Un projet de conservation « plus grand que nature » en Estrie

Un projet de conservation « plus grand que nature » en Estrie
Un projet de conservation « plus grand que nature » en Estrie

Initialement, le site au cœur d’un vaste espace forestier était destiné à un grand projet immobilier. « On parlait de 70 lots et résidences, avec des cheminements en pente très raide. Cela nous a choqué d’apprendre que nous allions réaliser un tel projet dans un écosystème aussi sensible. Tant en termes de qualité de l’eau, d’habitats forestiers, que de connectivité des corridors fauniques et de préservation des paysages», indique en entrevue la directrice générale du Corridor appalachien, Mélanie Lelièvre.

Le propriétaire des lieux, Guy Brière, également promoteur à l’origine du projet d’habitation, avait déjà commencé une partie des travaux, notamment l’aménagement des sentiers. « Il était minuit moins une minute. Le site Internet de vente de terrains était sur le point d’être lancé. Il a fallu se mobiliser», argumente le DG de l’organisme de conservation.

La directrice générale du Corridor appalachien, Mélanie Lelièvre. (Archives La Voix de l’Est)

Le site en question est au cœur des Montagnes Vertes, qui relient le Québec et le Vermont, dans la grande chaîne des Appalaches. « La partie nord de ces montagnes représente l’une des dernières régions du sud du Québec où subsistent de grandes étendues sauvages. Ses vastes forêts non fragmentées abritent une faune incroyablement diversifiée et fournissent un habitat précieux à près de 90 espèces en situation précaire, dont la petite chauve-souris brune, le noyer cendré, le faucon pèlerin et la salamandre pourpre. sur le site Web de Conservation de la nature Canada (CNC).

De plus, les travaux du CNC et de Corridor appalachien et de leurs partenaires ont déjà permis de protéger une partie de la partie québécoise de cet écosystème unique. L’ajout de ce site privé de centaines d’hectares à la zone préservée constituerait un « coup de circuit », image Mélanie Lelièvre.

Hors norme

Les nombreuses rencontres entre les membres des deux organismes de conservation et le propriétaire ont porté leurs fruits. « Nous avons réussi à bousculer ses orientations. À tel point qu’en juillet dernier, nous avons signé une offre d’achat. Il s’agit de notre plus gros projet à ce jour en termes de superficie », argumente Mélanie Lelièvre.

La valeur globale du site, y compris les coûts liés au projet de préservation, est estimée à 16,4 millions de dollars. Un budget « extraordinaire » dans le domaine de la conservation, souligne-t-elle. “C’est un projet plus grand que nature à tous les niveaux.”

De son côté, Guy Brière s’est engagé à faire des dons de servitudes de conservation estimés à 7,4 millions de dollars, indique le DG du Corridor appalachien. Il s’agit du plus grand don écologique de tout le territoire des Montagnes Vertes, souligne-t-elle.

Le CNC et Corridor appalachien doivent donc réunir près de neuf millions de dollars pour réaliser le projet. Nous espérons obtenir des subventions totalisant sept millions de dollars, provenant à parts égales du ministère de l’Environnement du Québec et de son homologue d’Ottawa. Nous prévoyons également de récolter 1,5 million de dons auprès de fondations privées.

Les deux organismes de conservation comptent également sur les dons du grand public pour récolter un demi-million de dollars. La campagne de financement est également en cours. Mais le montage financier pour finaliser l’acquisition doit passer à la vitesse supérieure, car la date limite pour réunir l’ensemble des fonds a été fixée à la mi-février 2025.

D’une pierre deux coups

On pourrait croire que l’appât du gain était le leitmotiv du propriétaire du vaste domaine concernant le projet d’habitation initialement prévu. Mais non. Ironiquement, les bénéfices générés par la vente des terres devaient être injectés dans un projet de recherche sur l’impact du changement climatique sur la faune. “M. Brière constate l’impact de certaines perturbations sur le milieu forestier. Et l’envie d’agir est née en lui», résume Mélanie Lelièvre.

La préservation de la forêt est au cœur du projet du propriétaire. (Corridor appalachien)

Ainsi, si le projet de conservation se concrétise, Guy Brière pourra faire en sorte que le projet de recherche se réalise sans avoir à sacrifier une partie de la forêt.

Au moment de la publication, il n’était pas possible de parler avec Guy Brière.

 
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