CChaque année, fin juin, la Hyères Design Parade ouvre ses portes à la Villa Noailles. Fondée en 2006 par Jean-Pierre Blanc, avec Andrée Putman comme marraine, cette manifestation vise à promouvoir la création contemporaine dans le domaine du design. Le point culminant de l’événement est le concours qui expose les œuvres de dix jeunes designers. Choisis parmi des centaines de candidatures, par un jury présidé cette année par Fabien Cappello, les finalistes, tout juste sortis des écoles de design, se précipitent à ce « bal des débutantes » pour propulser leur carrière.
Parmi les créations de l’édition 2024, quelques idées ingénieuses. Le designer Vassili Tchernitchko a conçu une poignée pouvant être utilisée avec le bras, une alternative pratique à l’utilisation des poignées à main nue. Juliette Rougier, quant à elle, fabrique des meubles en marqueterie à partir de chutes de cannes provençales, traditionnellement utilisées pour fabriquer des anches pour instruments à vent. Camille Sardet propose, avec « Faire feu de tout bois », une nouvelle approche des combustibles domestiques. Elle réinvente le chauffage au bois avec une solution à faible empreinte carbone issue de ressources inexplorées, remplaçant la traditionnelle danse des flammes issues des bûches compressées par une alternative plus écologique.
La lecture des discours explicatifs, qui couvrent sans exception l’ensemble du champ sémantique des préoccupations environnementales de leurs auteurs, confirme que les dix finalistes doivent non seulement convaincre par la qualité de leur travail, mais aussi par leur engagement en faveur de pratiques durables et innovantes.
Un laboratoire pour la jeune création
Le festival se démarque des grands salons comme Design Miami, Basel ou PAD, souvent critiqués pour leur orientation commerciale et leur concentration sur une poignée de superstars de l’art. La Design Parade, quant à elle, est dédiée à l’émergence de nouveaux talents. L’originalité de ce laboratoire de la jeune scène contemporaine réside aussi dans son cadre exceptionnel : la Villa Noailles.
Construite en 1923 par l’architecte Mallet-Stevens et commandée par les mécènes Charles et Marie-Laure de Noailles, cette demeure moderniste offre un cadre unique aux œuvres de jeunes designers. Cet environnement prestigieux contribue à la crédibilité et à la notoriété croissante de l’événement sur la scène internationale.
L’influence grandissante de la Design Parade se mesure à la liste toujours plus longue de ses partenaires. Cette année, 43 entreprises et institutions, dont Chanel, Hermès, Van Cleef & Arpels, Vitra, Artek et Tectona, soutiennent l’événement. Plus récemment, Porsche a ouvert le festival avec une performance de l’artiste néerlandais Thomas Trum.
Ses œuvres kaléidoscopiques et colorées se déploient au cœur de la nature provençale pour mieux célébrer la couleur, élément fondamental de l’identité du constructeur. Des teintes iconiques telles que le Rouge Guards, apparu sur la Porsche 911 930 en 1975, le Ruby Star, un magenta profond, et le Bleu Miami, se mélangent pour former des compositions cinétiques qui évoquent le travail de Julio Le Parc.
En lançant la sixième édition de son initiative itinérante mondiale dédiée à l’art et au design, Porsche confirme son virage stratégique. La marque ambitionne d’aller au-delà de son image de constructeur automobile pour se positionner comme une marque de luxe mondiale, investie dans le soutien aux talents émergents des arts visuels et du design. Visuellement impactant, l’événement est une réussite. Reste à savoir si cette initiative suffira à convertir la foule de bobos, pour la plupart avec des burgers vegan à la main, en clients de Porsche GT3 RS (ou du moins de Taycan électriques).
