Les défaillances structurelles dans la gestion des ressources en eau et les stratégies agricoles s’avèrent être des obstacles majeurs, compromettant non seulement la souveraineté alimentaire du Maroc, mais creusant également le fossé de l’injustice sociale, révèle une étude récente publiée par l’Association pour la fiscalité des transactions et pour l’action citoyenne au Maroc. (ATTAC Maroc).
Depuis des décennies, la gestion des ressources en eau au Maroc révèle une orientation classiste prononcée, particulièrement visible dans le secteur agricole, principal consommateur d’eau avec une consommation dépassant les 80 %. Ce plan de gestion privilégie essentiellement les grandes exploitations agricoles et les terres irriguées, qui représentent à peine 19 % des surfaces cultivées, reléguant au second plan les vastes terres de « bour », qui en représentent plus de 80 %, précise l’étude intitulée « La réalité de la gestion des terres cultivées ». ressources en eau au Maroc.
La même Source souligne que les politiques agricoles favorisent les cultures destinées à l’exportation, souvent au détriment des cultures essentielles comme le blé et les légumineuses. Ce choix, facilité par d’importantes exonérations fiscales et subventions, profite principalement aux grandes exploitations agricoles et aux entreprises tournées vers l’international, tandis que les petits agriculteurs et les cultures vivrières sont reléguées au second plan.
Il convient également de noter que l’exportation massive de produits agricoles à « haute valeur ajoutée », tels que les fruits et légumes populaires sur les marchés européens, nécessite une quantité d’eau considérable, exacerbant ainsi la situation critique de sécheresse au Maroc. Par ailleurs, l’étude souligne que les politiques en place renforcent cette orientation en consacrant d’énormes ressources à l’agriculture d’exportation, mais en négligeant les cultures vivrières pluviales, qui constituent près de 60 % de la production alimentaire du pays. pays.
Malgré l’impact considérable sur les ressources en eau et la souveraineté nationale, il apparaît que la balance commerciale agricole continue d’afficher un déficit persistant, les exportations ne couvrant que 52% des coûts des importations, rapporte l’Association. . Lors de la campagne 2021-2022, la production céréalière a chuté de 69% par rapport à l’année précédente, obligeant le Maroc à importer plus de la moitié de ses céréales, le rendant ainsi vulnérable aux aléas du marché mondial et aux crises climatiques. .
En ce sens, ATTAC Maroc appelle à une refonte des politiques actuelles, prônant l’adoption d’un modèle agricole qui valorise la souveraineté alimentaire tout en préservant les précieuses ressources en eau. L’association milite pour la restitution des sources d’eau monopolisées par des intérêts privés et la fin des partenariats public-privé qui n’ont fait qu’exacerber la crise de la dette.
En outre, l’étude souligne que la clé réside dans une gestion des ressources en eau démocratique et bénéficiant d’un contrôle citoyen. Elle insiste sur l’urgence d’indemniser les communautés impactées par les politiques mises en place et de mettre en place des politiques libératrices qui se détachent des injonctions des institutions internationales.
Selon l’Association, surmonter ces défis nécessite une mobilisation collective, tant au niveau local qu’international. En outre, elle estime que l’inclusion des agriculteurs et des consommateurs dans le processus d’élaboration des politiques agricoles et de gestion de l’eau est cruciale pour développer des stratégies véritablement participatives et durables.