les trésors cachés du Musée des beaux-arts de Sherbrooke

les trésors cachés du Musée des beaux-arts de Sherbrooke
les trésors cachés du Musée des beaux-arts de Sherbrooke

Chaque œuvre est rangée selon une nomenclature spécifique dans l’une des trois réserves du musée, aménagées dans l’édifice patrimonial qui abritait autrefois la Banque des Cantons-de-l’Est. Quelque 5 200 œuvres de plus de 800 artistes ont été accumulées, la majorité étant laissées en réserve par des collectionneurs privés depuis la création du musée en 1982.

« C’est principalement sous forme de dons et de mécénat que la collection s’est constituée au fil des ans », précise la conservatrice du Musée des beaux-arts de Sherbrooke, Frédérique Renaud.

La majorité des œuvres conservées proviennent d’artistes de la région, créations qui remontent parfois au XIXème siècle.

(Journaliste : Delphine Belzile | Vidéaste : Jean Roy | Réalisation et montage : Mòrag Bélisle)

Plusieurs artistes québécois, automatistes de Refus global par exemple, figurent également dans la collection du musée de Sherbrooke. Aux côtés de quelques artistes internationaux.

« Cela crée d’étranges dialogues entre des œuvres d’époques différentes et d’artistes différents. »

— Frédérique Renaud

Une première réserve est consacrée à la conservation d’œuvres certifiées par la Commission canadienne d’examen des exportations de biens culturels, l’équivalent de plus de 1 300 photographies, toiles et sculptures. Une collection qui revêt « une plus grande importance historique », explique le conservateur du musée.

C’est également dans cette pièce au sous-sol que repose une sérigraphie pop art de l’artiste Andy Warhol. En plus d’une série de tableaux d’artistes québécois, dont le célèbre Frederick Simpson Coburn. Ses chevalets, palettes de peinture et carnets de factures sont entreposés.

Plus du cinquième de la collection du musée de Sherbrooke provient de l’artiste né à Melbourne en Estrie. L’établissement s’est également donné pour mission de promouvoir dans un premier temps les artistes de la région.

Frédérique Renaud détient le titre de conservatrice du MBAS depuis 2021. (Jean Roy/La Tribune)

Le plus grand tableau conservé par le musée est adossé à l’un des murs de cette réserve. Ce n’est pas moins de 12 mètres carrés, un héritage abstrait de l’artiste québécois Guido Molinari.

« Une œuvre assez impressionnante par ses dimensions. On s’est même demandé comment on allait le sortir du stockage puisque ce n’est pas notre équipe qui l’a amené du premier coup », raconte Frédérique Renaud.

Une seconde réserve est destinée aux sculptures et objets divers, conservés comme les autres salles à une température et un taux d’humidité plus que contrôlés. Des accessoires provenant de la maison du peintre Serge Lemoyne y sont également conservés.

Et dans la troisième réserve, pas moins de 900 tableaux sont conservés dans un espace assez réduit, tous classés selon leur poids, leur support et leur format. “Nous sommes paquet de confiture as they say,” lets Frédérique Renaud down.

Parmi les tableaux qui attendent d’être exposés à l’étage, on trouve une estampe artistique du célèbre Salvador Dali. Un cheval galopant dans les vagues, une lithographie surréaliste sans titre offerte par un collectionneur au musée.

Vitrine auprès du grand public

Dans les réserves, les tableaux sont accrochés sur d’immenses panneaux ou répartis comme des livres dans une grande bibliothèque. Chaque œuvre sur papier est recouverte d’une feuille de cellophane sans acide pour éviter qu’elle ne jaunisse ou ne s’abîme dans les tiroirs du sous-sol.

C’est pour des raisons d’espace que les collections permanentes sont conservées dans plusieurs réserves, situées à chaque étage du musée.

Et si les œuvres peuvent dormir longtemps dans les voûtes, la commissaire Frédérique Renaud veille à les laisser revoir la lumière à l’occasion d’une exposition permanente ou de différentes expositions temporaires. Elle essaie d’assurer une rotation selon les thématiques et les moments historiques à mettre en avant.

Moins de la moitié des œuvres de la collection permanente du musée sont certifiées par la Commission canadienne d’examen des exportations de biens culturels. (Jean Roy/La Tribune)

« Laisser un héritage, partager les œuvres avec les générations futures », c’est souvent le désir des collectionneurs qui transmettent leurs trouvailles aux musées, explique Frédérique Renaud. C’est aussi la mission du Musée des beaux-arts de Sherbrooke de préserver les œuvres en parallèle du marché.

« Pour la gâter avec beaucoup de soin afin de s’assurer qu’elle ne se détériore pas », dit-elle. Car dès qu’une œuvre apparaît dans l’inventaire d’un musée, elle perd en quelque sorte sa valeur marchande, constate Frédérique Renaud. Le musée représente le « lest de l’art », c’est plutôt la valeur patrimoniale qui compte.

Depuis 2021, c’est donc le travail de Frédérique Renaud de redonner vie à ses œuvres qui reposent dans la pénombre du musée de la rue Dufferin. Elle dit même connaître l’inventaire presque par cœur. « C’est très varié, ça rend notre travail intéressant », souligne le commissaire.

Plus de 900 tableaux de différents artistes sont entassés dans une petite salle de stockage à l’un des étages du musée. (Jean Roy/La Tribune)

« Nous essayons d’en mettre en valeur le plus possible, mais je ne pense certainement pas qu’ils aient tous déjà fait une rotation », souligne-t-elle.

Et parfois, pour assurer la visibilité de la collection du musée de Sherbrooke, les œuvres sont partagées ailleurs dans le réseau au Québec, et elles retournent ensuite reposer dans leurs réserves respectives.

Manque d’espace

Chaque don au Musée des beaux-arts de Sherbrooke est minutieusement numéroté, selon l’année et le lot du collectionneur. Une façon de comprendre la diversité de l’inventaire qui ne cesse de s’accroître depuis les années 1980.

Mais comme le musée est limité dans ses espaces de stockage, l’établissement a imposé un moratoire en 2015 pour réorganiser les réserves. « Nous manquons de beaucoup de places », constate Frédérique Renaud.

Des négociations d’agrandissement sont également en cours avec la Ville de Sherbrooke. Mais rien n’est encore gravé dans le marbre.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « Comportement dangereux » après le match Suisse-Italie
NEXT Le Credit Suisse cesse d’exister en Suisse