Président de la délégation audoise de la Fédération de l’hôtellerie de plein air (FHPA), Antoine Lacuve, à la tête de deux campings dans le département, à Villegly et Arques, assure que le secteur a déjà amorcé sa mutation. Entre solutions techniques, pari sur la nature et sensibilisation des usagers, il veut croire en un avenir pour les établissements qui seront durement touchés par l’accumulation de journées et de nuits caniculaires durant lesquelles la température ne descendra pas en dessous de 20°c.
Président depuis juin 2024 de la Fédération de l’hôtellerie de plein air (FHPA) dans l’Aude, Antoine Lacuve assure que le sujet du réchauffement climatique est bien à l’ordre du jour de la filière : « Nous y travaillons, avec des discussions lors de réunions régionales. Nous sommes en pleine réflexion pour trouver des solutions pour nous adapter. Une véritable urgence, en Occitanie, et bien sûr dans l’Aude, le « hotspot » du réchauffement climatique, où les changements se font plus vite et plus fort.
A la tête de deux établissements dans l’Aude, Le Moulin de Sainte-Anne à Villegly et InNature à Arques, Antoine Lacuve a déjà pris le virage environnemental : d’abord en faisant appel au secteur local pour s’approvisionner. « bois de la Montagne Noire, à quelques kilomètres du camping »atteindre « nos constructions, charpente, bardage, piquets, terrasse ». Mais aussi en s’engageant dans une démarche éco-environnementale, entre isolation des canalisations (isolation, ndlr), mitigeur sur chaque robinet, éclairage LED, carte d’activation de la climatisation en location avec relevé des consommations, tri sélectif et compost. Sur le site d’Arques, conçu au bord d’un lac, Antoine Lacuve travaille également sur des panneaux photovoltaïques pour réaliser “l’autoconsommation”miser sur « des prêts à des taux attractifs » que certains établissements bancaires proposent pour des travaux environnementaux. Une façon de nous rappeler que, “en utilisant des panneaux solaires pour chauffer l’eau”la consommation d’énergie peut également être réduite : “Il n’y a pas que de mauvaises choses au soleil.”
Proposer une réduction pour un prochain séjour aux clients particulièrement économes
Petits ou grands gestes, telle est la logique que doit développer l’hôtellerie de plein air. L’eau est évidemment en première ligne, avec la quête d’économies : « Généraliser les boutons poussoirs dans les douches et les toilettes, développer des systèmes de bracelets connectés qui permettent de déclencher l’eau dans les douches, des compteurs connectés pour détecter d’éventuelles fuites dans les réseaux qui sont importants sur les campings pouvant atteindre les 5 hectares. Nous travaillons également sur la valorisation des eaux grises des immeubles locatifs, nous attendons l’accord des autorités sanitaires… » Voici quelques pistes déjà adoptées par certains sites, ou en réflexion.
Mais ces changements ne peuvent se faire qu’avec la participation des clients, Antoine Lacuve le sait bien : « Chacun part du principe que lorsqu’il a payé une prestation, il a droit à tout, sans réserve. Il faut réussir à intégrer la même logique que lorsqu’on apprend à nos enfants qu’on éteint la lumière lorsqu’on quitte une pièce. Pour nos enfants, c’est l’éducation. Pour nos clients, c’est une prise de conscience, tout en veillant à maintenir le confort qu’ils recherchent.
Et pour encourager de nouvelles pratiques, la technologie est là : « Les mobil-homes bioclimatiques existent. En location, il existe la solution des contacteurs, avec la clé d’entrée qui déclenche l’activation des lumières ; pour la climatisation, nous avons la solution des cartes bancaires de 10 heures, durée à partir de laquelle un supplément pourrait être demandé. Les gens seront forcément plus prudents, par exemple en éteignant la climatisation lorsqu’ils feront leurs courses. On peut aussi penser à une incitation, en offrant une réduction pour un avenir. rester à des clients particulièrement économes.
Dans un hôtel de plein air de l’Aude où Antoine Lacuve estime « 50/50 » Concernant la répartition entre locations et emplacements pour tentes, le président du syndicat veut croire que les campeurs auront encore un avenir, malgré les journées – très – chaudes et les nuits lourdes : « On peut se protéger de la chaleur, même sous une tente. En jouant sur la végétation, les arbres, même si nous sommes pris entre le marteau et l’enclume avec des enjeux de sécurité face aux risques d’incendie de forêt, avec la nécessité de débroussailler autour du camping. Mais nous agissons aussi sur la tonte. : il n’y a plus de tonte rapprochée, cela permet de préserver l’herbe et la végétation.ce qui, au-delà de l’effet sur les températures du sol, permet également « promouvoir la biodiversité. Historiquement, le camping s’inscrit dans un esprit de connexion avec la nature, et pour certains cela se traduit par l’installation de nichoirs et d’hôtels à insectes.”.
Côté végétation, toujours, c’est sur la base d’une étude de la Fédération régionale de défense contre les ravageurs (Fredon), engagée notamment dans la surveillance du patrimoine végétal, que l’hôtellerie de plein air s’est concentrée sur les plantations méditerranéennes, moins gourmande en eau, et systématise le paillage pour limiter les arrosages.
On retrouve des touristes allemands, historiquement allés au bord de la mer, dans des établissements de l’intérieur des terres.
“Bien sûr”il admet, « la clientèle va chercher de la fraîcheur. On retrouve des touristes allemands dans des établissements à l’intérieur des terres, alors que jusqu’alors ils se rendaient systématiquement sur la côte. Mais cette clientèle du bord de mer, je pense qu’elle existera encore. Un espoir qui repose aussi sur un changement d’habitudes : « Il faut penser à allonger les saisons, pour éviter la cohue des mois de juillet et août »où la fréquentation est historiquement la plus élevée. Où ces journées à plus de 30°C et ces nuits tropicales se cumuleront aussi en 2050.
Mais Antoine Lacuve veut y croire « La vraie force de réactivité de l’hôtellerie de plein air, sa solidarité, avec le partage d’expériences, va nous permettre de nous adapter. Au rythme où vont les choses, ce sera un autre camping en 2050. Mais le camping existe en Afrique du Nord, ou à Valence : il faut s’intéresser à leurs pratiques.