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puzzle autour d’un des pesticides les plus utilisés en France

Les agriculteurs bio ont manifesté jeudi pour dénoncer la contamination de leurs cultures par cet herbicide très volatil.

Un manque à gagner important pour ce secteur, déjà en crise.

Le gouvernement annonce réfléchir à un système d’indemnisation pour les professionnels impactés.

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Agriculture sous tension : la colère gronde à nouveau

Le sujet est brûlant pour le secteur bio. Jeudi 28 novembre, les agriculteurs se sont mobilisés, à l’appel de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB), pour alerter sur une situation complexe : contamination de leurs cultures par le prosulfocarbe, un herbicide très volatil largement utilisé pour traiter les céréales et les pommes de terre en agriculture conventionnelle. . Dans un communiqué de presse (nouvelle fenêtre)la FNAB veille à ce que le pesticide « contamine régulièrement les cultures non ciblées comme le sarrasin qui, pour être mûr, est récolté en automne, bien souvent au moment des traitements par les agriculteurs non bio ».

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« Depuis quatre ans, les producteurs bio interpellent les différents ministres de l’Agriculture et l’Anses sur les risques de contamination liés au prosulfocarbe, ainsi que les pertes financières qu’il occasionne. Malgré cela, l’autorisation de la molécule n’est pas remis en question et aucun agriculteur n’a été indemnisé », souligne la Fédération qui estime que depuis 2018, plus de 400 cultures bio ont été contaminées au nord de la Loire, notamment en Île-de- et dans le Grand Est.

Selon les mêmes données, dans ces secteurs, entre 2020 et 2022, 140 exploitations auraient été touchées pour plus de 550 tonnes de sarrasin et une perte estimée à 550 000 euros, alors que les données au niveau national ne sont pas connues. Et les agriculteurs bio craignent cette année 2024 : avec les précipitations, « La moitié du sarrasin bio n’a pas été récolté en 2024 », alors que “La plupart des traitements au prosulfocarbe avaient déjà eu lieu.”

Ça fait 4 ans qu’on est dupes, ça ne peut plus durer

Philippe Camburet, président de la FNAB

“Aujourd’hui, si nous voulons que notre sarrasin soit collecté, nous devons prouver qu’il n’a pas été contaminé en faisant réaliser à nos frais des analyses toxicologiques”, explique dans le communiqué Loïc Madeline, producteur de sarrasin bio en Normandie. «C’est une terrible perte de revenus pour les agriculteurs, François Veillerette, spokesperson for Générations futures, explains to TF1info. Lorsque leurs produits sont contaminés, ils ne peuvent plus vendre de produits bio avec des prix, en fait, inférieurs à ceux qu’ils auraient pu facturer.

Si les contaminations sont aussi importantes, c’est parce que le prosulfocarbe est un herbicide particulièrement volatil. « C’est impossible à contrôler. Il est tellement volatil qu’on le retrouve dans l’air toute l’année, jusqu’en juillet alors que les traitements ont lieu vers octobre”précise plus en détail François Veillerette qui assure que des analyses ont révélé la présence du produit « au centre de la ville de Lille ».

Face à ces données, en 2023, l’Anses a imposé aux agriculteurs utilisant l’herbicide de respecter une zone tampon d’au moins 10 mètres avec les zones d’habitation et de réduire les dosages. Mais pour la FNAB, ces distances sont inefficaces en raison de l’extrême volatilité de la substance, dont elle demande l’interdiction pure et simple. La Fédération a également initié, avec Générations futures, un recours pour demander le retrait de l’autorisation de mise en marché. (nouvelle fenêtre) pesticides contenant du prosulfocarbe.

En attendant, les professionnels du secteur font appel à l’État. « L’année dernière, on nous avait promis des compensations avec l’augmentation des taxes sur les pesticides et finalement tout a disparu avec les mobilisations agricoles. Nous avons été dupés pendant 4 ans, cela ne peut pas continuer. déplore auprès de l’AFP Philippe Camburet, président de la FNAB et producteur bourguignon de sarrasin contaminé.

La délicate question de l’indemnisation

Contacté, le ministère de l’Agriculture admet que « La contamination est une préoccupation commune à tous les producteurs, qu’ils soient en agriculture biologique ou conventionnelle ». Il reconnaît que « Les exploitations agricoles peuvent être confrontées à différents cas de contamination, affectant les sols, l’air et l’eau, avec des impacts qui peuvent être plus importants pour les agriculteurs biologiques. » Face à ces questions, le ministère identifie deux enjeux : “La prévention et la gestion de ces risques et la question de l’indemnisation des producteurs concernés”.

Ainsi, une mission d’inspection générale, dans le cadre du projet de stratégie Ecophyto 2030, doit être lancée “prochainement” verser « étudier les options possibles pour indemniser les producteurs bio confrontés aux pertes dues aux diverses contaminations », indique le ministère de l’Agriculture à TF1info. Il souhaite également « informer les agriculteurs sur les mesures de gestion à mettre en place pour se protéger ou agir lorsque leur exploitation est confrontée à une contamination ».

Autorisé en France depuis 1990, le prosulfocarbe est aujourd’hui la deuxième substance active la plus vendue, derrière le soufre et devant le glyphosate. Au niveau européen, son autorisation a été prolongée jusqu’à fin janvier 2027, le temps pour l’État chargé de la réévaluation du produit, le Portugal, d’achever ses travaux.


Annick BERGER

 
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