comment l’UMIH, syndicat hôtelier, veut s’adapter au réchauffement climatique

comment l’UMIH, syndicat hôtelier, veut s’adapter au réchauffement climatique
comment l’UMIH, syndicat hôtelier, veut s’adapter au réchauffement climatique

Président de l’Union des métiers et des industries hôtelières de l’Aude (UMIH 11) et co-président du syndicat hôtelier d’Occitanie, Thierry Deniau évoque l’indispensable adaptation des structures, mais aussi des pratiques du secteur à s’adapter dans un département où près de 90 % des lits des hébergements touristiques collectifs seront exposés aux fortes chaleurs en 2050, avec plus de 35 jours à 30° et plus de 50 nuits tropicales par an.

Comment la question du changement climatique est-elle aujourd’hui abordée par la profession hôtelière ?

La question du développement durable a été intégrée dans le nouveau classement des hôtels entré en vigueur en 2022. Pour tous les établissements, de 1 à 5 étoiles, des items liés à cette question et des éco-gestes ont été intégrés. Dans l’ancien règlement, il y avait 13 de ces critères, dont seulement trois étaient obligatoires ; le nouveau classement en comprend désormais 27, dont 13 obligatoires (en plus d’une formation du personnel de trois heures minimum à la gestion économique de l’énergie, de l’eau et des déchets, rendue obligatoire et non plus facultative, NDLR). Le principal problème aujourd’hui est déjà la question de l’eau : quand on parle de petits gestes, on constate l’utilisation généralisée d’aérateurs sur les robinets pour réduire la consommation. Mais des questions se posent aussi sur le fonctionnement des piscines ; et le secteur doit également réfléchir à la possibilité, pour les nouvelles constructions, de penser à un système de récupération et de réutilisation des eaux usées.

La publication de l’Insee sur l’exposition de l’offre touristique aux fortes chaleurs en Occitanie à l’horizon 2030 puis 2050 fait de l’Aude un territoire très concerné. Quelle est la marge de manœuvre pour s’adapter ?

Les hôtels devront se concentrer sur les ouvertures, notamment les fenêtres, pour tenter de limiter l’impact de cette forte chaleur : cela passera sans doute par des travaux de rénovation d’établissements construits il y a une certaine époque, pour examiner par exemple les joints défectueux, qui peuvent se détériorent rapidement, et limitent l’entrée d’air chaud. Quand j’étais à la tête de l’Hôtel des 3-Couronnes (à Carcassonne, NDLR), malgré le double vitrage, on consommait autant pour la climatisation que pour le chauffage… Ce qui est sûr c’est qu’il va falloir rénover et repenser établissements : et le problème c’est que cela peut coûter très cher et très vite. Jusqu’à présent, les hôteliers entretenaient davantage les intérieurs que les extérieurs ; nous devrons changer notre logique. La profession a bénéficié l’an dernier d’une aide de l’Ademe (l’agence de la transition écologique, ndlr), limitée à 200 000 €. Aujourd’hui, il faut encore finir de rembourser les prêts garantis par l’État (PGE) contractés pendant le Covid. L’isolation par l’extérieur, sans aide, nous n’y parviendrons pas. Mais si les hôtels de l’Aude sont des passoires thermiques, ce sera une catastrophe.

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Ce réchauffement pourrait-il entraîner un changement dans les pratiques des clients ?

Le beau temps et les températures estivales du Sud deviendront un handicap lorsque nous aurons un réchauffement et un climat similaire à celui de Valence. Ce n’est pas pour rien que la Bretagne et la Normandie fonctionnent déjà très bien et attirent les touristes. On peut également penser que les zones de moyenne montagne de l’Aude, comme la Haute Vallée ou la Montagne Noire, gagneront une clientèle, attirée par le potentiel de fraîcheur. On voit déjà beaucoup de gens qui, en été, choisissent la montagne, pour faire de la randonnée ou du VTT, un tourisme de nature qui fonctionne très bien mais qui mise aussi sur des températures estivales qui épargnent la canicule. . Parce qu’être sur une plage quand il fait 45°C en plein soleil n’est plus amusant.

Les structures d’établissement et les habitudes des clients seront donc des enjeux majeurs. Mais comment accompagner les salariés, alors que le secteur peine encore à attirer ?

J’ai longtemps travaillé comme chef cuisinier. A 40 ou 45°C, avec la chaleur que dégage la matière, c’est déjà difficile. Mais si on a 40°C dehors, ça veut dire 55 à 60°C dans les cuisines, et on va entrer dans des travaux très difficiles, oui. Il faudra bientôt mettre la climatisation dans les cuisines. Pour le service, l’impact sera sans doute un peu moindre. Je reviens aux 3-Couronnes : quand il faisait très beau, il n’y avait personne en terrasse ; manger sous une chaleur torride n’est pas agréable. D’ailleurs, sur le littoral méditerranéen, au sud, les terrasses ne sont pas pleines. Il va falloir réfléchir à des changements de pratiques, et envisager de travailler davantage le soir, comme en Espagne. On évoluerait vers un service unique, sans interruption entre le midi et le soir : ce serait peut-être plus simple pour la gestion du personnel.

 
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