée, selon nos informations.
L’agent, qui était seul avec le prisonnier lors de l’agression, est dans un état critique et a été placé en coma artificiel. Il a subi une fracture du crâne et pourrait perdre la vue.
L’agresseur, un homme de 39 ans, a été transféré à l’Établissement de détention de Montréal, communément appelé la prison de Bordeaux, où il a été interrogé par les enquêteurs de la Sûreté du Québec.
L’enquête se poursuit sur cette affaire.
Selon nos informations, l’homme aurait des antécédents de problèmes de santé mentale et de schizophrénie. Dans le passé, il aurait attaqué une femme de 82 ans à Granby, en Estrie. Il doit revenir devant le tribunal en février 2025 pour des accusations de voies de fait survenues en mars 2024.
Des conditions de travail dénoncées
Ces moyens de pression visaient également à dénoncer les conditions de travail difficiles des agents correctionnels de la province. Le Québec est aux prises avec des problèmes de surpopulation carcérale et un manque de main-d’œuvre pour y répondre.
La pénurie d’agents des services correctionnels alourdit leur charge de travail et accroît leur sentiment d’insécurité, car ils doivent travailler en petites équipes dans certains secteurs des centres de détention du Québec. Ils dénoncent également l’obligation de faire des heures supplémentaires.
Nous vivons la tension et la pression depuis des mois. Nous interpellons le ministère sur ce que nous vivons quotidiennement à l’intérieur des murs et le ministère fait la sourde oreille à nos problèmes.
a déclaré le président du Syndicat des agents de la paix des services correctionnels, Mathieu Lavoie, en entrevue à l’émission Isabelle Richer.
C’est actuellement une véritable poudrière en matière de détention et c’est pourquoi nous exigeons que la sécurité passe avant les activités.
Entrevue avec Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix des services correctionnels
Nous avons toujours prévenu [le ministère de la Sécurité publique] : « N’attendez pas qu’il [se passe quelque chose]parce que nous allons vous en tenir responsable. Et aujourd’hui, malheureusement, nous sommes confrontés à cela
a dénoncé Mathieu Lavoie.
D’autant que ce type d’agressivité risque de décourager des recrues potentielles de faire le saut dans cette profession, a souligné M. Lavoie, ce qui alimentera la pénurie de personnel dans ce secteur d’activité.
Je peux comprendre leur désarroi. Mes premières pensées vont à l’agent correctionnel, à sa famille […] et à tous les agents correctionnels du Québec qui font un travail vraiment pas facile jour après jour dans les centres de détention
a déclaré le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, en conférence de presse. Il s’est abstenu de commenter directement la situation avant de connaître les résultats des enquêtes policières et administratives.
La pandémie, selon le ministre, a rendu très problématique la pénurie de personnel et le recrutement de nouveaux agents.
Il nous reste encore du travail à faire pour pouvoir pourvoir tous les postes d’agents correctionnels partout au Québec, mais c’est un combat que nous avons commencé et que nous gagnerons.
M. Bonnardel est allé rencontrer le personnel du centre de détention de Sorel-Tracy mardi après-midi, aller lui donner [son] soutien
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Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, est allé rencontrer le personnel de l’établissement de détention de Sorel-Tracy, mardi après-midi.
Photo : Radio-Canada / Pascal Robidas
Problèmes de prison et de santé mentale
Interrogé par Isabelle Richer sur la place en détention des personnes ayant des problèmes de santé mentale, M. Lavoie a estimé qu’il y avait des moyens à donner aux établissements de détention qui n’existent pas actuellement pour ce type de clientèle pénitentiaire
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La décision de placer ces personnes en centre de détention est prise par la justice, a-t-il rappelé, ajoutant que les interventions auprès de clientèles présentant des problèmes de santé mentale sont très peu présentes dans leur cursus de formation. .
Nous sommes actuellement dans un contexte de pénurie de personnel qui fait que nous souhaitons former les agents au plus vite pour les mettre sur le terrain et nous avons des discussions sérieuses à avoir avec nos vis-à-vis quand on voit ce qui se passe dans nos établissements, quand on voit les attentats et quand on voit l’épuisement du personnel
a indiqué le président du Syndicat des agents de la paix des services correctionnels.
Avec les informations de Pascal Robidas