Des promesses pour les agriculteurs en colère, avant le début des mouvements sociaux la semaine prochaine. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé ce samedi 30 novembre une série de mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent, selon elle, sur la vie des agriculteurs. « Les agriculteurs en ont assez des interdictions, des procédures, des normes […] Ce sont véritablement des charges qui se sont accumulées au point d’affaiblir la compétitivité des exploitations agricoles »l’a-t-elle souligné lors d’un déplacement dans le Loiret et au lendemain d’une réunion au ministère avec la plupart des syndicats du secteur.
Après la première partie du «simplification administrative» Annoncée par le Premier ministre Gabriel Attal en février, cette nouvelle vague de mesures vise notamment deux entités, critiquées par les agriculteurs : l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Office français de la biodiversité (OFB).
L’Anses et les pesticides
Parmi les mesures annoncées ce samedi par Annie Genevard, figure le lancement d’un « Conseil d’orientation pour la protection des cultures ». Créée par décret, cette instance, présidée par le ministre et regroupant des acteurs parmi lesquels des agriculteurs, des instituts de recherche et des fabricants de produits phytosanitaires, aura pour objectif de : « donner la priorité à l’enseignement » par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) des demandes d’autorisation d’intrants, en fonction des besoins des filières agricoles.
Autrement dit, il s’agira pour l’organisation – dans le viseur de certains syndicats pour avoir interdit ou restreint l’usage de certains pesticides avant que ce ne soit le cas dans l’UE – de se hisser en tête des revendications marketing des certains produits, afin de répondre aux besoins urgents de certaines cultures. « Nous demandons à l’Anses de travailler en priorité sur les usages orphelins ou mal pourvus »dit le ministre. « Je pense que la voie vers moins de phyto est une voie sur laquelle personne ne reviendra. C’est une orientation qui est adoptée par tous, politiques et professionnels. Mais pour les secteurs qui sont en crise, il faut que l’Anses donne la priorité à ses interventions pour y répondre »s’est défendu Annie Genevard.
Les entreprises phytopharmaceutiques pourront fournir « une expertise technique car ce sont eux qui développent les produits ». Ce décret doit également « améliorer l’information des ministères […] Projets de décisions de l’Anses ». Mais sur le bien-fondé des décisions – autorisation ou interdiction –“il ne s’agit pas de dicter les décisions à l’Anses, qui est une agence indépendante”cependant, elle a promis.
L’OFB et les armes de ses agents
Concernant l’Office français de la biodiversité (OFB), qui joue un rôle de police de l’environnement, le directeur général devra « assurer immédiatement la discrétion des armes en cas de contrôle, en utilisant des dispositifs permettant de les dissimuler. “C’est un irritant majeur.” pour les agriculteurs, selon Annie Genevard.
Il y aura « déploiement progressif à titre expérimental […] de porter un caméra piétonce qui permet de déclencher des enregistrements de contrôle sur place, si nécessaire. Généralement, cela permet, comme on le voit avec les pompiers et la police, de faire baisser les tensions.».
Autre mesure« une circulaire aux préfets pour optimiser les capacités d’instruction des projets d’élevage, raccourcir les délais et favoriser les contrôles pédagogiques pour les nouveaux arrivants ». La fixation des dates des travaux agricoles se fera au niveau local, et une mesure évitera que le même papier soit demandé plusieurs fois par les administrations.
La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs Satisfaits
En réponse, l’alliance entre la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) a exprimé ce samedi après-midi sa satisfaction d’avoir été « convenu de mesures de simplification indispensables pour redonner de la visibilité aux agriculteurs ». « Si ces annonces vont dans le bon sens, le travail de simplification est loin d’être terminé » cependant, ont-ils ajouté, alors qu’une nouvelle mobilisation est prévue du 10 décembre au «pour dénoncer les faibles revenus agricoles». Les agriculteurs attendent « la traduction urgente de ces annonces afin qu’elles aient un effet concret sur leur quotidien »concluent les deux organisations dans leur communiqué.
Annie Genevard envisage de revoir les syndicats “avant Noël” pour un nouveau « rencontre de la simplification, que je serais même tenté d’appeler la rencontre du bon sens ». Objectif, « surmonter, méthodiquement, tous les obstacles à la production », selon elle.
Mise à jour : à 13h48, avec en plus la réaction de la FNSEA et des JA.