P.Pour la France, la saison des notations financières va bientôt se terminer. S&P, la plus importante agence de notation, ces organismes chargés d’évaluer la capacité de remboursement des emprunteurs, rend son verdict ce vendredi 29 novembre au soir, en pleine tourmente budgétaire…
Alors que le pays a dépassé les 1 000 milliards de dettes accumulées depuis le début de l’ère Macron, et que le déficit devrait dépasser les 6 % cette année après un dérapage incontrôlé des finances publiques, une motion de censure pourrait précipiter la France dans une situation encore plus chaotique. …
Il est peu probable que S&P aille plus loin et nous donne un simple A+. L’agence de notation avait déjà abaissé la note de la France en mai dernier, quelques jours avant la dissolution, à AA –, l’équivalent de 17/20.
Toutefois, en 2025 et 2026, le déficit public de la France (en % du PIB) devrait dépasser celui de tous les autres pays de la zone euro, selon les prévisions de la Commission européenne (à -5,3% et -5,4%). Notre dette devrait encore augmenter (à 115,3% puis 117,1%), contrairement à celle de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal… Les marchés financiers ne s’y trompent pas : la France emprunte désormais à des taux proches (voire supérieurs) de ceux de l’ancien « Club ». Pays « Med » ! La perspective d’une motion de censure et l’hypothèse d’une absence de budget en fin d’année ont creusé l’écart (c’est-à-dire l’écart de taux) entre la France et l’Allemagne, à 82 points de base, un point haut depuis 2012. .
Choc sur les marchés
« Le plus probable est que S&P offre un répit à la France : l’agence ne mettrait la France qu’en perspective négative, à AA-, et pourrait éventuellement la dégrader au printemps prochain, si la situation française ne s’améliore pas significativement. ici là », estime Norbert Gaillard, économiste, consultant indépendant et spécialiste du risque souverain. Plusieurs arguments plaident en effet en faveur du « wait & see ». Il y a quelques semaines, l’agence Moody’s, celle qui note la mieux la France, a choisi de ne pas toucher à l’Aa2 (l’équivalent d’un 18/20), même si les probabilités de dégradation étaient fortes, selon les spécialistes. Le tumulte budgétaire pousse les agences à attendre que la situation se précise un peu avant d’évaluer la France.
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Mais S&P aurait une autre raison d’être prudent. Une détérioration pourrait avoir un impact important, contrairement à la décision de mai. La France passerait en effet en catégorie A… « Or, les règles prudentielles de certains fonds d’investissement imposent de détenir un certain pourcentage de titres notés AAA ou AA : le risque serait donc de provoquer un choc sur les marchés et une hausse des taux, estime Norbert Gaillard. S&P y réfléchira sûrement à deux fois, car il ne voudra pas être la cible de critiques de la part du gouvernement français ou de la Commission européenne. »
La France bénéficie également d’un certain nombre d’avantages structurels : une économie diversifiée, un réseau financier développé, une certaine résilience… « La dette française est bien commercialisée et c’est un produit recherché », nous disait récemment un fin connaisseur du secteur. marcher. Ce qui explique pourquoi nous bénéficions encore aujourd’hui d’une certaine indulgence de la part des agences de notation et des investisseurs. Mais combien de temps la cigale pourra-t-elle chanter ?