le profil des accusés au menu de la première audience

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Ce n’est pas courant, un avocat de la défense a demandé que soit enregistrée la procédure qui a débuté jeudi matin. Les faits remontent au 4 mai 2021. Peu avant minuit, place Mirabeau, à Bloisun jeune homme est retrouvé grièvement blessé par un tir de plombs et trois coups de couteau.

Contrainte de revivre ce souvenir douloureux, la victime prénommée Amara, baisse les yeux, impassible. Amputé au-dessus de la cuisse, le jeune homme porte une prothèse qui l’oblige à se lever régulièrement. Le Dr Pauline Saint-Martin, qui a procédé à l’expertise médico-légale, indique que son pronostic vital était engagé en raison d’une importante perte de sang. Durant sa convalescence, le jeune homme était régulièrement réveillé par des douleurs « des fantômes car le patient a l’impression de ressentir son membre amputé, et comparables à ceux ressentis par les grands brûlés ».

Le président de la cour d’assises, Lionel Da Costa Roma, rappelle aux trois accusés qu’ils risquent la réclusion à perpétuité. Cette première journée sera consacrée à leurs récits de vie. « Quelles sont vos positions par rapport aux faits ? “, demande le président. Les trois jeunes restent constants. Rayan reconnaît être l’auteur du coup de feu, son cousin Nassim, présent dans la voiture mais affirme n’avoir pas été témoin de la scène. Quant à Timothée, il répète qu’il n’était pas présent.

“On fait tous des erreurs, j’étais en mauvaise compagnie”

Cheveux longs retenus par une queue-de-cheval, Rayan, 23 ans, a grandi à Blois dans une famille aimante. Après avoir raté son baccalauréat, il a été renvoyé d’un établissement scolaire pour racket, puis a travaillé dans l’intérim. Son casier judiciaire comporte dix condamnations. “Nous faisons tous des erreurs, j’étais en mauvaise compagnie” “Deux faits ont été constatés en détention, dont la possession de 30g de cannabis”, explique-t-il au président. « Comment voyez-vous l’avenir ? » « J’ai déjà envie de travailler en prison pour me réinsérer, puis suivre une formation en mécanique ». Devant la psychologue, il a décrit les événements comme un accident et avoir tiré par peur avant de lui confier la victime : « Il doit détester ce type » à propos de la victime.

Vêtu d’un sweat-shirt blanc, son cousin Nassim, bientôt 22 ans, se décrit comme “silencieux et timide”. Au moment des faits, il était ouvrier d’entretien. Il est également né à Zup, l’un des trois enfants. Il a arrêté sa scolarité en première année dans le secteur de l’électricité. Mineur, il a été sanctionné pour injures, puis jeune majeur pour trafic de stupéfiants : “Je n’avais aucun rôle, j’ai été mis au mauvais endroit.” Emprisonné jusqu’en octobre 2022 puis assigné à résidence sous surveillance électronique, il a retrouvé son emploi en janvier dernier et envisage une formation en plomberie. Selon l’évaluation psychologique, « Il ne se sent pas responsable des événements ».

Timothée s’est finalement rendu un mois et demi après l’attaque de la place Mirabeau. Ce jeune homme de 23 ans, à la silhouette élancée et au look afro, est né à Djibouti. Adopté à l’âge de 1 an, il grandit à Blois avec trois autres enfants dont deux handicapés, auprès desquels il se montre protecteur. La mort accidentelle de son frère aîné, né comme lui à Djibouti, l’a bouleversé. « Vers 17 ans, je me suis renfermé, je traînais, je ne savais pas quoi faire de ma vie. » Sa scolarité est interrompue, il se brouille avec ses parents et se drogue. En décembre 2020, lors de la même comparution immédiate que Nassim, il a été condamné à quatre mois de prison suite au démantèlement d’un point de deal.

Cette première journée d’audience se termine. Deux vidéos filmées en cellule et publiées sur les réseaux sociaux par les deux accusés incarcérés sont diffusées devant le tribunal à la demande de la partie civile. L’un d’eux montre Timothée tout sourire démontrant l’expertise médicale de la victime. « C’est une erreur, je me sentais mal d’être en prison alors que je n’avais rien fait. » Face à lui, Amara ronge son frein.

 
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