Nino Julian triomphant à une grande foire de Boujan pour la deuxième année consécutive – .

Le pari de faire évoluer la philosophie de la Feria de Boujan fut une totale réussite avec une novillada piquée d’accents toristes et une autre d’origine Domecq. En effet, « Toros y Campo » n’a pas renié sa philosophie car tous les novillos qui ont foulé le Ruedo Béziers étaient d’une présentation impeccable et d’un sérieux digne d’une arène de première catégorie. D’autant que les organisateurs ont eu la main chanceuse dans leurs sélections au campo car le pourcentage de taureaux « qui ont servi » s’est avéré élevé aussi bien pour Valverde que Turquay, Roland Durand et Guadaira.

Grand cru 2 024 de « Toros y Campo »

Le lot de novillos de Guadaira pour la novillada de clôture a maintenu l’élan de cette édition 2024. Six braves au trapio imposant et bien armés, dont plusieurs sont revenus des corrales de Madrid dans le lot prévu pour le San Isidro. Tous ont fait preuve de noblesse, de classe et de substance lors des trois tercios même si les comportements à la pique sont restés discrets. Les aficionados n’auront que des regrets quant aux qualités des 2^equi s’est cassé une corne en frappant un burladero, et le dernier, souffrant d’un handicap aux jambes, n’a pas pu obtenir un succès encore plus retentissant.

Si la plupart des novilleros n’ont pas réussi à exploiter le potentiel des courageux Turquay et Valverde pour la course d’ouverture, les trois matadors se sont retrouvés à l’unisson lors de cette clôture.

Mario Navas a obtenu la première oreille de la course face au novillo d’ouverture. Sa tauromachie suave avec des passes faites au ralenti sur la corne gauche a permis de profiter de la noblesse de Guadaira tout en ménageant ses forces limitées. Malgré un échec à l’épée, la présidence lui a décerné un trophée. L’Espagnol a réalisé une performance similaire, cette fois sur la rive gauche, face à un taureau collaborateur mais manquant de transmission. Mais une épée très moyenne ne lui a pas permis d’augmenter son butin.

Trois oreilles pour Nino Julian

Nino Julian était annoncé comme faisant des progrès significatifs avec la muleta car le nîmois est connu pour sa variété et son aisance avec la cape et les banderilles. Face à sa Guadaira, le vainqueur de l’édition 2023 de la Feria a confirmé sur les piliers de sa tauromachie et a brillé avec la cape et lors des deux tercios de banderilles. Mais, l’espoir français a convaincu avec la muleta en main dans deux registres différents. Le sobrero de Valverde, venu remplacer le Guadaira qui s’est cassé une corne, a été un taureau très compliqué et dangereux qui a fait preuve de violence dans ses attaques et a serré le novillero sur la corne gauche.

La série d’arrachés naturels a démontré toute sa puissance pour prendre le dessus face à un animal en danger permanent. Après un engagement total à l’épée, Nino Julian a récolté une première oreille. Il a ensuite touché un Guadaira d’une classe et d’une noblesse exceptionnelles dans le dernier tercio. Le Nîmois lui a laissé beaucoup de distance pour mettre en valeur sa promptitude et son galop avec quatre séries d’une grande intensité de part et d’autre. Un moment qui marquera sa jeune carrière car le novillero parvient à se détendre complètement et à s’abandonner. A la fin, il a continué son récital en fermant les distances avant de conclure par un coup d’une totale sincérité. Deux oreilles indéniables sont tombées du palco qui a été lourdement sifflé pour avoir refusé une vuelta posthume à ce grand novillo. Une décision certainement motivée par le discret tercio de pique de Guadaira.

Samuel Navalon malchanceux face au dernier novillo

Enfin, Samuel Navalon était attendu comme l’un des novilleros vedettes du moment après ses prestations à Nîmes, Arles, Madrid, Séville et Valence. Le public n’a pas été déçu tant sa tauromachie respire la classe, la toreria et le classicisme. Sa première faena avec des placements parfaits pour citer le taureau et une grande profondeur et lenteur dans chacune de ses passes, aurait mérité une seconde écoute sans deux échecs aux aciers.

Son dernier novillo souffrait d’un handicap moteur mais sa technique et sa douceur lui permettaient d’inventer une faena d’infirmière même si la connexion avec le public était impossible.