La 10ème édition du Vendée Globe, course sans escale et sans assistance, ne se joue pas qu’en mer. Durant la compétition, plusieurs personnes travaillent dans l’ombre des skippers et jouent un rôle clé jusqu’à leur arrivée. C’est notamment le cas de Marion Cardon, la chef d’équipe of the navigator Sébastien Simon (Groupe Dubreuil Sailing Team).
Huit personnes, dont des préparateurs techniques, sont sous sa responsabilité, elle qui compte 18 ans d’expérience en course au large et quatre Vendée Globes. L’équipe est basée à deux pas du port des Sables-d’Olonne, dans un hangar qui fait office de QG.
franceinfo: Le « team manager » est-il une sorte de couteau suisse ?
Marion Cardon: C’est un peu le chef d’orchestre de l’équipe. Il existe plusieurs profils de chef d’équipecela dépend aussi du profil du skipper et du projet. Il y a des profils plus techniques, qui connaissent très bien le bateau, mais qui sauront quand même gérer financièrement une entreprise, gérer les ressources humaines, coordonner une équipe. Ils auront de l’expérience, plus d’expertise technique. Il y a aussi des profils plus comme le mien, qui ont plus d’expertise en marketing, commercial et communication. Mais nous sommes tous obligés de bien connaître ce milieu de la course au large, d’avoir un bon réseau. Il faut connaître les gens, il faut comprendre les enjeux de cette compétition, il faut comprendre ce que vit le skipper pour pouvoir prendre des décisions tout simplement et coordonner tout le monde.
Etes-vous en contact régulier avec votre skipper Sébastien Simon ?
Nous sommes en contact permanent. J’ai la chance de travailler avec un skipper qui communique beaucoup. Il nous raconte absolument tout ce qui se passe à bord, son ressenti, ses conditions de navigation, les petits soucis qu’il peut avoir, ou les plus gros soucis.
Il communique très bien avec toute l’équipe et, dès que les choses commencent à devenir difficiles, si cela demande une certaine expertise et maîtriser la communication autour de la gestion du problème, cela passe d’abord par moi. Je suis son premier relais d’information puis, moi et toute l’équipe, nous organisons la réponse que nous allons lui apporter.
L’assistance étant interdite, comment aider en cas de difficultés ?
Nous avons droit à un certain niveau d’assistance technique, c’est-à-dire que nous avons le droit de prodiguer des conseils sur les réparations à effectuer ou les interventions médicales que nous pourrions être amenés à effectuer sur notre personne. . Nous avons le droit de le guider, de le conseiller sur l’intervention elle-même. En revanche, nous n’avons pas le droit de lui dire quand faire cette intervention, où aller ni comment la planifier. Nous ne pouvons pas intervenir sur nos choix stratégiques de performance ou qui peuvent influencer notre trajectoire. Néanmoins, je pense que nous sommes un maillon essentiel. C’est peut-être un sport en solo, mais tous les skippers le disent : on ne peut pas le faire seul.
Vous êtes donc joignable en permanence ?
Mon téléphone est en veille 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Le moindre bip d’un WhatsApp me réveille et Sébastien a une réponse dans la minute qui suit. Quand les conditions deviennent dures, nous sommes plus vigilants, nous coordonnerons ce suivi, nous répartirons, nous demanderons à Sébastien de nous tenir informé. Nous savons que si nous n’avons pas de nouvelles dans un certain délai, nous pouvons aller les chercher.