C’est une star qui a longtemps brillé dans le monde de l’athlétisme. Mais sa lumière commence à vaciller. L’ancien champion olympique et ancien recordman du monde de saut à la perche Renaud Lavillenie joue son avenir ce dimanche aux championnats de France à Angers (Maine-et-Loire). Il lui faudra franchir une barre à 5m82 pour décrocher son billet pour les Jeux Olympiques de Paris. Sinon, ce sera le crépuscule d’un immense champion.
«J’entends des gens dire : « Il faut qu’il arrête, il a fait son temps… », mais je m’en fiche. Ce que pensent ces gens, ils ne connaissent pas mes motivations« À 37 ans, Renaud Lavillenie n’a rien perdu de son franc-parler. Et d’enfoncer le clou : »Je ne suis pas dans le business du sport, je suis là pour m’amuser. Je ne vois pas pourquoi, juste avant les Jeux de Paris, je m’arrêterais et dirais : « Non, c’est bon, je vais laisser la place aux autres »“”.
Le Clermontois va pourtant devoir céder sa place à d’autres. Depuis plus d’un mois, week-end après week-end, il tente de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. En vain. Le 22 mai à Clermont-Ferrand, il rate ses trois tentatives à 5m35. Une semaine plus tard, à Duszniki (Pologne), il franchit 5m72, mais ne parvient pas à franchir la barre à 5m82, la hauteur qui est le sésame pour les JO de Paris. Il coince ensuite à 5m70 à Pierre-Bénite (Métropole lyonnaise) le 8 juin, à 5m40 à Grenoble (Isère) le 19 juin. Et à Toulouse, la semaine dernière, il rate ses trois tentatives à 5m50.
Des hauteurs ridicules si on les compare aux 5m98 qui lui ont permis de devenir champion olympique à Londres en 2012 ou aux 6m16 qu’il a franchis en 2014 pour établir un record du monde qui est resté le sien pendant six ans (2014-2020).
“Ce qu’on me demande de faire pour aller aux Jeux, c’est une performance que j’ai déjà réalisée plus de 150 fois en compétition.», reconnaît Renaud Lavillenie.Si j’ajoute l’entraînement, j’ai fait le calcul récemment, j’ai dû passer cette barre entre 400 et 500 fois dans toute ma vie. Du coup, il y a une certaine forme de détente, je me dis que j’ai su faire. Et mon corps s’en souvient« .
Mais son corps se souvient aussi de sa blessure aux ischio-jambiers.J’avais environ 90 % du tendon détaché, il ne tenait presque qu’à un fil. Le risque était la rupture totaleEn septembre 2023, Renaud Lavillenie décide de se faire opérer. Un pari à haut risque puisque l’intervention chirurgicale nécessite alors quatre semaines d’immobilisation et plusieurs mois de rééducation. Une course contre la montre commence alors pour parvenir à une guérison complète en moins d’un an. Une aventure que les journalistes de France 3 Auvergne, Jean-Luc Roussilhe, Mathieu Verlaine, Yoann Dorion et Stéphane Trentesaux racontent dans le dernier numéro d’Enquêtes de région.
“J’ai passé de longues semaines cloué sur mon canapé, puis des mois à quatre séances hebdomadaires chez les kiné. Mais je n’ai jamais abandonné l’objectif des Jeux, ni celui de refaire le saut à la perche et j’ai déjà refait 5m72. Mon pari est déjà gagnant et après, la cerise sur le gâteau serait d’être à Paris au Stade de France en août. Alors voilà, à moi de continuer à avancer« .
Toute une saison et une fin de carrière se joueront donc dès 13 heures ce dimanche aux championnats de France d’athlétisme à Angers. Soit Lavillenie franchit 5m82 et il remportera le droit d’aller aux JO de Paris en août prochain pour écrire une nouvelle page de sa légende. Soit il échoue et ce sera la fin d’une époque.
S’il y en a bien un qui peut réussir ce pari, c’est bien lui. Techniquement, c’est le meilleur sauteur à la perche que nous ayons jamais vu. Et, à partir du moment où il pourra courir, il le fera !
Mondo Duplantis, détenteur du record du monde et champion olympique en titreAll Star Perche – Clermont-Ferrand – Février 2024
Regardez le documentaire « Le Rêve olympique » consacré à Renaud Lavillenie en replay sur france.tv
