Tour de France 2024 | Stage 2

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L’ombre de Marco Pantani planera sur ce Tour de France. Elle avait déjà enveloppé le dernier Giro, passé par Cesena et les pentes d’Oropa. Mais avec ce Grand Départ en Italie de la Grande Boucle, l’heure de Pantani sonne à nouveau. Entre l’arrivée samedi soir à Rimini, où Pantani a quitté ce monde un jour de Saint-Valentin fatal, et qui s’élance ce dimanche de Cesenatico, la ville où il a grandi et où se trouve sa tombe, on est quelque part entre hommage et pèlerinage. Sans parler de ce doublé mythique Giro-Tour, auquel s’attaque Tadej Pogacar et que personne n’a accompli depuis le Pirate aux oreilles décollées.

Pantani, ce sont sept lettres figées dans la légende de son sport. Des montagnes, surtout. Comme Bahamontès. Des noms qui sentent la pente, qui résonnent depuis les parois glacées du Stelvio jusqu’à celles, brûlantes, de l’Alpe d’Huez. Et tant d’autres. Dans sa vie et dans sa mort, Pantani a forgé son mythe, bien vivant deux décennies après sa mort, et nous laisse une histoire complexe et ambivalente, entre fascination pour ce qu’il était et répulsion pour une époque que beaucoup refusent d’accepter. il en est l’une des incarnations. Et encore.

Marco Pantani lors du Tour de France 2000

Crédits : Getty Images

La carrière de l’Italien a largement suivi celle de l’ère EPO, arrivée dans la première moitié des années 90, comme lui, avant de connaître une sorte d’apogée à la fin de celle-ci, toujours comme lui. Le Tour de France 1998 reste celui de l’affaire Festina, de la gangrène généralisée, mais Marco de Cesenatico règne toujours en maître au palmarès de cette édition de sinistre mémoire. Comme si de rien n’était. Comme si de rien n’était. Après lui, juste après lui, vint l’ère Lance Armstrong et tout ce qu’elle a épuisé. Il a été effacé de l’histoire du Tour. Mais pas le couronnement de Pantani. Y a-t-il des gentils et des méchants ? Le diable banni et le petit diable pardonné ?

Le Texas est loin et c’est une bonne chose, mais s’il avait été à côté, on imagine mal Christian Prudhomme organiser le passage de la caravane et du peloton dans les rues d’Austin pour une procession commémorative. Le patron du Tour et ses équipes ont-ils hésité à venir ici en mettant autant l’accent sur ce qui semble être « le week-end Pantani » ? “Marco Pantani est définitivement la lumière et l’ombrePrudhomme a concédé cette semaine. Mais son nom est écrit des centaines de fois sur les routes italiennes, il y a un côté fascinant« .

L’enfer, c’est les autres, les salauds aussi

Nous voilà. Ce n’est pas un ancien vainqueur que l’on vient célébrer ici, mais une forme de mythe. L’homme fascinait, le coureur aussi, comme s’il venait d’une autre époque. Pantani était intemporel. Différent des dirigeants de son temps, les Indurain, les Ullrich et les Armstrong, avec lesquels il a dû se battre. Cela a nourri l’imagination. C’est peut-être pour cela qu’il a été plus pardonné qu’aux autres.

En Italie, l’éponge était moins chargée et largement ignorée. Chez nous, dans cette Émilie-Romagne des plages de l’Adriatique, on ne dit pas du mal de Marco Pantani. Là-bas, personne ne songera à le réduire à un tricheur qui a perdu son âme dans le dopage et sa vie dans la drogue. Il reste un héros mythique par ses envolées, et un héros tragique par sa mort très précoce, à 34 ans. A Cesenatico, où sa statue l’impose sur la Piazza Marconi debout sur ses pédales, dansant et escaladant un bloc de granit en pente, là il n’y a pas de controverse. Le personnage est essentiel et aimé.

La statue de Marco Pantani à Cesenatico.

Crédit : Getty Images

En plus de la statue, Cesenatico abrite le tombeau de Pantani et un musée à sa gloire et à sa mémoire, dont la directrice, Serena Boschetti, n’est autre que la nièce du défunt grimpeur. “Ce qui nous surprend, c’est de voir parmi les visiteurs des enfants, des jeunes qui n’étaient pas nés quand Marco courait. Il fascine toujours par ses victoires, son style offensif, son look de pirate, avec son bandana et ses boucles d’oreilles, mais aussi par son parcours : il a eu tant de blessures et de difficultés mais il a toujours réussi à revenir sur la bonne voie.», confiait-elle à l’AFP il y a quelques jours.

Rien, pas même ses pages les plus sombres, comme son exclusion du Giro 1999 pour un taux d’hématocrite supérieur à 50% à deux jours de l’arrivée alors que la victoire lui était promise, ne semble avoir d’influence sur son héritage auprès de ses fans. Déjà à l’époque, beaucoup le voyaient davantage comme le prisonnier d’un système mondial qui lui tournait le dos que comme un coupable. Une victime, Pantani ? L’enfer, c’est les autres, les salauds aussi.

Je sais à quel point il a été important pour le cyclisme en Italie et dans le monde

Même dans la mort, l’icône fait débat. Depuis 20 ans. Officiellement, la théorie d’une overdose de cocaïne dans cette chambre d’hôtel de Rimini reste la seule avancée. La famille a mené une longue bataille judiciaire, persuadée que Pantani a été tué. En 2014, dix ans après sa mort, les conclusions de la contre-enquête ouverte ont confirmé la thèse officielle. Mais à l’image de Tonina, la mère de Marco, la colère ne s’est jamais estompée. Présente ce week-end, l’arrivée du Tour a tendance à aiguiser sa douleur plus qu’à l’apaiser.Le mal ne disparaît pas avec un hommage 20 ans plus tard», clame-t-elle.

Le Tour après le Giro : 1998, une époque de triomphes pour Marco Pantani.

Crédits : Imago

Complexe et controversé, jusqu’au bout et même au-delà de sa mort. Marco Pantani a donné au cyclisme une incroyable popularité à la fin du siècle précédent. Il a contribué à sa grandeur mais, comme d’autres, il a aussi incarné une génération qui a fait beaucoup de dégâts. Elle n’était pas responsable de tout, mais l’absoudre à 100 % est impossible. Le système a les épaules larges, mais tout mettre sur son dos…

Je suis trop jeune pour me souvenir de Pantani de son vivant, mais j’aimerais accomplir ce qu’il a fait. Je sais à quel point il a été important pour le cyclisme en Italie et dans le monde.» Ainsi parle Tadej Pogacar, dont la quête du doublé Giro-Tour contribue à raviver le souvenir d’un champion qui, de son pouvoir de fascination à ses contradictions, reste à l’écart.

Le temps est chargé de réguler l’héritage de chacun. Pantani continue donc d’occuper une place unique. Parce qu’il était différent, mystérieux, et parce qu’il est mort jeune. Il y a Senna dans sa maison. Les deux hommes sont partis au même âge à dix ans d’intervalle. Le mythe de Pantani. La mythologie de Pantani. Il n’était pas un saint. Son aura était plus grande que son halo. Dans toute son humanité, pleine de forces et de faiblesses, le Pirate perdure.

 
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