à Eaubonne, au cœur de la mécanique de précision américaine

En fin de semaine, les premiers staffs devraient commencer à arriver. Puis suivront les rugbymen. Et enfin les autres sportifs. D’ici la fin des Jeux paralympiques, le 8 septembre, c’est la commune valdômoise d’Eaubonne qui verra défiler les délégations les plus médiatiques, et les plus nombreuses avec la France et la Chine (quelque 900 athlètes et para-athlètes). Team USA prendra ses quartiers à Athletica, un centre sportif international de haut niveau créé il y a trente ans, rénové pour l’occasion. Comme les Américains voient grand et ne laissent rien au hasard, ils ont privatisé les 7 hectares, plus 13 autres de complexes sportifs attenants.

Amélie Oudéa-Castéra : « Lors des JO, un minimum d’expérience dans la gestion de l’État sera exigé »

Ce jeudi de juin, les 40 membres du personnel sont sur le pont et passent les consignes : en plus de couper le ruban, l’ambassadeur des États-Unis est en visite. Denise Bauer, monsieur, son équipe et quelques agents de sécurité munis d’oreillettes font le tour du propriétaire et surtout du nouveau bâtiment principal : les cuisines qui serviront entre 400 et 500 repas par jour, les chambres avec matelas (français) libérant des enzymes, le parcours de récupération (chambres de cryothérapie, tables d’hydromassage, bain chaud/bain froid) dont le planning d’occupation est, semble-t-il, déjà complet… Le diplomate est séduit. Sa visite précédera peut-être celle des candidats à la présidence pendant les JO…

Une application interne

Sur scène, avant de dévoiler la plaque inaugurale, la présidente du département du Val-d’Oise, Marie-Christine Cavecchi, parle avec le sourire d’un « petit Fort Knox ». Les dirigeants américains ont recruté une agence de sécurité régulière au Stade de France et un périmètre de sécurité sera mis en place autour du complexe ; mais rien de trop lourd pour le quartier, on vous l’assure. Les athlètes ne dormiront pas ici – contrairement au staff – mais au village olympique, à 13 kilomètres de là. Ils y arriveront grâce à des navettes, dépêchées depuis un centre logistique. Une application de délégation interne va également fluidifier la vie de chacun. Une organisation minutieuse qui a également poussé les équipes hôtes à se perfectionner.

Le contact a été pris il y a six ans via une agence chypriote et l’accord a été conclu directement deux mois avant le confinement. Pour Athletica (ex-CDFAS), qui n’a pas la notoriété de l’Insep ou du Creps malgré les nombreux champions passés par là, c’était « un accélérateur de projets ». L’investissement de 27 millions d’euros par les collectivités devrait aussi pousser le complexe parapublic à vivre sans subventions d’ici deux ans. Le montant versé par la délégation américaine pour les dix semaines reste confidentiel mais l’affaire serait rentable. D’autant qu’elle a participé à une partie des travaux et payé les prestations annexes (climatisation, musculation, etc.).

L’ambassadrice des Etats-Unis, Denise Bauer, a visité le complexe le 13 juin. (© LTD / Emmanuel Dunand / AFP)

Le boulanger d’Ermont interrogé sur sa farine

« Ils auraient pu être invités ailleurs mais leur choix a été « je paie pour être exigeant » », souligne le directeur général, Arnaud Zumaglia, qui ne tarit pas d’éloges sur le professionnalisme sans concession de ses partenaires. Pas de problèmes, que des solutions. Pour se familiariser avec son fonctionnement, il a été invité à plusieurs reprises au centre olympique de Colorado Springs, aux JO de Tokyo – peu instructifs en mode confiné – ou encore aux Jeux panaméricains de Santiago (Chili) – beaucoup plus révélateurs. Le dirigeant d’Athletic a vu l’esprit, fait des petites touches individuelles et de grandes conceptions collectives.

Les représentants des différents services et disciplines ont également fait de nombreux allers-retours dans le Val-d’Oise. Avec une attention accrue portée à la nutrition. Un soja spécifique a par exemple été demandé. Le boulanger d’Ermont s’est étonné d’être interrogé sur le type de farine utilisée. « Ça va être un bel été », sourit Arnaud Zumaglia, qui s’est lui aussi rendu à Rungis à 3 heures du matin avec ses visiteurs. Il n’y a pas de place pour l’improvisation, car les Américains ne veulent pas rater une médaille pour un détail qui n’a pas été pris en compte », poursuit le directeur général des lieux.

L’équipe d’escrime n’a pas pris la peine : pour s’entraîner, elle importera ses propres pistes, qu’elle posera sur les 600 mètres carrés de parquet du complexe Luc-Abalo, dont la nouvelle thermosoudure promet une température propice à la pratique. Au total, quelque 600 athlètes issus d’une vingtaine de disciplines s’y entraîneront en attendant leurs épreuves.

Mais pas ceux dont les compétitions sont à plus d’une heure de route. Ainsi, LeBron James et les stars NBA, qui joueront à Lille, récupéreront simplement leurs tenues à leur arrivée.

EN VUE

Jour J pour Lavillenie
C’est sa dernière chance. Dès 13 heures à Angers (Maine-et-Loire), Renaud Lavillenie attaquera le concours de saut à la perche des Championnats de France d’athlétisme, qu’il a déjà remporté à dix reprises (la dernière en 2020). Le champion olympique 2012 devra franchir 5,82 mètres afin d’estampiller son billet pour Paris 2024. C’est une hauteur que l’ancien recordman du monde a franchie chaque année de 2009 à 2022. Mais depuis son opération aux ischio-jambiers en septembre dernier, il était engagé dans une course contre la montre qui s’est achevée aujourd’hui. Il reste sur deux zéros pointés en trois sorties. En cas d’échec, il ne pourrait plus postuler au rôle de porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine le 26 juillet prochain.

 
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