Si Michel Barnier et son gouvernement sont censurés, le président de la République doit rapidement nommer un nouveau Premier ministre. Emmanuel Macron a déjà consulté des prétendants.
La France n’est pas sortie de la crise politique qu’elle traverse. L’adoption du budget – qui pourrait faire l’objet d’une censure – rappelle à ceux qui l’ont oublié que l’exécutif a toujours été très fragile. Le choix d’Emmanuel Macron de nommer Michel Barnier à Matignon a donné les clés du Rassemblement national. Sans le soutien tacite du RN, l’artifice ne tient plus, le gouvernement se retrouve face à la réalité politique et arithmétique : sa ligne est très minoritaire à l’Assemblée nationale, les députés des partis d’opposition sont plus nombreux que ceux des partis de Le « socle commun » de Michel Barnier. Bref, il n’y a rien d’anormal à ce que le budget soit rejeté et que le gouvernement tombe s’il est censuré : l’opposition s’y oppose, l’Assemblée décide qui ne gouverne pas. La règle de nos institutions, ni plus ni moins.
Emmanuel Macron le sait très bien, il faudra donc agir vite pour remplacer Michel Barnier à Matignon, si ce dernier est démis de ses fonctions suite à une censure votée cette semaine. Mais qui choisir et sur quelle ligne ? Le nouveau Premier ministre et le gouvernement qu’il sera chargé de mettre en place devront, s’ils veulent tenir et proposer un budget alternatif, s’assurer d’avoir le soutien implicite d’une majorité de députés. On revient simplement à la même situation institutionnelle qu’avant la nomination de Michel Barnier.
Selon les informations de Politico, le chef de l’Etat anticipe déjà et a demandé « à un certain nombre de responsables politiques ces dernières 48 heures » qui pourraient reprendre les dossiers de Matignon. Un « familier de l’Elysée » et un « conseiller de haut rang » ont même assuré qu’Emmanuel Macron « consulte déjà » pour trouver un remplaçant à Michel Barnier.
Un nouveau Premier ministre sans censure
Le président de la République doit rester sur la même ligne qu’avant : pour lui, c’est la capacité à assurer la stabilité qui compte. Il lui faut donc trouver un nouveau chef du gouvernement qui ne sera pas immédiatement censuré. La nomination d’un Premier ministre PFN est donc exclue, puisque l’ensemble des députés de Marine Le Pen et Eric Ciotti censureraient le gouvernement, tout comme une très large majorité des députés du bloc central. Le plus simple pour Emmanuel Macron serait de renouveler l’accord tacite avec Marine Le Pen. Et il n’est pas exclu qu’une figure d’une droite plus identitaire fasse l’affaire pour Matignon.
Un nom est même évoqué dans le journal La Tribune Dimanche, qui reste à ce stade une hypothèse très incertaine : celui de Bruno Retailleau. Le journal s’interroge sur son éventuelle nomination, et livre cette confiance : “Le locataire de l’Elysée juge le ministre de l’Intérieur, qu’il ne connaissait pas auparavant, très fiable et respectueux des institutions.”
Avec un tel choix, Emmanuel Macron pourrait laisser les mains libres à celui qui est arrivé place Beauvau en assurant que la régulation de l’immigration devrait être une priorité. Celui-là même qui a déclaré publiquement que l’immigration n’était « pas une opportunité » et qu’il fallait revoir en profondeur la politique pénale. Une ligne qui pourrait convaincre Marine Le Pen de s’abstenir de toute censure… jusqu’au prochain désaccord.
Reste un scénario que l’on ne peut exclure aujourd’hui : qu’Emmanuel Macron propose une autre équation à une partie de la gauche. Pourrait-il proposer Matignon à une figure socialiste, qui serait soutenue par l’ensemble du bloc central et par une partie des députés de l’actuel PFN ? Une sortie de crise possible, mais qui marquerait une fracture définitive au sein du NFP et un schisme avec LFI.