Jean-Philippe Pleau passe de l’ombre à la lumière

Jean-Philippe Pleau passe de l’ombre à la lumière
Jean-Philippe Pleau passe de l’ombre à la lumière

MAGAZINE. Lorsqu’il a écrit son roman autobiographique Rue Duplessis, ma petite obscuritéOriginaire de Drummondville, Jean-Philippe Pleau ne s’attendait pas à ce que son histoire ait autant de résonance. Grâce à son récit, plusieurs ont enfin pu mettre des mots sur leur réalité de transfuges de classes sociales.

C’était la première fois que le sociologue et auteur revenait à Drummondville depuis la parution de son livre, le 4 avril dernier. Rencontré dans un café un samedi matin ensoleillé, Jean-Philippe Pleau a partagé à quel point sa vie a changé en l’espace de quelques semaines.

(Photo : avec l’aimable autorisation de l’éditeur LUX)

Depuis la parution du livre, il a accordé des interviews à différents médias et a notamment été invité à l’émission Tout le monde en parle 14 avril. En quatre jours seulement, les 3 000 exemplaires disponibles ont été vendus. Le livre a été réimprimé à 24 000 exemplaires au moment de sa publication.

L’objectif de l’auteur était simple : il voulait faire la paix avec son passé. Ayant grandi avec des parents peu instruits, il était la première génération de sa famille à poursuivre des études universitaires. Au fil du temps, il s’est éloigné du monde dans lequel il avait grandi pour entrer dans un monde complètement différent.

« Rapidement, mon intention est passée du personnel au collectif. Je voulais écrire avec un « je » social et tendre la main à l’autre. Je ne suis pas le seul à avoir vécu un parcours de transfuge de classe pendant une quarantaine d’années. Modestement, il s’agissait de révéler ma petite histoire pour mettre en lumière une histoire plus vaste qui se vit au Québec. Depuis la sortie du livre, je n’ai cessé de recevoir des messages de personnes qui se reconnaissent dans cette histoire», raconte celui qui est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en sociologie de l’Université Laval.

L’impact de son histoire auprès du grand public a surpris Jean-Philippe Pleau. Il avait peur d’être jugé pour une histoire sortie de ses tripes et qu’on dise qu’il avait joué le rôle de la victime. «Dès les premières interviews que j’ai données, je me suis dit : ‘OK, je pense que les gens se reconnaissent là-dedans.’ Je viens de commencer avec mon cœur. Je n’ai pas cherché de recette. Si je voulais le reproduire, je n’y arriverais probablement pas”, déclare l’homme de 47 ans.

Le concept de transfuge de classe ayant été rarement abordé dans la littérature québécoise, plusieurs lecteurs ont mentionné s’y reconnaître enfin.

Ses origines

Habitant maintenant dans la région de Montréal, Jean-Philippe Pleau a quelque peu laissé derrière lui sa vie drummondvilloise. Mis à part les visites à ses parents, il a gardé peu de contacts avec sa terre natale. La région lui rappelle la solitude, la peur et l’intimidation qu’il a connues dans sa jeunesse.

« Je voulais échapper à cette intimidation à travers les bibliothèques. À l’époque, je trouvais triste de me retrouver seule dans la bibliothèque, mais c’est à ce moment-là que j’ai découvert les livres. Ce que je trouvais difficile auparavant est devenu un mode de vie dans lequel je suis heureux. La solitude que je subissais à l’époque, je la choisis aujourd’hui et ça me fait du bien», dit-il.

(Photo: Louis-Philippe Samson)

L’auteur est revenu dans la ville à plusieurs reprises au cours de son processus d’écriture, entre 2018 et 2023. Il souhaitait, entre autres, retrouver la mémoire des lieux. Aujourd’hui, en revisitant la ville, il découvre une nouvelle beauté qu’il n’avait jamais vue auparavant.

« Cela a alimenté ma honte quant à mes origines. Maintenant, j’ai honte d’en avoir eu honte. Je suis plus fier que jamais d’avoir vécu à Drummondville. Je pense que j’ai dû lire ce livre pour faire la paix avec cette histoire. J’espère que les gens de Drummondville, qui me lisent, réalisent que je suis fier de mes origines», assure Jean-Philippe Pleau.

Depuis 2021, Jean-Philippe Pleau anime Penser a voix haute sur les ondes d’ICI Première de Radio-Canada. L’émission est disponible en rattrapage sur la plateforme OHdio. Parallèlement, il garde le désir d’adapter Rue Duplessis pour le théâtre et même pour écrire une suite.

L’auteur sera de passage à la bibliothèque publique de Drummondville en octobre prochain pour une conférence.

 
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