Par
Léa Giandomenico
Publié le
26 novembre 2024 à 11h51
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Depuis lundi 25 novembre 2024, le Sénat s’est saisi du plan financier du gouvernement pour 2025, prêt à soutenir la plupart des mesures de ce texte à haut risque pour Michel Barnier, toujours menacé de censure par le Rassemblement national.
Pour valider un budget proche de son projet initial, le Premier ministre, privé de majorité à l’Assemblée, compte sur la chambre haute, où sa coalition gouvernementale dispose d’une large majorité.
Majorité nette au Sénat
Rejeté en première lecture à l’Assemblée, il est dans sa version initialecelle présentée par le gouvernement, que le budget est arrivé au Palais du Luxembourg: les sénateurs ont commencé lundi l’examen des recettes, avant de passer à l’examen du principe des dépenses la semaine prochaine. Un vote solennel est prévu le 12 décembre.
“Pour la première fois depuis au moins sept ans et probablement dix ans, il y a une majorité claire au Sénat pour accompagner et soutenir – sans complaisance mais de manière positive – l’action du gouvernement”, insistait ces derniers jours Michel Barnier.
Mais de grosses divergences subsistent entre les macronistes et les autres
Mais d’autres mesures, plus sensibles, arrivent néanmoins dans le budget 2025, comme la « contribution exceptionnelle » sur les bénéfices des grandes entreprises ou l’impôt minimum demandé aux ménages les plus aisés pendant trois ans. Deux dispositifs loin d’être dans l’ADN de la droite.
Signe que le rapport de force diffère dans les deux chambres : le Sénat a rejeté un dispositif proposé par le camp macroniste pour pension alimentaire fiscale reçu par le parent ayant la garde de l’enfant, tout en supprimant l’avantage fiscal dont bénéficie celui qui le paye.
Cette mesure, favorable aux familles monoparentales, a été approuvée fin octobre à l’Assemblée grâce à des votes de gauche – avant que le budget, dans son ensemble, n’y soit rejeté.
Autre divergence entre les deux chambres : le Sénat a rejeté l’idée de le transformer en crédit d’impôt réduction d’impôt sur les frais de séjour en maison de retraitece qui aurait permis aux plus pauvres d’en bénéficier également. Là aussi, la mesure avait déjà été approuvée à l’Assemblée.
Motion de censure quasi inévitable
Ainsi, avec tous ses points d’achoppement, il semble compliqué pour le gouvernement de réussir à faire adopter son texte sans être censuré in fine.
Après le Sénat, sept députés et sept sénateurs tenteront de trouver un compromis sur le budget lors d’une commission paritaire (CMP). S’ils y parviennent, la version définitive du texte semble promise en 49.3 lors de son retour aux députés. Et donc à une motion de censure examinée vers le 20 décembre 2024.
Et le risque, pour le Premier ministre, est réel. « Pour la première fois depuis l’arrivée de Michel Barnier, il y a un risque réel d’avoir une motion de censure contre lui », soulignait Olivier Costa, politologue au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un précédent article.
Quel scénario pour le gouvernement si la motion est votée ?
Mais alors que se passerait-il si la motion de censure était adoptée ? ” En cas d’adoption d’une motion de censurequ’elle soit spontanée ou provoquée, le Premier ministre doit passer le relais au Président de la République la démission de son gouvernementselon l’article art. 50 de la Constitution », rappelle le site vie-publique.fr.
Le Président de la République nomme alors un nouveau Premier Ministre et, sur proposition de ce dernier, les autres membres du nouveau gouvernement, comme le prévoit l’article 8 de la Constitution.
Mais aucun texte ne prévoit de délai pour la constitution d’un nouveau gouvernement. En attendant sa nomination, le Gouvernement démissionnaire s’occupe donc des affaires courantes.
Et nous savons par expérience qu’un gouvernement qui démissionne peut le rester longtemps. A l’image du gouvernement de Gabriel Attal, resté aux commandes des affaires courantes pendant 51 jours cet été, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron.
Avec l’AFP
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