Jeudi 28 novembre 2024 – Fête de Sainte Geneviève au Laus avec le groupement de gendarmerie des Hautes-Alpes
Introduction à la messe de 16h
En 451, les Huns menacent Paris. Geneviève, dévouée à Dieu depuis son enfance, persuade les Parisiens paniqués que les Barbares n’attaqueront pas la ville et qu’il ne sert à rien de fuir. En effet Paris est épargné.
Femme forte, apaisée et d’une grande autorité, femme qui a su rétablir l’ordre et la paix dans la ville lors des pires épreuves, Geneviève reste une référence pour tous les gendarmes en même temps qu’elle intercède pour eux. En 1962, le pape Saint Jean XXIII désigne solennellement sainte Geneviève comme patronne de la Gendarmerie, dont il avait pu apprécier les engagements et le sens du service lorsqu’il était nonce apostolique à Paris avant d’être élu pape.
Dans le calendrier de l’Église, la fête de Sainte Geneviève apparaît le 3 janvier, ce qui correspond à la date de son décès, mais cette date n’est pas favorable au rassemblement des gendarmes, elle est célébrée par la gendarmerie vers le 26 novembre, ce qui correspond à la fête de Sainte Geneviève des Ardents, instituée par le pape Innocent II pour le diocèse de Paris en l’honneur des miracles de guérison de la peste accomplis à l’invocation de la sainte dans cette ville l’année 11h30.
C’est ainsi que le diocèse des armées, dont dépend l’aumônerie de gendarmerie, détaille le sens de cette célébration. Bienvenue au sanctuaire ND du Laus. Nous sommes heureux d’accueillir des gendarmes pour les grands événements du département, comme le rallye de Monte-Carlo ou le Tour de France, et sans doute pour les JO 2030. Mais encore plus heureux de vous accueillir dans cette basilique pour prier votre saint patron.
Homélie
https://w.soundcloud.com/player/?visual=true&url=https%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F1969308891&show_artwork=true&maxheight=750&maxwidth=500
En méditant sur ces textes spécialement choisis pour votre fête de Sainte Geneviève, en vous demandant ce que le Saint-Esprit me suggérait de vous dire, une phrase de l’Évangile de Jean, relatant l’événement du baptême de Jésus par Jean-Baptiste, m’a semblé moi pour entrer en résonance avec ce que vous vivez : « Voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » Je vais répéter les trois parties de cette phrase, en commençant par la fin.
I. Le péché du mondec’est le quotidien des prêtres en confession, mais c’est aussi le quotidien des gendarmes sur le terrain. J’imagine qu’il y a des moments heureux et de grandes joies dans votre mission, par exemple des actions de prévention. En ce qui concerne l’actualité, je pense par exemple au moment où vous avez sécurisé les Jeux Olympiques, ou sans doute d’ici quelques jours à sécuriser la réouverture de la Cathédrale ND à Paris ou l’arrivée du Pape à Ajaccio ; si l’un d’entre vous y va ! Pourtant, j’imagine que votre quotidien n’est pas de tout repos. Vous connaissez les ténèbres du péché. Il existe certainement d’autres causes que le péché, comme les dépendances, la pauvreté, la maladie mentale, etc. Mais il y a aussi le péché. Le péché n’est pas beau, le péché du monde n’est pas beau, pour reprendre l’expression de saint Jean-Baptiste. Nous pouvons l’analyser de deux manières.
C’est d’abord un péché personnel, individuel. La Source du péché personnel est ce que nous appelons les péchés capitaux. L’orgueil, l’avidité, l’envie, la colère, la luxure, la gourmandise et la paresse sont les sept péchés capitaux. On se moque souvent des péchés capitaux, parce qu’on ne comprend pas le sens de ce terme « capital » : il vient du latin « caput-capitis », la tête. Ce sont des péchés capitaux, sources d’autres péchés. La fierté en elle-même ne pouvait pas être sérieuse. Mais la fierté peut conduire à considérer un collègue comme un concurrent et à le traîner dans la boue. La gourmandise, en soi, n’est pas grave, et il faut la distinguer de la gourmandise, qui est reconnaître le don de Dieu, mais si par gourmandise je prive ma petite sœur parce que j’ai mangé tout le gâteau… Il y a des choses plus dramatiques, par exemple, par désir, je vole ; par colère, je tue, etc. Et la Source des péchés capitaux, ce sont nos mauvaises habitudes, nos vices et la tentation du diable. Saint Jean dit que « le péché est la transgression de la loi », c’est-à-dire la transgression du commandement de l’amour, aimer Dieu et son prochain comme soi-même.
Le péché du monde est aussi ce que saint Jean-Paul II appelait les structures du péché. Ce qui conduit à fermer les écoles à New Delhi car il y a tellement de pollution. Devoir nettoyer les côtes car pour faire des économies quand un pétrolier dégaze…. Vous pouvez appliquer cette catégorie de structure de péché aux dossiers que vous traitez dans les Hautes-Alpes. Ce sont par exemple des structures de péché comme les guerres, la corruption, le changement climatique, qui poussent jeunes et vieux sur les routes de l’exil et à traverser nos montagnes.
II. « Voyant Jésus venir vers lui, Jean dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui emporte le péché du monde. » Face aux ténèbres du péché, Jean-Baptiste vous montre Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Prenons cette deuxième partie de la phrase : « l’Agneau de Dieu, qui enlève » Vous contribuez à l’atténuer, mais seul Jésus, le Fils de Dieu, peut enlever le péché du monde. D’un côté, Il est venu pour ça ! Pour nous sauver des ténèbres du péché. Il a pris sur nous tous nos péchés et dans son sacrifice de la Croix, comme un agneau immolé, il a en quelque sorte accepté que le péché le ferait mourir. On pense à la haine des grands prêtres, on pense à la lâcheté de Pilate, à la trahison de Juda ; et aussi tous nos péchés. Mais Dieu ne l’a pas laissé à l’ombre du tombeau, il l’a ressuscité.
Ainsi, d’une part, Jésus est venu pour ôter le péché du monde.
En revanche, saint Jean, cette fois dans sa première lettre entendue en première lecture, nous donne une clé pour accueillir ce salut. : « Celui qui demeure en lui ne pèche pas ; celui qui pèche ne l’a pas vu et ne le connaît pas. » On le vit, les ténèbres du péché ne sont pas seulement chez les autres, chez les malfaiteurs. C’est aussi en nous. Ce que nous appelons le combat spirituel se déroule dans chacune de nos âmes. La ligne de front entre le bien et le mal traverse mon cœur. Je dois donc accueillir aussi pour moi la Résurrection de Jésus, afin qu’il reste ressuscité en moi. Vous savez, le sacrement du pardon, qu’on appelle aussi confession ou réconciliation, est une résurrection. Nous étions accablés par le poids de nos péchés et nous en sommes libérés. Je vous invite à vous avouer avant Noël ! surtout si cela fait longtemps que vous ne l’avez pas fait. Ce sanctuaire du Laus fut voulu par Jésus, qui y envoya sa sainte Mère, comme refuge de montagne pour les pécheurs. Et chaque jour il y a des prêtres pour se confesser.
Pour reprendre saint Jean, nous péchons si nous ne restons pas en Dieu, si nous ne restons pas au niveau auquel Jésus nous a élevés, enfants de Dieu : « Voyez quel grand amour le Père nous a donné », poursuit saint Jean. Jean, « afin que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. »
« Voyant Jésus venir vers lui, Jean dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »
III. J’arrive à la première partie de la phrase : « Voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara ».
Cela a dû être quelque chose de voir Jésus venir à lui ! Les apôtres Pierre et André, nous aurons ce texte demain pour la fête de saint André, ont vu Jésus venir à lui au bord du lac de Tibériade. Ils quittèrent immédiatement leur filet et suivirent Jésus. Certains d’entre vous ont déjà eu cette rencontre personnelle avec Jésus. Pour vous, Jésus est alors devenu quelqu’un, et non une belle histoire du passé, ou un simple professeur de sagesse. Pour d’autres, c’est peut-être au cours de l’Année sainte 2025 qu’ils rencontreront Jésus. Le pape François dans sa bulle d’indiction du Jubilé 2025 qui s’ouvrira dans le diocèse le 29 décembre, intitulée « L’espérance ne déçoit pas » nous fait part de son espoir pour cette année jubilaire : « Qu’elle soit pour tous un moment de vie et de rencontre personnelle. avec le Seigneur Jésus, « porte » du salut. Il est notre espoir » SNC 1
« Qui nous fera voir le bonheur ? », demande le psalmiste. Le pape François répond dans le même texte : « Mais qu’est-ce que le bonheur ? Quel bonheur attendons-nous et désirons-nous ? Pas une joie passagère, une satisfaction éphémère qui, une fois obtenue, en demande toujours plus dans une spirale de convoitises où l’âme humaine n’est jamais satisfaite mais toujours plus vide. Il nous faut un bonheur qui s’accomplit définitivement dans ce qui nous comble, c’est-à-dire dans l’amour, pour que l’on puisse désormais dire : je suis aimé, donc j’existe ; et j’existerai toujours dans un Amour qui ne déçoit pas et dont rien ni personne ne pourra jamais me séparer. » NCS21
Le gendarme, comme le curé, peut être fatigué d’entendre parler de gens qui vont mal, de circonstances dramatiques. C’est ce que l’on peut appeler l’usure de compassion, car nous souffrons avec des gens qui souffrent, et parfois nous demandons au Seigneur Jésus : “Envoyez-moi des gens qui vont bien!” » Il faut donc s’ancrer dans l’amour de Dieu. Le pape continue « L’image de l’ancre évoque la stabilité et la sécurité que nous possédons au milieu des eaux turbulentes de la vie si nous comptons sur le Seigneur Jésus. Les tempêtes ne pourront jamais prévaloir parce que nous sommes ancrés dans l’espérance de la grâce qui peut nous faire vivre en Christ, triomphant du péché, de la peur et de la mort. SN25
« Voir Jésus venir vers lui. » Dans 3 jours, ce sera le premier dimanche de l’Avent. Nous aurons 4 semaines pour laisser Jésus venir à nous. Viens Seigneur Jésus, viens dans ma vie, viens dans le monde. C’est notre espoir. Amen.