« Malgré la hausse des prix, la consommation résiste. » Devant une dizaine d’éleveurs, Emmanuel Bernard, éleveur de bovins et de poules pondeuses dans la Nièvre, représentant de la section viande bovine d’Interbev, l’interprofession nationale de l’élevage et de la viande, a évoqué les enjeux majeurs de la filière et l’état des lieux. marché.
« La demande est supérieure à l’offre. Les prix de vente des éleveurs augmentent plutôt parce que la production baisse »il résume. Néanmoins, « Il y a un appel pour l’exportation d’animaux de pâturage, destinés à l’engraissement, vers l’Italie. Leur prix couvre le coût de production. »
« Pour reconquérir le bétail, il faut davantage d’installations »
Les consommateurs continuent d’acheter de la viande : “On a l’impression de manger moins mais, en même temps, la consommation de burgers ou de pizza augmente”illustre Emmanuel Bernard, qui cite une baisse de 6% de la consommation de viande bovine en dix ans, “soit une baisse de 0,6% par an”.
Le nombre de vaches diminue. « Nous sommes victimes de la décapitalisation du bétail. Pour en récupérer, il faudrait davantage d’installations. »
Reconnaître le modèle agricole
Comment promouvoir la qualité de la production française, alors que les agriculteurs craignent la signature du traité de libre-échange du Mercosur, en cours de négociation ? « Nous travaillons avec la Confédération nationale de l’élevage (CNE) pour faire reconnaître notre modèle comme une alternative à ce qui se fait dans le monde, sur la base de 70 critères. L’objectif est qu’il soit reconnu par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ce serait aussi un levier de négociation avec l’Union européenne ou les institutions internationales »décrit Emmanuel Bernard.
Pour Nicolas Gaborieau, chef de la section viande bovine à la FNSEA des Deux-Sèvres et éleveur de bovins viande et volailles de chair à Nueil-les-Aubiers, il s’agit aussi d’informer le consommateur sur ses choix. « La mention « transformé en France » sur les denrées alimentaires est une imposture. Je dis aux gens : regardez bien l’origine de la viande. »
Pour renforcer l’image et l’attractivité de la filière, Emmanuel Bernard défend également la contractualisation : un contrat passé de l’éleveur à la grande distribution. « Il donnait au préalable une garantie de prix à l’éleveur. Culturellement, le risque est pris par ces derniers. Là, il serait partagé. »
70 installations en 2023
Assouplissement des règles de la PAC «créé pour que le consommateur ne paie pas trop cher ses produits»rappelle Nicolas Gaborieau, reste un motif de satisfaction. « Nous avons obtenu plus de flexibilité concernant le retournement des prairies, pour gérer nos surfaces. Nous pouvons remplacer les animaux que nous abandonnons par des plus jeunes. Donc, nous vendons quand nous voulons et nous ne perdons pas d’argent. »ajoute le représentant d’Interbev.
Le secteur est confronté, comme le reste de la profession, au vieillissement de ses éleveurs. En 2023, 70 agriculteurs s’installeront dans le département, un chiffre à relativiser compte tenu du nombre de départs.
Le renouvellement générationnel est crucial. “Sinon, on crée l’importation de viande”underlines Nicolas Gaborieau. According to Emmanuel Bernard, « Beaucoup arrêtent l’élevage et ne gardent que des céréales pour ne plus être de service. À l’échelle nationale, 50 % du bétail appartient à des agriculteurs de plus de 50 ans. »