ces jeunes qui veulent voter pour le RN

ces jeunes qui veulent voter pour le RN
ces jeunes qui veulent voter pour le RN
Publié le 27/06/2024 à 06:08

Écrit par Barlot solennel

Après le score tonitruant du Rassemblement national aux élections européennes, la possibilité qu’il obtienne la majorité aux élections législatives anticipées se profile. Les jeunes se tournent de plus en plus vers ce parti, certains nous expliquent pourquoi.

Selon un sondage Ipsos au lendemain des élections européennes, la liste Bardella fait bien mieux auprès des moins de 25 ans qu’en 2019, passant de 15% à 26% des voix. Le constat est clair, le RN séduit de plus en plus de jeunes. Le score du parti devrait rester élevé lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, en partie grâce au vote des jeunes. Certains envisagent de voter au Rassemblement national le 30 juin, ils nous expliquent pourquoi.

Matt* a 20 ans. Il est étudiant en mécanique près de Clermont-Ferrand et, lors des élections européennes, il a voté pour la liste de Jordan Bardella. : « J’ai voté pour le RN parce que, dans leur programme, ils veulent baisser la TVA sur l’électricité, le gaz, le carburant et que cela pourrait aider beaucoup de Français à vivre mieux. Ils veulent aussi une augmentation de 10 % des salaires. C’est aussi parce qu’ils sont opposés à l’immigration et ont plus de considération pour les citoyens français. Ils ont une préférence nationale plutôt que de loger les immigrés. Je ne suis pas contre l’immigration, car il y a plein d’étrangers qui viennent en France pour travailler et qui s’arrangent pour s’en sortir. Je suis contre ceux qui viennent profiter du système sans rien faire. »

“Dans la politique actuelle, je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à redire, mais il y a beaucoup de négligence.” il dénonce. S’il connaît les mesures clés du RN, c’est aussi grâce à une communication approfondie sur les réseaux sociaux. “Ils sont bons sur les réseaux sociaux, notamment grâce à TikTok et aux vidéos de Jordan Bardella sur cette plateforme.”

Lucile* est commerciale. A 26 ans, elle pense elle aussi voter pour le RN le 30 juin prochain. «Nous devrions réduire la durée des permis de séjour si les personnes ne peuvent pas trouver de travail pendant un certain temps et limiter l’immigration en choisissant en priorité les étudiants et les travailleurs. C’est principalement ce qui m’a convaincu au RN : le contrôle de l’immigration. Je ne suis pas raciste mais je sais qu’il y a des racistes qui votent pour le RN. Il y a toujours des c***s mais je pense que la majorité des gens qui votent RN sont des gens comme nous, pas les cinglés qui ont voté pour Jean-Marie le Pen à l’époque. »

Lucile explique pourquoi elle est malgré tout opposée à l’immigration : “Pour moi le problème, c’est l’insécurité en France, avec le chiffre de 77% des viols en Île-de-France commis par des étrangers”. A noter que ce chiffre de 77% de viols commis par des étrangers en 2020 se base sur les actes commis dans la rue, ceux-ci représentant environ 10% de l’ensemble des viols recensés en Île-de-France chaque année. Il ne s’agit donc pas d’un pourcentage du nombre total de viols. Mais ce n’est pas le seul aspect de la politique étrangère que Lucile souhaiterait voir évoluer : «Je suis pour l’arrêt de l’aide à l’Ukraine ou au moins pour son ralentissement. Nous avons assez de choses à financer en France. Nous devons aider les Européens en priorité mais de manière plus modérée. »

Elle qui a toujours voté pour la droite traditionnelle se sent prête à changer : « C’est surtout pour des problèmes d’insécurité. Sinon, j’ai toujours voté à droite parce que je pense qu’il faut limiter les aides sociales. Il faut réduire la durée du chômage. Ce n’est pas normal. Je paie 600 euros d’impôts par mois et ça me rend fou que ce soit pour des gens qui ne travaillent pas pendant des mois et des mois. Avoir droit au chômage c’est normal, le montant me convient, mais pour moi il faut réduire la durée. D’autres aides aussi, je pense, sont trop importantes. Moi-même, lorsque j’étais en alternance, grâce à toutes les aides, je gagnais beaucoup plus que certaines personnes qui travaillent 35 heures. C’est indécent. » Elle explique aussi avoir été séduite par le RN en partie grâce aux réseaux : « Au fond, je ne suis pas très politique mais sur les réseaux sociaux, Bardella est très présente. Il sait nous mettre au défi. »

Marie, 26 ans, a radicalement changé. Elle, qui avait longtemps refusé la tentation de l’extrême droite, a changé d’avis. Elle explique avoir été déçue par ceux à qui elle avait donné sa voix : « Aux élections présidentielles, j’ai refusé de voter RN, j’ai trouvé ça honteux. Je me suis même mis en colère contre certaines personnes de ma famille à cause de cela. Aux deux tours, j’ai voté pour Macron. Aujourd’hui, je pense différemment. Je ne supporte pas qu’on vous traite de fasciste alors que vous voulez voter RN. Chacun est libre de voter comme il veut. Je peux comprendre que c’est compliqué d’évoluer vers l’extrême droite. Je pense que ça fait peur parce qu’on a encore l’image de Jean-Marie Le Pen. Peut-être que ceux qui dirigent ce parti ne sont pas sincères, mais ceux qui votent ne sont ni fascistes ni racistes. Peut-être que oui, mais ce n’est pas du tout ma façon de penser. Je pense que ceux qui disent « surtout pas le RN », sont ceux qui s’en sortent mieux financièrement ou qui ne ressentent pas d’insécurité comme moi. »

« Je suis très heureux qu’ils aient obtenu 32 %. Ce qui me donne envie de voter pour le RN, je crois qu’il en a marre de la politique actuelle. Nous voulons montrer au président et à toute son équipe qu’il en a marre. Ils traversent tout en force, ils ne nous écoutent pas, on meurt », dénonce-t-elle. Selon elle, sa situation professionnelle et financière a joué un grand rôle dans sa décision : « Je ne suis pas dans la rue, je ne meurs pas de faim, mais je ne vis pas correctement. Je suis à moins de 20 euros et ce n’est pas normal pour quelqu’un qui a étudié 5 ans, qui travaille, qui paie ses impôts en France. J’en suis à 20 euros et j’en ai marre. Le fait qu’ils veuillent baisser les taxes sur le gaz, l’électricité et l’essence est un pas dans notre direction. Ce sont des choses que nous consommons quotidiennement et dont nous avons besoin. Je prends ma voiture pour aller travailler. A presque 2 euros le litre, quand je dois faire un aller-retour, j’y réfléchis à deux fois. J’ai l’impression d’avoir tout le temps une corde autour du cou. Cela me stresse beaucoup. Parfois je pleure. J’ai un budget épicerie à ne pas dépasser, j’essaie de faire des gros pots, de congeler, de respecter mon budget. Quand il faut tout payer à côté, on ne peut pas aller plus haut. »

Comme d’autres, elle évoque également l’insécurité. : « Je ne me sens pas en sécurité. Si je dois aller à Paris, je tremble, je ne veux pas. Même à Clermont-Ferrand, je ne me promène plus seul. » Pour Marie, la politique d’immigration ne convient pas non plus : « Réguler l’immigration, pour moi, c’est d’abord donner aux Français et ensuite aider les autres. Il ne s’agit pas de fermer la porte à tout le monde. Je ne suis pas pour ne plus accueillir personne, mais il y a des Français qui travaillent dur, qui n’en peuvent plus. Ce sont eux qui financent et ils n’ont droit à aucune aide, ils sont sous l’eau. Je pense qu’il faut filtrer entre ceux qui viennent parce qu’ils sont en difficulté dans leur pays et ceux qui viennent chercher de l’aide, comme ailleurs ! Aux États-Unis, ils filtrent, au Canada, ils filtrent, en Australie, ils filtrent, mais en France, si nous voulons faire la même chose, nous sommes racistes. Nous devons d’abord essayer de faire vivre correctement notre population et notre nation, puis aider ceux que nous pouvons. »

Pierre* est menuisier en Auvergne. A 23 ans, il vote pour le Rassemblement National aux élections européennes. Il explique ne pas être d’accord avec l’image raciste qui colle à l’extrême droite : « Je pense que le RN essaie le plus possible de prendre ses distances avec cette image qui lui colle à cause des médias qui ont peur de leur programme. Je pense que les médias sont seuls responsables de cette situation et oui pour moi il est possible de parler d’immigration et d’insécurité sans être « fasciste » ou raciste. »

La baisse de la TVA sur l’énergie, “C’est bien, mais l’essentiel, ce sont les points sur la sécurité et l’immigration », indique-t-il : « Comme la suppression des allocations familiales pour les parents de récidivistes juvéniles : si les parents étaient impactés, ils ne laisseraient pas les enfants faire un tel gâchis. Rétablir les peines minimales pour les infractions liées aux agents ou aux drogues est une très bonne idée. Et d’une manière générale disons que ce que j’attends du RN, c’est de favoriser les travailleurs étrangers ou français et de ne rien donner aux paresseux, encore une fois français ou étrangers et c’est le seul parti où j’y ai de l’espoir. Dans ma vie quotidienne, le ressenti ne porterait sûrement que sur l’électricité ou les produits de première nécessité j’imagine. Et à long terme, la paix dans la ville. »

Selon Ipsos, la progression la plus significative du RN se situe peut-être dans la classe moyenne, où le RN a clairement pris le leadership : les scores sont passés de 19 % à 29 % dans les professions intermédiaires (+10 points), de 16 % à 29 %. % parmi Bac +2 (+13). Le RN a aussi enregistré des gains de plus de 50% chez les cadres (de 13% à 20% des voix, +7), tout en renforçant sa base traditionnelle (40% chez les salariés, record de 54% chez les ouvriers, +14). Il est devenu le premier parti des salariés (36% des voix), du public (34%) et du privé (37%). La concurrence est écrasée, elle est considérable. Le vote RN a également largement pénétré la catégorie des Retraités, avec 29 % des suffrages (22 % en 2019).

*Les prénoms ont été modifiés

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Finale du Top 14. L’UBB se dirige vers Marseille, poussée par son public
NEXT trois personnes blessées