A Hagondange, la sidérurgie est en berne, le RN est dynamique : Actualités

C’est une usine sidérurgique emblématique, qui vit peut-être ses dernières heures : sur le site d’Ascométal à Hagondange (Moselle), en redressement judiciaire, les salariés déplorent les « fausses promesses » de maintien de la filière, et pourraient exprimer leur « ras-le-bol » des législatives.

“Je suis fini.” Il est 18 heures lorsqu’Olivier Andret termine sa journée de travail à l’aciérie et passe le relais à l’équipe de nuit. Ces derniers mois, dans un contexte d’incertitude sur l’avenir de l’entreprise, les départs se sont multipliés, et les horaires ont dû être réorganisés : fini les équipes « en trois équipes », il ne reste plus que deux équipes, travaillant douze heures par jour.

« C’est compliqué, ça frappe les organisations », témoigne cet ouvrier de 55 ans, « l’un des plus anciens » du service. « Si on fait ça jusqu’à la fin de l’année, je pense qu’on va tuer les gars. »

Au-delà de la fatigue physique, le flou qui entoure son activité l’inquiète. « J’ai du mal à dormir. Quand on ne sait pas ce qui peut arriver d’un jour à l’autre, psychologiquement c’est dur. Il faut essayer de ne pas ramener ces pensées à la maison, mais on le fait quand même. Ça marche dans la tête. »

Dimanche, il sait qu’il ira voter. Il préfère ne pas dire à qui reviendra son vote, mais précise néanmoins qu’il ne sera pas pour le gouvernement et sa majorité. « Ils ont été trop menteurs, ils racontent trop de bêtises aux gens. Sur 50 personnes, vous en avez 45 ou 49 qui vous diront la même chose.

– Occasion manquée

Sur ce chantier où travaillent 600 personnes, les discours prononcés depuis la crise du Covid-19 sur l’importance de produire en France et de ne pas fermer d’usines n’ont pas été oubliés.

Alors les salariés ne comprennent pas les tergiversations de l’Etat : un industriel italien s’était positionné, il y a plusieurs mois, pour racheter le site, à condition qu’il soit désamianté, un projet d’une valeur de 15 millions d’euros.

Mais Bercy n’a pas voulu débloquer les fonds et le repreneur a fini par retirer son offre – le chaos politique après la dissolution l’a finalement dissuadé. C’est à ce moment-là que le ministère s’est dit prêt à payer… trop tard. Le tribunal statuera vendredi sur les deux autres offres de reprise, critiquées par les syndicats et beaucoup plus gourmandes en argent public.

« L’État a raté une belle occasion de tenir une promesse », déplore Marie, 37 ans, employée comme manutentionnaire chez un sous-traitant. “Ils nous font croire aux belles choses, et quand il est temps d’agir, il ne reste plus personne.”

Si elle ne dévoile pas son nom de famille, elle ne cache pas son intention de voter pour le Rassemblement national. « (Jordan) Bardella donne l’impression d’avoir plus de considération pour les Français, estime-t-elle. Si le RN gagne, j’espère qu’ils changeront vraiment les choses. »

Si l’extrême droite est souvent sur les lèvres des salariés, le Nouveau Front populaire a aussi ses partisans, convaincus par ses mesures sociales.

« Pour moi, c’est l’âge de la retraite qui compte, confie Michel, 56 ans. On voit bien les conditions. Pour les gens en fin de carrière, on dit qu’il y a du travail, ce n’est pas toujours le cas. Et dans l’industrie, ce sont des postes physiques, ce n’est pas facile. »

-«Plus besoin d’acier»-

De son côté, la maire d’Hagondange, Valérie Romilly (centre-droit), apporte un soutien modéré au candidat macroniste sortant, tout en critiquant la gestion du dossier Ascométal par le ministère.

« On nous dit que nous faisons tout pour nous réindustrialiser et que nous abandonnons un bastion de la sidérurgie. Nous n’aurons peut-être plus besoin d’acier en France », ironise-t-elle.

A quelques jours du scrutin, elle s’inquiète pour sa circonscription qui, depuis 1988, a toujours voté à l’image du pays, en élisant un député issu de la majorité.

« Je ne me sens pas bien dans ces élections, confie-t-elle. Pour de mauvaises raisons, à cause d’un contexte de colère, je crains que cela bascule à l’extrême droite. » Dans cette première circonscription de Moselle, l’élection d’un député RN serait une première.

 
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