“On ne pourra plus faire le même festival”

“On ne pourra plus faire le même festival”
“On ne pourra plus faire le même festival”

« Oui, nous avons franchi une étape ici. C’est la première fois que nous vivons cela. C’est un retour en arrière brutal et paradoxal. Nos salles sont pleines, nous battons des records de fréquentation et on nous annonce une baisse très importante. » Arnaud Dumatin, co-délégué général du festival Cinéma de La Rochelle (Fema), le plus grand festival de cinéma de Nouvelle-Aquitaine, mais avec le plus petit budget (devant Angoulême, Bordeaux, Biarritz…), ne s’emporte pas. Comme tous les acteurs culturels du département de Charente-Maritime, il a été reçu en octobre dernier par Catherine Desprez, conseillère départementale chargée des affaires culturelles, concernant une réduction de 50 % de la subvention allouée aux structures.

« Tout le monde sera impacté et cela va ébranler le monde de la culture »

Des directeurs de théâtres, d’événements ou d’associations, jeunes et moins jeunes, sont tombés de leur chaise. Comme elle l’a annoncé devant l’assemblée départementale, pour tenter d’économiser un budget réduit par la baisse des droits de mutation immobilière, la présidente Sylvie Marcilly (parti Horizons) ne rognera pas sur les enjeux sociaux mais sur ses « compétences optionnelles », dont la culture est une partie. « Nous accueillons les acteurs culturels pour ne pas les traiter de traîtres. Tout le monde sera impacté et cela va ébranler le monde de la culture. Mais rien n’est voté. Nous continuons d’affiner nos interventions», reconnaît, tout en voulant rassurer, Catherine Desprez. L’élu a déjà reçu une quarantaine de structures et en a encore autant à notifier.

Peu de marge de manœuvre

L’année dernière déjà, la subvention culturelle a subi une réduction générale de 10 %. Alors évidemment, une baisse de 50 % aura des conséquences plus ou moins graves pour certains. Chez la Fema, la perte s’élèverait à 31 000 euros. « On ne pourra plus faire le même festival. Nous avons déjà un budget très raisonnable mais peu de ressources propres, donc peu de marges de manœuvre. Faut-il décider de supprimer un jour ? C’est un signal alarmant et indésirable, très problématique pour le public, les partenaires… Faut-il réduire la clientèle, les trajets, augmenter le prix des billets ? », demande la codirection, qui prépare l’édition 2025.

“C’est une baisse énorme et sérieuse pour tout le monde”

Même inquiétude du côté de La Coursive. Depuis 2021, la scène nationale rochelaise ne cesse de constater une baisse des aides du Département. 237 000 euros en 2021, 204 300 en 2024. La moitié est donc annoncée pour 2025. Pour son directeur Franck Becker, « c’est une baisse énorme et sérieuse pour tout le monde ». “Si j’additionne les subventions qui n’ont pas été revalorisées depuis quinze ou vingt ans, leur réduction, et la hausse des charges (plus 150 000 euros de gaz et d’électricité), on est à -500 000 euros de soutien à la création”, explique le directeur. de La Coursive. Où va-t-il économiser de l’argent ? Dans les coproductions, qui aident souvent les compagnies locales et qui ont déjà fortement diminué, dans le nombre de spectacles, déjà réduit de 77 à 67 entre 2024 et 2025, les actions culturelles destinées à différents publics, ou encore l’augmentation du prix des billets. , qui a déjà augmenté d’un euro l’an dernier…

Impact économique et social

Mais surtout, les responsables entendent rappeler que la culture n’est pas un concept, c’est aussi l’emploi local. Et le sacrifier, c’est mettre en péril des dizaines de postes dans de nombreux secteurs d’activité du territoire. Par exemple, la Fema travaille avec 80 prestataires, des dizaines d’intérimaires… Demain, aura-t-elle les moyens d’employer un graphiste, des auteurs, de faire imprimer son fameux catalogue… « Bien sûr, il y aura un impact économique et social. Ce n’est pas seulement une chose symbolique», selon Arnaud Dumatin. “Nous réinjectons une partie de ces ressources dans l’économie locale, les artistes sont hébergés dans des hôtels, mangent dans des restaurants…” confirme Franck Becker. Moins de spectacles sur les plateaux, c’est moins de techniciens embauchés, de régisseurs, d’éclairagistes, de costumiers, etc. Un premier serrage de ceinture a eu lieu l’année dernière.

En pleine période d’austérité financière, le monde de la culture retient son souffle, attendant aussi ce que la Région annoncera en soutien.

Enfin, on parle aussi d’un gel du budget du ministère de la Culture… Seul lot de consolation avancé par Catherine Desprez : le Département ne devrait pas toucher – ou seulement de façon minime – au dispositif d’aide à la diffusion des communes et à son soutien aux Sites en scène, une émission populaire populaire qui mêle culture et patrimoine.

 
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