Par
Mathilde Carnet
Publié le
25 novembre 2024 à 7h10
Voir mon actualité
Follow Le Courrier de l’Eure
Ce mois de Novembre est particulier pour Stéphane T. Le 17 mai 2024, son père, Marc, 72 ans, a été est mort d’un cancer de la prostate. Alors le mouvement Movemberun événement caritatif qui sensibilise aux cancers masculins comme celle de la prostate et des testicules et récolter des fonds pour la santé des hommes, l’émeut beaucoup.
Un cancer intime
“Il y a un tabou autour du cancer de la prostate, c’est intime. Certains hommes, surtout parmi les plus âgés, n’en parlent pas », constate Stéphane, qui habite à Saint-Étienne-sous-Bailleul, près de Vernon.
Pour son père, il a participé à l’un des événements organisés par Freddy Paillard, entraîneur auAssociation chinoise des sports et des arts de Bourgtheroulde et ambassadeur de la fondation Movember en France.
Le professeur d’arts martiaux organise depuis deux ans des événements dans l’Eure pour Movember. Début novembre, Stéphane se trouvait chez l’un d’entre eux, à Saint-Marcel, avec sa fille de 11 ans, Eléane. Il y avait un parcours d’activités sportives : basket, football, crossfit… A réaliser. « Nous avons gagné le trophée, nous avons tout donné. Ma fille a dit : “C’est pour grand-père” », sourit Stéphane, les larmes aux yeux.
“Personne n’en parle”
Marc n’était pas du genre à aller chez le médecin tous les quatre matins. Retraité, actif, il passait son temps dans son jardin. Alors, quand il a commencé à avoir douleurs à l’estomac et rétention urinaireil gardait son inquiétude pour lui. « Il a fini par en parler à ses frères et beaux-frères… C’est comme ça que j’ai appris que presque tous mes oncles avaient été touchés par ce cancer. Personne n’en parle ! » s’exclame Stéphane.
Finalement, Marc décide de prendre rendez-vous avec un urologuee : à 70 ans, il n’était jamais allé en voir. Entre les problèmes de carte santé et l’emploi du temps chargé du spécialiste, il a fallu six mois au retraité pour consulter. « Quand l’urologue l’a vu, il était déjà tard. Taux de PSA [antigène prostatique spécifique] était à 140, alors qu’il n’aurait pas dû dépasser 4. »
C’est un coup dur pour Marc et sa famille. Surtout quand l’urologue dit que Marc avait “six mois de retard dans son traitement”. « Ce n’était pas seulement la prostate, des métastases s’étaient développées dans tout le corps », se souvient le fils. Résultats : le vieil homme, bien que si actif, avait du mal à marcherne pouvait plus faire de vélo. “C’est un cancer vicieux, qui se développe rapidement…”
Il ne dormait plus et devait constamment uriner. Il allait de lit en canapé, et de canapé en lit.
Radiothérapie, injections anti-hormonales… les traitements se succèdent pour Marc, qui souffre de plus en plus. « Il ne dormait plus, il devait constamment uriner. Il allait de lit en canapé, et de canapé en lit. » Pour la famille, c’était très dur aussi. Marc, qui n’avait pas l’habitude de s’exprimer et encore moins de se plaindre, n’a pas parlé de l’épreuve qu’il traversait. « Si nous ne lui avons pas demandé, il n’en a pas parlé et il a coupé court. Même aux médecins, il n’a pas dit tout ce qu’il traversait. »
Comme Marc n’avait plus de médecin traitant au début de son cancer, le suivi médical était compliqué. Au point que la famille, et le patient lui-même, ont eu du mal à suivre. « Le mot ‘cancer’ n’a pas été prononcé, nous n’avons pas compris le niveau de gravité de la maladie. »
L’importance du dépistage
Finalement, la radiothérapie fonctionne. Le taux de PSA chute drastiquement, l’espoir renaît. « C’était l’été 2023, nous étions dans la Creuse pour les vacances. Mon père se déplaçait, pouvait à nouveau faire du vélo… » se souvient Stéphane. La famille pense alors que Marc est tiré d’affaire. Cependant, en hiver, la maladie réapparaît. Pire encore, le cancer s’était répandu. Le retraité décède six mois plus tard17 mai 2024. « Il a souffert le martyre. Il avait mal partout, il ne mangeait plus, il ne pouvait plus se retenir d’uriner… c’était ingérable pour lui et pour ma mère », exprime difficilement Stéphane.
A travers son témoignage, le fils de 52 ans souhaite avant tout sensibiliser les hommes au dépistage. « Mon père n’avait jamais passé de test, ça aurait sûrement pu tout changer. » Depuis ce drame, Stéphane fait contrôler chaque année son taux de PSA, avec une simple prise de sang. « Je parle sans tabou de cette histoire pour que les gens n’hésitent pas à se faire tester. »
Quand consulter ?
Uriner avec moins de force, trop souvent ou, plus généralement, ressentir une perte de confort urinaire sont des signes qui doivent vous alerter. L’Association française d’urologie (AFU) recommande le dépistage du cancer de la prostate chez les hommes entre 50 et 75 ans et à partir de 45 ans chez les personnes ayant des antécédents familiaux. Le dépistage consiste à prendre le taux de PSA dans le sang et à réaliser un toucher rectal.
En France, 8 000 hommes meurent chaque année du cancer de la prostate.
Bougez pour Movember
Stéphane souligne l’importance du mouvement Movember pour sensibiliser les gens. « Ce que fait Freddy est génial. » Dimanche 1er décembre 2024, Freddy Paillard organisera une nouvel événement au Grand Bourgtheroulde « Bougez pour Movember ». Une séance de formation arts martiaux aura lieu de 10h à 12h au gymnase Bruno Benedetti. Au programme : cross training, kunfgu, taijiquan et boxe chinoise. Les fonds récoltés seront reversés à la fondation Movember.
Pour participer à l’événement Move for Movember le 1er décembre à Grand Bourgtheroulde, inscrivez-vous en ligne https://bit.ly/3THoO1q ou sur place. Événement familial.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.