C’est particulièrement dur. Après la parenthèse enchantée de l’été, le retour à la réalité a frappé tardivement les basketteurs 3×3, médaillés d’argent place de la Concorde le 5 août (17-18 contre les Pays-Bas après prolongation).
Franck Seguela et Jules Rambaut (Lucas Dussoulier et Blésois Timothé Vergiat revenus dans leur club professionnel en 5×5) ont roulé sur leur forme olympique pour terminer le World Tour comme un boulet de canon avec la « Team Paris », battue en finale de la « Finale » à Hong Kong, le 24 novembre, sur le fil par un panier du Néerlandais Worthy De Jong, comme aux JO.
La dernière danse de la « Team Paris » : la Fédération française de basket (FFBB), qui l’a construit et financé à 100 % dans le but de briller aux JO, a fermé le robinet. « La fédération n’a pas vocation à financer une équipe professionnelle »explique le directeur technique national, Alain Contensoux, rappelant que « c’était la première fois qu’une fédération sportive (anglaise) créé une équipe professionnelle ».
“Aucune garantie”
Résultat, les quatre membres de la « Team Paris » (Seguela, Rambaut, Hugo Suhard et Paul Djoko) se retrouvent “dans une période d’incertitude”selon Franck Séguela.
Ils souhaitent monter une équipe professionnelle basée à Toulouse mais peinent à réunir les environ 600 000 euros nécessaires au financement de la saison 2025 du World Tour (1concernant (étape les 26 et 27 avril au Japon), un circuit qui fonctionne sur le modèle de l’ATP en tennis, avec des prix différents selon la catégorie des tournois. « On en est vraiment très, très loin. Honnêtement, nous n’avons absolument aucune garantie quant à notre avenir. »explique Seguela, impliquée dans ce projet depuis un an et demi.
Entreprises et collectivités sont sollicitées, avec l’aide de la FFBB comme animateur d’affaires. Et si elle « réfléchissez à la manière de les soutenir sur le plan logistique »selon la DTN, le flou autour des futurs crédits qui pourraient être alloués par l’Agence nationale du sport, dans une période d’incertitude et d’économies budgétaires, obscurcit l’horizon.
“S’il n’y a plus d’équipe professionnelle en France, on va prendre du retard sur les autres nations”prévient Franck Seguela, alors que la Coupe du monde aura lieu fin juin 2025 en Mongolie.
Un autre scénario pour les Bleus
La situation dans le secteur féminin est différente : ce sont des nations qui concourent sur un circuit non professionnel, remporté en 2024 par les Bleues, qui avaient connu une énorme désillusion à Paris (élimination en poule).
Un groupe uniquement dédié au 3×3 avait été constitué pour les JO, mais cela aussi a pris fin : les joueurs sont retournés dans leurs clubs professionnels de 5×5, où le nouvel entraîneur, Franck Brisson, dessinera à nouveau (pour les hommes, Karim Souchu a été prolongé).
Un centre dédié France
Brisson remplace Yann Julien, désormais responsable de la performance des équipes de France 3×3 à la fédération, qui selon la DTN Alain Contensoux souhaite « structurer, consolider les bases pour que nous soyons progressivement capables de renouveler nos performances au très haut niveau en 3×3, chez les garçons et chez les filles ».
Le podium de Los Angeles en 2028 est destiné aux hommes et aux femmes et, à plus long terme (le basket 3×3 est assuré d’être au programme olympique à Brisbane en 2032), la FFBB a annoncé la création d’ici 2026 d’un centre français dédié au 3×3, initialement a priori réservé aux hommes.
Le 3×3 séduit les collectivités territoriales
Le développement de la discipline doit aussi passer par davantage de tournois en France. « Depuis les JO, nous avons été contactés par beaucoup plus d’autorités locales et de grandes villes qui se disent intéressées par les épreuves internationales de 3×3. », affirme Alain Contensoux.
« Ils ont vu ce qui s’est passé au Concorde, l’engouement, le caractère très social du 3×3, qui attire les jeunes et peut animer les centres-villes et terrains de jeux »ajoute-t-il.
Mais là encore, l’incertitude autour du budget gouvernemental 2025, qui nécessite un effort important de la part des collectivités locales, obscurcit l’horizon.