La situation politique française, comme souvent, éclabousse la politique belge (surtout francophone) et crée, cette fois, un certain malaise chez Les Engagés. Depuis dimanche soir et la victoire de l’extrême droite (le Rassemblement national – RN) au premier tour des législatives, les dirigeants politiques français sont partagés entre deux positions. La première est le « ni-ni », ni l’extrême droite, ni l’extrême gauche. La seconde prône le blocage total et inconditionnel de l’extrême droite, perçue comme le principal adversaire de la démocratie, quitte à soutenir l’alliance de gauche (le Nouveau Front populaire – NFP) au sein de laquelle on retrouve la gauche radicale de LFI (La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon).
Pour François Bayrou, le chef de file du MoDem centriste (allié du président Macron), il n’y aura clairement pas de ralliement automatique aux adversaires des candidats d’extrême droite au second tour s’ils portent l’étiquette LFI.Nous devons examiner la situation circonscription par circonscription.a-t-il déclaré dimanche soir sur TF1.
Les partis belges se positionnent après le succès de l’extrême droite en France
Le sang de Benoît Lutgen (Les Engagés) bouillonne à la lecture de cette déclaration.Face aux extrêmes et à l’arrivée possible du RN au pouvoir, notre tout nouveau partenaire européen, François Bayrou, dans une ambiguïté absolument indigne et inacceptable ! S’agit-il du Parti Démocrate Européen (PDE) ?l’ancien député européen des Engagés, redevenu député fédéral à l’issue des élections du 9 juin, s’est emporté sur X (ex-Twitter).
Maxime Prévot met les choses au clair
Benoît Lutgen est connu pour être un opposant viscéral à l’extrême droite, héritage familial oblige. Sa réaction n’a rien d’étonnant. Mais ce n’est pas tout. Les Engagés ont récemment annoncé qu’ils quittaient le Parti populaire européen (PPE) pour rejoindre le Parti démocrate européen (PDE), présidé par François Bayrou et phalange du groupe Renew où siège également le MR au Parlement européen. Ce transfert a fait l’objet d’un vif débat au bureau du parti des Engagés il y a deux semaines. Parmi les personnes qui s’y opposaient : Benoît Lutgen.
Les Engagés quittent le Parti populaire européen pour rejoindre Renew, où siège déjà le MR. Cette décision ne fait pas l’unanimité en interne
Avec cette réaction, c’est la première fois que le Bastognard critique publiquement une décision prise par son président Maxime Prévot depuis qu’il lui a cédé la direction du parti il y a cinq ans et demi. M. Prévot a toutefois tenu à mettre les choses au clair lundi matin.
« Face à l’extrême droite, il n’y a pas de place pour la tergiversation : il faut la bloquer en faisant en sorte que le candidat le mieux classé parmi les autres partis soit soutenu par tous les autres. Même si le projet de l’extrême gauche n’est pas de nature à nous enthousiasmer, c’est peu dire… »il a déclaré dans une réaction communiquée à Gratuit.
« L’extrême droite est l’ennemie de la démocratie, elle ne sera jamais la solutiona soutenu, sur X, Yvan Verougstraete, le nouveau député européen des Engagés qui a poussé son parti à rejoindre le PDE de Français Bayrou. Il faut tout faire pour s’y opposer ! Certes, LFI est un adversaire politique, dangereux, mais la priorité absolue : faire barrage au fascisme, pour le vivre ensemble, pour nos valeurs fondamentales.
Hors micro, un membre d’Engagé souligne également que les centristes belges, s’ils étaient restés au PPE, auraient été encore plus embarrassés par la position d’un de ses membres, François-Xavier Bellamy : le chef de file de LR (la droite traditionnelle française) aux européennes, avait sous-entendu qu’il était même prêt à voter en faveur du RN au second tour…
