C’est à Cernay-lès-Reims, dans la Marne, que le spécialiste des énergies bas carbone TagEnergy a décidé d’installer sa plateforme de stockage par batteries. D’une capacité de 240 MW et 480 MWh, le projet comprend l’installation de 140 containers batteries, capables de fournir près de 20 % des besoins résidentiels des habitants de la Marne (un demi-million d’habitants), selon les estimations de TagEnergy. L’investissement réalisé pour lancer ce projet n’est pas communiqué par l’entreprise.
Capacité de stockage record
« Le projet de Cernay-lès-Reims est environ cinq fois plus important, en termes de capacité de stockage, que le plus grand projet actuel en France, situé sur la commune de Saucats (Gironde) », précise Christophe Léonard, directeur associé de l’entreprise. Basée au Portugal, TagEnergy (60 salariés ; CA : NC), qui a levé 450 millions d’euros en 2022, est contrôlée par TagEnergy SAS, une joint-venture entre le groupe Impala SAS, fondé par Jacques Veyrat, et la société d’investissement Exor NV.
Depuis sa création en 2019, TagEnergy a constitué un portefeuille de plus de 6 GW de technologies de stockage solaire, éolien et par batterie au Royaume-Uni, au Portugal, en Espagne, en France, en Italie et en Australie, dont 1,9 GW sont en construction ou en exploitation. « TagEnergy est fier d’annoncer ce projet phare en France, quelques semaines seulement après avoir connecté au réseau australien la première phase du plus grand parc éolien de l’hémisphère sud et la plus grande batterie du réseau de transport du Royaume-Uni », explique Franck Woitiez, PDG de TagEnergy, dans un communiqué de presse.
Opérationnel fin 2025
Les activités sur le site de la Marne ont débuté en avril 2024, avec des fouilles archéologiques réalisées par la Communauté Urbaine du Grand Reims. Les travaux devraient désormais démarrer en janvier 2025 et s’étaler sur une période de douze mois, avec un raccordement au réseau prévu fin 2025. « La création d’emplois se fera principalement pendant la phase de construction : une soixantaine d’ETP (équivalent - plein) va construire ce projet Ensuite, en phase d’exploitation, le site sera exploité à distance et ne nécessitera, hormis l’entretien de la verdure et la maintenance, aucune intervention permanente », appuie Christophe. Léonard.
Concrètement, le parc sera composé de 140 conteneurs de 9 mètres de long, contenant des batteries mais aussi des onduleurs, qui sont des équipements qui transforment le courant continu des batteries en courant alternatif. Les conteneurs seront connectés à des transformateurs électriques, permettant d’augmenter la tension au niveau supérieur. Puis, en bout de chaîne, « à proximité immédiate du poste électrique public, il y aura un poste électrique privé en 225 000 volts », décrit Christophe Léonard.
Tesla en tant que partenaire
« Ces batteries sont fournies par Tesla, qui est le partenaire technologique », précise Christophe Léonard. Tesla intégrera les batteries dans des conteneurs. « Il s’agit de batteries au lithium fer phosphate (LFP), utilisées dans les automobiles. La chimie LFP est moins sujette à l’emballement thermique, ce qui est un avantage considérable compte tenu du nombre de batteries installées sur un même site », poursuit le directeur associé en France de TagEnergy.
Plus qu’un partenaire technique, Tesla est aussi le chef de projet. « Ce sont eux qui connecteront directement leurs batteries au réseau électrique, et qui fourniront les services directement à RTE. Cela reste un projet développé et géré par TagEnergy, mais l’interface marché sera Tesla”, explique Christophe Léonard.
Le choix de la Marne
Après une recherche de terrain menée partout en France, TagEnergy s’est installé sur la commune de Cernay-lès-Reims : en plus de pouvoir accueillir trois hectares de projet de stockage d’énergie, le terrain choisi est situé à proximité d’un poste électrique public RTE avec une capacité de connexion « très importante », selon l’entreprise. « De l’autre côté du projet, il y a l’autoroute A34. C’est intéressant, car notre souhait est de limiter l’impact de nos infrastructures, visuellement et sonorement. Nous sommes ici à 400 mètres des maisons les plus proches, dans un environnement assez bruyant, donc c’est vraiment très propice à l’intégration », commente Christophe Léonard.
Pas d’aide publique
Le projet a été rendu possible grâce à un montage financier soutenu par un consortium bancaire réunissant la banque néerlandaise ABN AMRO, la banque commerciale allemande NORD/LB et la Caisse d’Épargne. Par ailleurs, l’entreprise n’a reçu aucune aide publique à ce stade. «C’est un point intéressant du projet. Nous sommes convaincus que les caractéristiques des batteries pourront apporter de la valeur au réseau de telle sorte que nous rembourserons notre investissement », anticipe le directeur associé de TagEnergy en France. A ce stade, l’entreprise ne communique pas sur les rendements estimés du site de la Marne.
Un marché en croissance
« Ce n’est que le début de l’aventure : on commence seulement à savoir stocker l’électricité à grande échelle », estime Christophe Léonard. Dans un de ses scénarios de référence, RTE indique que 6 GW de batteries d’ici 2030 pourraient être nécessaires afin d’atteindre le niveau de fiabilité recherché sur le réseau français. «C’est directement lié au développement des énergies renouvelables», poursuit le directeur associé de TagEnergy en France.
Le projet TagEnergy est en effet calibré pour répondre à trois fonctions du paysage énergétique français : optimiser le recours à la production électrique décarbonée, fournir des capacités critiques en période de forte demande, et renforcer la stabilité du réseau, avec un « - presque » réponse instantanée », selon l’entreprise. « La trajectoire définie dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, actuellement en consultation publique, prévoit une multiplication des capacités par 2,5 pour l’éolien et par 4 pour le solaire d’ici 2035. Cette transformation majeure doit s’accompagner d’un développement significatif de solutions de flexibilité. , à côté de la flexibilité de la demande, le stockage par batteries apparaît comme un pilier de cette transition », ajoute Christophe Léonard.