La directrice du théâtre Molière de Sète, Sandrine Mini, s’inquiète des conséquences provoquées par la crise budgétaire que connaît le département de l’Hérault. Son aide au secteur culturel sera impactée.
Comment se porte le Théâtre Molière en cette fin d’année ?
Nous avons une grande satisfaction générale tout au long de notre premier trimestre. Nous sommes au dessus de l’objectif en termes de garniture et de recette. Nous avions un objectif de 11 700 places vendues entre septembre et décembre, nous en sommes déjà à 11 600 places. Sur un an, nous avons enregistré 100 000 € de revenus supplémentaires. On se retrouve aux chiffres d’avant Covid. On se rend compte que cela a pris quatre ans, c’est long !
“Nous recevons déjà beaucoup d’appels à l’aide”
Quelles ont été les principales satisfactions en termes de programmation ?
On peut citer le Kabaré Kréol avec René Lacaille, un moment unique devant 900 personnes. Il y avait aussi Juliette, la puissante Baté Fado, Fou de sport, avec Alex Wizorek… Vient maintenant Jeanne Added (jeudi 5 décembre), la réinterprétation circassienne de Le Lac des Cygnes (vendredi 13 et samedi 14)… Et le début d’année 2025 s’annonce très excitant. Nous souhaitons augmenter les - festifs autour des spectacles. On voit que ça nous plaît beaucoup. Nous voulons entretenir notre joie et notre ambition, au sein de ce fabuleux établissement, au milieu d’une ville incroyable. Nous avons tout pour être heureux.
La crise budgétaire qui frappe le département de l’Hérault va impacter l’aide aux collectivités, notamment à Sète Agglo. Vous attendez donc toujours 2025…
C’est notre grande question du moment. Comment programmer sans savoir de quel montant de subventions nous pourrons bénéficier ? A ce jour, nous ne savons rien. Mais ce qui est sûr, c’est que la programmation culturelle va en prendre un coup. En 2024, notre subvention départementale s’élève à 80 000 €. C’est l’équivalent de notre budget pour les spectacles prévus à l’automne. Et cette crise de la culture ne concerne pas seulement le théâtre Molière. Ce sont aussi toutes les petites structures, les salles, les théâtres, qui nous entourent. Derrière, il y a un être humain. Nous sommes inquiets pour ces personnes qui vont perdre leur statut d’intermittent. Il faut aussi s’attendre à voir des entreprises disparaître en 2025. Nous recevons déjà de nombreux appels à l’aide…
« Si on commence en décembre, nos spectateurs regarderont ailleurs »
Pourriez-vous envisager de décaler votre début de saison en décembre, par exemple ?
Si on commence en décembre, nos spectateurs regarderont ailleurs. Cela impacterait également tous les partenariats que nous avons mis en place. Pendant trois semaines, nous accueillons des projets de création contemporaine. En septembre, cinq créations sur douze projets, avec un ancrage local a fortiori. Ils auraient donc zéro date sur leur territoire d’implantation ? Ces entreprises sont à 80 % héraultaises. Cette période leur permet aussi de se faire connaître pour être programmés ailleurs la saison suivante… Plus généralement, si l’on divise la programmation par deux à l’automne, cela correspond à 1,4 M€ d’impact en moins sur le territoire.
« Devons-nous organiser des séminaires pour survivre ?
Avez-vous étudié d’autres solutions ?
Nous avions un recrutement en cours. On le met en veille ? Nous avons aussi deux départs à la retraite, nous ne pouvons en remplacer qu’un.
Vous avez également des inquiétudes concernant les aides de la Région Occitanie…
La Région nous dit qu’elle ne sait pas non plus combien elle pourra nous aider en 2025. Sachant qu’elle a retardé le budget au mois de mai ! Là aussi, c’est compliqué d’avancer. Elle nous répond : « Ce sera entre -5 % et bien plus »… Chaque année, la Région nous verse environ 200 000 €. Concrètement, si l’Agglo de Sète, qui est pour nous un énorme soutien, devait également réduire sa taille, nous pourrions fermer un ou deux mois à l’automne 2025. Sachant que nos salles sont pleines en ce moment. Devons-nous organiser des séminaires pour survivre ? Vous imaginez le gaspillage…