Comment attirer de nouveaux dentistes dans les zones défavorisées de Nouvelle-Aquitaine ? – .

Comment attirer de nouveaux dentistes dans les zones défavorisées de Nouvelle-Aquitaine ? – .
Comment attirer de nouveaux dentistes dans les zones défavorisées de Nouvelle-Aquitaine ? – .

Les dentistes travaillent selon un horaire serré. En Nouvelle-Aquitaine, où les déserts dentaires sont une réalité, l’union régionale des professionnels de santé (URPS) tente d’apporter des réponses.

En Nouvelle-Aquitaine, l’accès aux soins dentaires est inégal. Une situation qui pénalise les patients, mais qui touche aussi les chirurgiens-dentistes. Pour faire émerger des solutions, l’Union régionale des professionnels de santé, chirurgiens et dentistes (URPS) de Nouvelle-Aquitaine a organisé les « jeudis de juin », trois rencontres avec ateliers participatifs entre praticiens libéraux*.

La dernière a eu lieu le 27 juin, à Limoges. Entretien avec Julien Bussière, élu à l’URPS qui exerce à Limoges, et Jacques Wemaere, président de cette association représentant les dentistes libéraux en Nouvelle-Aquitaine.

Quelle est la situation démographique des dentistes dans la région ?

« Nous sommes une France miniature. Nous avons des territoires surdotés, comme Bordeaux et sa périphérie, mais aussi Bayonne, Biarritz et le littoral. Dès que l’on quitte l’agglomération bordelaise et le littoral, on se trouve dans un territoire sous-équipé. 56 % de la Nouvelle-Aquitaine est même « très sous-dotée ».

Sur 3 500 chirurgiens-dentistes, 1 500 exercent en Gironde et 800 dans les Pyrénées-Atlantiques. Les dix autres départements se partagent le reste.

Un nouveau zonage, établi par l’Agence régionale de santé (ARS) et qui détermine les territoires pouvant bénéficier des aides à l’installation, devrait prochainement apparaître. Qu’attendez-vous?

« Il faut savoir que le dernier zonage de l’ARS date de 2013, sur la base de données de 2011 ! Cette mise à jour, pour laquelle nous avons été consultés, était attendue. Ainsi, en Haute-Vienne, Bellac et Le Dorat étaient considérées comme très surdotées, alors que ces communes ne comptent qu’un seul dentiste chacune. Or, sans aide à l’installation, elles n’attirent pas de candidats. »

Sur la base de cette cartographie, à partir du 1er janvier 2025, des zones non prioritaires seront créées : l’installation d’un confrère y sera conditionnée au départ d’un autre, sans quoi le dentiste ne sera pas agréé. Il y en a cependant très peu en Nouvelle-Aquitaine. Cette mesure ne fait pas l’unanimité dans la profession, mais si elle peut bénéficier à d’autres territoires…

En Haute-Vienne, il y a eu 17 départs en 2023 et seulement 3 installations. Les patients du Limousin sont prêts à aller jusqu’à Bordeaux pour se faire soigner : il faut une meilleure répartition territoriale.

Limoges ne possède pas de faculté de médecine dentaire. Comment surmonter ce handicap ?

« Dans la région, seul Bordeaux possède une faculté et une antenne existe à Poitiers. A l’issue de la première année du cursus santé, le concours ouvre 14 places dentaires aux étudiants de Limoges : 6 continuent à Bordeaux et 8 à Clermont. Il faudrait augmenter le nombre de places à Limoges à la fin de cette première année, car ayant des attaches avec le Limousin, ils ont plus de chance d’y retourner.

Le CHU de Limoges ne propose que 4 places de stage pour les étudiants de 6ème année, il y en avait 6 à la fois. Cette baisse était justifiée par le manque de candidats, mais si dès le début du cours il y en avait plus, cela pourrait changer.

Enfin, en 6e année, il y a un stage de 150 heures à réaliser en cabinet libéral : la plupart des étudiants le font à Bordeaux, mais nous souhaiterions que la moitié de ces heures soient réalisées dans une région peu dotée pour susciter des vocations, découvrir une autre qualité de vie et de travail…

Paradoxalement, les temps sont difficiles alors qu’il n’y a jamais eu autant de professionnels, mais la société a changé, les techniques ont progressé et les besoins en soins augmentent – ​​par exemple, on s’occupe de plus en plus de patients diabétiques –. Aujourd’hui, on estime qu’il faut environ trois professionnels pour remplacer un retraité.

La création d’un statut d’assistant en médecine buccale pourrait-elle également améliorer la situation ?

« Nous sommes l’une des rares professions de santé à ne pas déléguer de tâches. Les médecins s’appuient sur des infirmiers, les ophtalmologistes sur des orthoptistes… Les conditions de travail de ces assistantes dentaires de niveau 2 restent à établir et nous espérions qu’elles seraient opérationnelles en 2025-2026.

Ce serait une solution pour décongestionner les cabinets, mieux répondre aux soins non programmés et aux patients qui n’ont plus de dentiste. Nous comprenons leur détresse, mais nous la supportons aussi et nous avons du mal à les refuser.

On estime qu’au moins un tiers des dentistes sont aujourd’hui en burn-out. Nous avons un taux de suicide élevé. Notre rencontre a également pour but d’aider les praticiens à se sentir bien, voire mieux, dans leur cabinet.

Jacques Wemaere and Julien Bussière, from the URPS dental surgeons of Nouvelle-Aquitaine

De plus en plus d’habitants de la Haute-Vienne renoncent aux soins et ont une mauvaise hygiène bucco-dentaire

Hélène Pommier

 
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