Après environ un an et demi d’enquêtes, c’est la chute pour la « Guyane connexion ». Quatre Guyanais, âgés de 21 à 42 ans, ont été mis en examen vendredi à Versailles (Yvelines) pour trafic et importation de stupéfiants. Le quatuor a été placé en détention provisoire. Ces hommes sont soupçonnés d’avoir mis en place un système aéroportuaire rentable d’importation de cocaïne en provenance de Cayenne.
Selon les éléments recueillis lors des investigations, ce réseau communautaire francilien approvisionnait le sud des Yvelines. Un commerce rentable, car un kilo de « zip » coûte 5 000 euros en Guyane tandis qu’en région parisienne, selon qu’il est vendu au kilo ou au gramme, son prix oscille entre 25 000 et 65 000 euros.
C’est le 25 mai 2022 que les enquêteurs de l’Ofast de Versailles, l’office anti-stupéfiants, ont ouvert une enquête concernant un trentenaire qui habite le quartier des Garennes, à Guyancourt. Dans le cadre d’une autre affaire, la police a procédé à une perquisition à son domicile. Ils avaient mis la main sur une petite quantité de cannabis et quelques objets de grande valeur. Cet homme originaire de Cayenne étant déjà connu pour des affaires liées à la drogue, la police décide de se pencher sur le sujet.
Un approvisionnement qui a transité par le 93
Ils effectuent une surveillance physique et technique et surveillent les déplacements de leur suspect. Les autorités constatent que ce trentenaire se rend régulièrement dans un immeuble de Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis) pour manger de la « zipette ». Une demi-douzaine d’opérations de ravitaillement dans le 93 se sont ainsi concrétisées sur plusieurs semaines.
Le voyou vend du « CC » à ses clients locaux. Et en bon entrepreneur, il a aussi diversifié son offre en achetant du cannabis près de Bezons (Val-d’Oise) pour approvisionner les consommateurs. Le suspect se déplace également pour collecter de l’argent auprès d’autres trafiquants des Yvelines.
Selon nos informations, les mulets sont arrivés directement par avion et sont passés par l’appartement en Seine-Saint-Denis, ont déposé leurs marchandises avant de repartir. « Dans ce département d’outre-mer, les candidats au chômage se bousculent pour assurer le transport des œufs. Ils sont payés 5 000 euros et peuvent transporter environ 1 kg par trajet et par personne. »
Huit personnes arrêtées, la moitié relâchées
Les enquêteurs du groupement interministériel (GIR 78), spécialiste des enquêtes financières, ont identifié un lieutenant résidant à Villepinte (Seine-Saint-Denis) qui était chargé de financer les billets d’avion des contrebandiers de poudre.
Le 18 novembre, huit personnes ont été interpellées dans les Yvelines – à Guyancourt et Montigny-le-Bretonneux – et en Seine-Saint-Denis – à Neuilly-Plaisance et Villepinte – avec le concours de brigades cynophiles et d’élus locaux de petite couronne.
Les perquisitions ont permis de retrouver 3 285 euros mais aucun produit stupéfiant n’a été retrouvé. La moitié des suspects ont été disculpés puis relâchés. Les quatre principaux malfrats, tous connus pour leur implication dans le trafic de drogue, sont restés silencieux durant les audiences.