Par
Thomas Hoffmann
Publié le
27 novembre 2024 à 19h06
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Pas la moindre expression sur son visage. Le regard est fixe et semble vide. Dans son box, José N. reste impassible dans son box. Il ne montre aucune réaction lorsque, face aux jurés du Cour d’assises du Val-d’OiseM.e Christian Gallon, l’avocat représentant les enfants des accusés, regrette le manque d’explications de ces derniers sur le meurtre de leur mère à leur domicile de Montmagny, le 3 juillet 2022.
“Ils n’auront jamais les réponses aux questions qu’ils se poseront à l’avenir”, murmure le conseil. Il n’a pas bougé plus loin, quelques minutes plus tard, lorsque l’un des avocats de la partie civile, M.e Grégory Saint-Michel le décrit comme « un homme froid et manipulateur. […] Un type capable de tuer, d’étrangler sa femme avec une ceinture et d’y mettre toutes ses forces.
Il a nié son intention de la tuer
Et meurtre que l’homme de 58 ans a immédiatement reconnu, mais sans jamais vraiment expliquer son geste. “Je voulais la faire taire”, a déclaré José N., faisant référence à une dispute avec sa femme qui venait de lui annoncer qu’elle le quittait. Tout au long de l’audience, comme lors de l’enquête, il a réfuté son intention de la tuer.
Une défense que la procureure générale a balayée lors de son réquisitoire.
Mourir par strangulation nécessite une pression continue autour du cou pendant 2 à 3 minutes. C’est très long. Tout le temps, il était au-dessus de Rita et il serrait la ceinture. S’il n’avait pas eu l’intention de la tuer, il aurait arrêté de serrer la ceinture, il aurait arrêté quand elle se débattait et l’aurait griffé jusqu’au sang. Il se serait arrêté lorsqu’elle serait tombée dans le coma. Elle ne parlait plus. Bien sûr, il avait l’intention de la tuer.
Dans la foulée, le magistrat a requis une peine de 25 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de moitié et le retrait de l’autorité parentale. « Lorsque vous tuez la mère de vos enfants, qui dormaient à l’étage inférieur, vous perdez le droit de participer à leur vie. » Une demande suivie par la cour d’assises qui a condamné l’accusé à 23 ans de prison, jeudi 21 novembre.
“Elle a compris que ses enfants étaient en danger”
Un pavillon rose, avec une tourelle et un toit en ardoise, « qui ressemble à une maison de film de Walt Disney », comme le disait M.e Isabelle Steyer, avocate de la famille de la victime. C’est au premier étage, dans la chambre du couple, que Rita est décédée alors que sa fille et son fils, alors âgés de 3 et 6 ans, dormaient au rez-de-chaussée. Deux jours plus tôt, Rita lui avait annoncé qu’elle le quittait. « Elle a compris que ses enfants étaient en danger, c’est à ce moment-là qu’elle a voulu partir », note l’avocat de la partie civile.
Cela faisait en effet des mois depuis leur relation était devenue conflictuellepuisque la mère avait décidé de trouver un emploi, en étant embauchée comme vendeuse chez un vendeur de cuisines équipées.
Cela a provoqué une grande colère de l’accusé, voyant sa femme travailler, être indépendante, se mêler aux hommes, cela ne lui est pas possible, il veut la contrôler.
L’avocat rappelle que José N. n’avait pas non plus accepté la rupture avec sa première épouse, Stéphanie, avec qui il était en couple depuis 19 ans. Un an après leur séparation, il tente de la convaincre de revenir. Une dispute éclata au cours de laquelle il a séquestré son ex-femme dans une chambre pendant au moins 3 heures, après avoir confisqué son téléphone et lui avoir serré les poignets avec ses mains.
« Un acte barbare »
C’est encore avec ses mains qu’il s’en est pris à Rita le soir du drame. « Mais ça ne marche pas, alors il prend la ceinture. Il est sur elle en difficulté. Il sent son souffle, il ressent tout en elle. C’est un acte barbare», dénonce l’avocat de la famille, soulignant que 11 % des femmes victimes de féminicide sont tuées par strangulation.
« Rita avait envoyé un message à 22h15 à sa sœur pour lui dire qu’elle venait d’annoncer à son mari qu’elle le quittait. En 45 minutes, elle est passée du soulagement à la mort», note le procureur général, évoquant tout un cycle qui ne s’est arrêté qu’au moment où il l’a tuée. Il était 23 h 35, le 3 juillet, lorsque les secours ont été alertés par des voisins. Quelques instants plus tôt, José N. s’était présenté chez eux pour avouer qu’il avait violemment agressé Rita, l’ayant laissée inconsciente dans leur maison. Malgré leurs efforts, les secours n’ont rien pu faire pour la mère.
Rita avait été le 55e féminicide de l’année 2022. Cela s’est soldé par le nombre alarmant de 121 meurtres de femmes par leurs conjoints.
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