« Je ne me sens jamais aussi libre que sur un bateau » – .

« Je ne me sens jamais aussi libre que sur un bateau » – .
« Je ne me sens jamais aussi libre que sur un bateau » – .

Comment vivez-vous votre retour de Grèce, après une expédition de plusieurs semaines sans réseau téléphonique ?

C’était un retour intense ! J’étais parti avec Under the Pole, un programme d’exploration sous-marine qui mène des recherches scientifiques avec des plongeurs du CNRS. Quand mon téléphone a repris le signal, j’ai vu la mort de Françoise Hardy, la dissolution de… Le contexte politique a suspendu les lois en vigueur, notamment sur les polluants éternels sur lesquels nous travaillions depuis des mois.

Comme Hugo Clément ou Salomé Saqué, vous définissez-vous comme un média de sensibilisation auprès des jeunes ?

Complètement. Bon, je ne me définis pas, je ne sais pas si ce que nous faisons, c’est du journalisme, de la politique, du militantisme. Nous voulons informer avec un esprit critique, en nous basant sur les faits, mais en proposant des outils de mobilisation, par exemple, comme expliquer comment faire une procuration. Mais nous allons plus loin qu’un journaliste, qui ne peut pas faire appel aux votes.

Quel est votre rôle lors de cette première campagne législative ?

Il y a deux problèmes. Nous voulons lutter contre l’abstention et faire voter, car les électeurs deviennent des militants. Que la société civile se mobilise, les sportifs, les personnalités… Je n’ai jamais accepté d’adhérer à un parti politique, je ne veux pas être député, je veux garder ma liberté d’expression, qui est 100 fois plus précieuse. D’un autre côté, nous allons sur le terrain pour convaincre les gens de choisir la personne la moins éloignée de leurs idées. Dites-leur que même si nous sommes en colère contre un parti qui nous a déçu, c’est mieux que de perdre cet espace démocratique.

Votre livre « Pour un soulèvement écologique » (Éditions du Seuil) est paru il y a exactement un an. Quelles conclusions tirez-vous de cette expérience ?

Cela m’a permis d’imposer les termes du débat. Je n’étais plus simplement invité à parler d’un sujet, mais je pouvais dire de quoi nous allions parler. La substance. Pour encadrer le débat. On gagne du temps, c’était très puissant. C’est pourquoi je souhaite en réécrire un, sur la santé et le climat, sur les polluants éternels, les pesticides, les liens avec des maladies comme Alzheimer et Parkinson. Nous sommes exposés, nous vivons une énorme catastrophe sanitaire, nous mettons nos enfants en danger, la fertilité diminue avec notre mode de vie alors que nous pensons être au sommet du progrès !

Vous êtes récemment allé en Norvège pour protester contre l’exploitation des fonds marins et visiter une ferme piscicole. Comment organisez-vous votre quotidien par rapport à vos engagements ?

Je n’ai pas de routine quotidienne. Ça se construit au fil des rencontres, c’est toujours passionnant. En Norvège, les gens s’inquiétaient de l’ouverture de l’Arctique à l’exploitation minière. L’année prochaine, je pars à Oxford pour un Master pour poursuivre mes études (elle est diplômée en sciences politiques). Je veux avoir du recul, lire, faire des recherches…

Je suis aussi devenue une grande passionnée de bateaux, j’ai envie d’approfondir le sujet de l’océan qui me passionne totalement. On parle rarement de ce qui s’y passe, alors que la mer nous permet de nous nourrir et de respirer. Ce n’est pas rien !

La diminution du confort ne se traduira pas par une diminution du bien-être. En Europe, nous avons un niveau de vie élevé, même si nous sommes le continent qui consomme le plus d’antidépresseurs. Le PIB n’est pas corrélé au bien-être. C’est une blague que nous nous racontons.

Comment parler des enjeux climatiques et changer nos comportements sans susciter la peur ?

Nous oublions que le changement climatique est déjà là. Alors soit nous les subissons, soit nous choisissons. Dans une grande partie du globe, la chaleur est devenue si intense que le corps ne peut plus lutter, les gens meurent littéralement de chaleur, en Inde, en Arabie Saoudite, et ce sont les plus précaires qui boivent. Idéalement, nous aimerions tous continuer à vivre comme nous le faisons aujourd’hui, mais c’est impossible. Il va falloir se lancer, il y a du travail à faire. Il va falloir changer nos habitudes, nous allons ressentir ce changement. Mais je ne me sens jamais aussi libre que sur un bateau, avec un mode de vie très simple, la liberté est immense, c’est pareil en montagne. Ce que je veux dire, c’est que réduire le confort ne réduira pas le bien-être. En Europe, nous avons un niveau de vie élevé, même si nous sommes le continent qui prend le plus d’antidépresseurs. Le PIB n’est pas corrélé au bien-être. C’est une blague qu’on se raconte.

Quelle est votre position sur le nucléaire, sujet au cœur de la campagne législative ?

Sur le plan moral et éthique, on se demande ce que nous allons faire des déchets que nous allons laisser derrière nous. Mais, de manière pragmatique, nous arrêtons les dépenses énergétiques inutiles, comme les jets privés, et nous ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier pour ne pas dépendre d’une seule source d’énergie. Donc, je ne suis pas totalement antinucléaire, mais on ne peut pas tout miser là-dessus. Soyons d’abord plus sobres et plus efficaces dans nos dépenses énergétiques.

Quels sont vos projets maintenant ?

J’ai dû partir. Mais, en ce moment, je fais campagne à Paris et aussi sur le terrain, dans des circonscriptions gagnables. Ensuite, je pars en randonnée ou en bateau. Mais je voyage toujours en train : je suis allé en Grèce, en Norvège, en Finlande… On peut tout faire en train, à condition d’avoir le temps. Et si le monde ne s’effondre pas d’ici là…

 
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