Dans une maison de retraite de l’Eure, ils ont trouvé une méthode magique pour donner la parole aux résidents

Dans une maison de retraite de l’Eure, ils ont trouvé une méthode magique pour donner la parole aux résidents
Dans une maison de retraite de l’Eure, ils ont trouvé une méthode magique pour donner la parole aux résidents

Par

Jeanne MORCELLET

Publié le

22 novembre 2024 à 21h27

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Cette année, l’opération s’appelle Cliquez sur Planète. « L’objectif est de permettre aux résidents et soignants de trois Ehpad d’avoir accès à la culture et à l’art » explique Frédérique Repecé, coordinating executive.

A travers les photographies de Patrick Oublier sur la planète et dans la mémoire des habitants des établissements de Rugles (Eure), Verneuil-sur-Avre et Breteuil, l’idée est de « briser l’isolement pour favoriser le partage ».

« Impliquez-les dans la co-construction »

L’exposition d’une vingtaine de photos de l’association Terre Fragile à destination des résidents, de leurs familles et soignants, a suscité réflexions et souvenirs à Rugles d’abord, première étape de l’opération qui se poursuit sur les deux autres établissements jusqu’en avril.

A travers les photographies de Patrick Forget, le but est de valoriser les habitants, de les impliquer dans une co-construction dont ils seront fiers. Ce projet mobilise des mots, des souvenirs, des expériences, des sentiments. Il fait également référence aux actualités que suivent les habitants, comme les inondations à Valence par exemple.

Frédérique Repecé

Les échanges autour de l’écologie et de l’environnement entre les résidents, le personnel soignant et l’artiste ont suscité des synergies et des dialogues enrichissants.

«Ça nous a permis de mieux les connaître» confie Alexandra, animatrice de groupe de huit résidents « particulièrement investis » dans l’opération.

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Créez des liens et apprenez des autres

Depuis le début des travaux, le fonctionnement de vie du groupe n’a cessé d’évoluer. Les gens ne se connaissaient pas bien avant, ils ne déjeunaient pas ensemble par exemple et depuis les photos, ils ont pu créer du lien et apprendre les uns des autres

Mélanie, soignante et gérontologie

En effet, « on se confie aussi plus, c’est enrichissant de partager sur le climat, le monde, ça leur permet de mieux nous connaître aussi, on communique bien » conclut Alexandra.

Eau, feu et déchets

Avec Virginie, psychomotricienne et Alexis, professeur d’éducation physiqueils forment un petit groupe déterminé à créer une entente rayonnante et un dialogue de qualité avec ce petit groupe d’« anciens ». Qui a sélectionné, avec le photographe, quatre tirages autour de l’eau, du feu et des déchets.

«Ils nous racontent comment ils vivaient quand ils étaient jeunes, comment ils se déplaçaient, utilisaient l’eau, se nourrissaient», explique Patrick Forget, qui élève la voix pour poser la question à son voisin Pierre, un élégant gentleman de 90 ans, « c’est bien ça Pierre ? « .

Les années 1950

« Non, rétorque Pierre, j’ai 97 ans et je galope sur mon 98 que j’espère rattraper ! » . Le doyen de l’assemblée reprend.

Les années 1950, après guerre, ont été très décisives avec l’arrivée de la Traction et du Quatre CV et puis tout s’est passé très vite, trop vite.

Pierre, 97 ans

Autour de la table, après avoir déjeuné, les quatre hommes et quatre femmes s’apprêtent à dévorer leur part de gâteau.

Marguerite, la centenaire, rappelle les privations, « on mangeait ce qu’on pouvait ».

Jacqueline continue. « Mon père avait un grand potager et il faisait pousser ses légumes. Et puis il y a eu clapiers à lapinstrois cartons en bas, trois cartons en haut, ma mère s’en est occupée.

A pied et à vélo

Grâce à ses photos, Patrick explore les profondeurs de la mémoire de ses « acteurs-spectateurs ». Tout d’abord, tout le monde dit : « les photos sont belles, très belles ».

Mais surtout, ils leur permettent de parler de ce qui les touche, de parler de la planète, de ses maux, de leur plaisir de l’avoir connue et pratiquée autrement, à pied, à vélo.

Par petits groupes de deux ou trois, ils parlent devant la caméra de leur monde perdu.

Les images les aident à verbaliser. Ils font remonter des sensations, des émotions, des informations.

“Nous abattons trop d’arbres”

Patrick filme leurs visages, et enregistre leurs peurs ou leur colère.

Les phrases claquent, « les enfants ne s’en rendent pas compte parce qu’ils ne connaissent pas la planète avant », ou encore « on coupe trop d’arbres », « c’est de notre faute, on n’y fait pas attention », sans rien entendre. en tenant compte du fait que « la Terre devient trop chaude, elle va finir par fondre », et « la Terre va finir par être malade ».

Faire pousser les fleurs

Parfois, l’un d’eux glisse un message d’espoir, « nous ne cesserons jamais de faire pousser des fleurs ».

C’est joli et positif. Tant que c’est vrai !

Parallèlement, le photographe, grâce à l’image, canalise la parole et les souvenirs, ajuste la reconnaissance de soi et provoque la connaissance des autres.

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