féministes, antiracistes… les ONG s’inquiètent de l’arrivée du RN au pouvoir – .

féministes, antiracistes… les ONG s’inquiètent de l’arrivée du RN au pouvoir – .
féministes, antiracistes… les ONG s’inquiètent de l’arrivée du RN au pouvoir – .

Droits des travailleurs, des étrangers, des femmes… Les syndicats et associations se mobilisent et relaient leurs inquiétudes face à une éventuelle victoire de l’extrême droite aux législatives. Sans en dire plus, pour l’instant, sur les actions qu’ils mèneraient si ce scénario se confirmait.

“Pouvez-vous m’entendre?” À l’autre bout du fil, on entend à peine Sarah Durocher. La présidente de l’Association du Planning familial se précipite à Orléans pour prendre un transport vers Paris ce mercredi 26 juin. Son emploi du temps est chargé : son association, comme d’autres instances de la société civile, se mobilise contre une éventuelle arrivée de l’extrême droite au pouvoir, en en plus de ses activités habituelles.

Elle participe aux manifestations qui ont lieu en France depuis qu’Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale le 9 juin, au soir des élections européennes largement remportées par le Rassemblement national. Ce dernier se présente une nouvelle fois en position de favori pour les élections législatives anticipées de dimanche 30 juin et 7 juillet. Avec la perspective donc d’imposer la cohabitation au président de la République et d’installer Jordan Bardella à Matignon.

“Nous sommes menacés”

Sarah Durocher ne cache pas ses inquiétudes, craignant des restrictions sur « le droit à l’avortement, à la contraception ou à l’éducation sexuelle ». « Cela fait un an et demi que nous recevons des menaces de la part des parlementaires RN. Ils demandent régulièrement de supprimer des financements au Plan, que ce soit par des questions écrites ou orales », affirme-t-elle.

Un climat anxieux, caractérisé également par des « attaques de vandalisme », qui ont visé « à plusieurs reprises » les locaux de l’association et sont « revendiquées par des mouvements d’extrême droite ».

Ces inquiétudes sont partagées par Violaine de Filippis, co-fondatrice du collectif Action Juridique Féministe. Si l’extrême droite venait à prendre le contrôle, ce serait « une très mauvaise nouvelle pour les femmes », estime cette avocate. Elle juge la « vision » du RN « très essentialisante avec un rôle traditionnel de femme qui doit avoir beaucoup d’enfants et être une bonne mère ».

Bardella dénonce les « caricatures »

Le programme de Jordan Bardella entend ainsi « favoriser la natalité, qui seule permettra la continuité de la Nation et de notre civilisation ». Et Violaine de Filippis de citer en exemple la proposition d’un prêt d’État à taux zéro de 100 000 euros, remboursé dès le 3e enfant pour l’accès à la propriété.

Sur ce point, Jordan Bardella s’en est récemment pris aux « caricatures » et aux « mensonges » diffusés selon lui par « l’extrême gauche », assurant dans une vidéo qu’il serait « le Premier ministre qui (le) garantira de manière indéfectible à chaque fille et chaque femme en France ses droits ». « Parce qu’aucune femme ne doit craindre qu’un jour un seul de ses droits soit remis en cause, Marine Le Pen a soutenu l’inscription de l’avortement dans la Constitution », insiste-t-il. Ce qui n’est pas le cas de tous les élus RN : si 46 ont approuvé lors du Congrès de Versailles, 11 ont voté contre et 20 se sont abstenus.

Comme Sarah Durocher, Violaine de Filippis évoque également ses inquiétudes quant à d’éventuelles « coupes dans les subventions » dépendant de l’Etat, qui auraient des conséquences pour les « femmes victimes de violences », aidées par les associations.

« La haine de l’étranger »

Dominique Sopo, président de SOS Racisme, s’attend lui aussi à devoir à terme « réduire les effectifs » et « aller chercher de l’argent ailleurs ». Il dénonce « l’un des éléments centraux » historiquement du programme du RN : la préférence nationale, qui consiste à réserver des allocations et certains droits aux Français.

Le RN, qui parle de « priorité nationale », l’a intégré dans son programme pour les législatives. Et appelle par exemple à « réserver les allocations familiales aux Français et conditionner l’accès à certaines prestations comme le RSA à 5 ans de travail en France ». Sans vraiment pouvoir le mettre en œuvre dans l’immédiat. “Nous aurons besoin de la présidence de la République française, car nous devrons engager une révision constitutionnelle et elle se fera par référendum”, a reconnu Jordan Bardella sur France 2 mardi 18 mai.

La préférence nationale aurait des conséquences « non seulement pour les étrangers, mais aussi pour les binationaux », relève Dominique Sopo, alors que le RN a suscité la polémique cette semaine en annonçant vouloir leur interdire l’accès à certains postes « sensibles » – une « cinquantaine » de postes seraient concernés, selon le vice-président du RN Sébastien Chenu.

Cela «démontre qu’on n’est pas tant sur une préférence nationale que sur une haine des étrangers», dénonce le président de SOS Racisme.

Et d’alerter sur un climat qui pourrait s’instaurer en cas d’arrivée au pouvoir de l’extrême droite : « On aurait des institutions qui ne seraient plus en protection contre les logiques de haine mais des points d’appui qui renforceraient la structuration du débat. autour des boucs émissaires : d’une certaine manière ce serait l’ère Bolloré (notamment propriétaire de la chaîne d’information CNews, concurrente de BFMTV, NDLR) au Conseil des ministres.»

Inquiétude pour les « droits des travailleurs »

Les associations ne sont pas les seules à mener la bataille pour éviter que ce scénario ne se produise. Les syndicats sont aussi en première ligne. CFDT, CGT, Unsa-FSU, Solidaire ont lancé un appel commun, à partir du 11 juin, à manifester contre l’extrême droite.

Du côté de la CFDT, on juge que « les droits de certains travailleurs pourraient être menacés », ainsi que « la liberté syndicale ». Le syndicat donne en exemple un amendement déposé par le RN en 2022 pour limiter l’accès aux élections professionnelles aux salariés « parlant couramment le français ».

« Pour nous, c’est une méconnaissance totale de ce qu’est un collectif de travail, nous ne regardons pas les cartes d’identité des collègues avec qui nous travaillons », explique le centre.

Au-delà de ce combat commun à travers la société civile, une question demeure sans réponse pour ces différentes organisations : comment agiraient-elles si l’extrême droite arrivait au pouvoir ? Les deux camps s’y mettent, préférant se concentrer sur la mobilisation actuelle.

Dominique Sopo résume : « Quand on appartient à la société civile, on affiche nos désaccords avec les différents pouvoirs, donc, évidemment, on le ferait encore plus si l’extrême droite arrivait au pouvoir. Mais pour l’instant la question est : comment éviter ce scénario catastrophique ?

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