Le militant John Banks est décédé

Le militant John Banks est décédé
Le militant John Banks est décédé

L’activiste et activiste John Banks est décédé tôt le matin du 23 juin des suites d’une longue maladie. C’est ce qu’ont annoncé ces proches. Frêle et souvent incapable de tenir debout ces dernières années, John Banks était un ardent défenseur de la cause LGBTQ+ et des droits et libertés de cette communauté. Bien que diminué par la maladie, cela ne l’a pas empêché de participer à de nombreuses célébrations de la Fierté ces dernières années. Un hommage lui a été rendu par Fierté Montréal lors de son édition 2017.

Né à Montréal en 1943, John Banks est décédé quelques jours avant son anniversaire, soit le 3 juillet.

«C’est une grande perte pour nos communautés», affirme Pierre Pilotte, coordonnateur des Archives gaies du Québec (AGQ). Nos communautés regretteront son activisme et son bénévolat inébranlables pour de nombreuses causes.

«La vie de John Banks est intimement liée à l’histoire de nos communautés», explique notre chroniqueur Denis-Daniel Boullé. John Banks a été un pionnier pour la reconnaissance de nos droits mais aussi pour que nous prenions notre place dans l’espace social. Très jeune, il accepte son homosexualité, mais surtout il décide de ne pas se taire ni se cacher. Ils n’étaient pas très nombreux à cette époque, loin de là. À l’origine des premières organisations LGBT, John Banks sera le premier à Montréal à organiser une Gay Pride (en fait des rassemblements au coin de deux rues). Son engagement se poursuivra jusqu’à la fin de sa vie, collaborant activement à la vie des Archives gaies du Québec. Nous espérons que Fierté Montréal lui rendra un vibrant hommage, lui qui a été coprésident d’honneur de l’événement en 2017. Avec son décès, il nous appartient désormais de préserver sa mémoire et de perpétuer son héritage.

En effet, en 1979, voulant marquer les dix ans du soulèvement de Stonewall à New York, John Banks convainc quelques dizaines d’amis, une cinquantaine, de sortir manifester sous le nom de « Brigade Rose ». Ceci est considéré comme le tout premier événement de la Fierté à Montréal. L’année suivante, la Brigade Rose recrute plus de 250 personnes pour cette « marche » qui consiste à se tenir au coin d’une rue du centre-ville.

Ardent bénévole à l’AGQ, »[…] c’est lui qui m’a encouragé, il y a plus de dix ans, à faire du bénévolat aux Archives, puis à postuler au poste de coordonnateur au conseil d’administration de l’organisme. […]», poursuit Pierre Pilotte.

“[…] il a eu une carrière décousue, parsemée d’aventures au gré d’un destin imprévisible. Ainsi, il fut le secrétaire particulier de la grande star du cinéma, Marlène Dietrich. En 1975, il devient propriétaire du restaurant Dans le jardin. Il anime également une émission à Radio Centre-Ville et fonde le magazine Sortie. On le retrouve en 2015 dans le documentaire de Paul Carvalho sur Montréal et en 2018 les Archives gaies du Québec ont produit une vidéo réalisée par Alexis Baribeault dans laquelle il raconte avec verve divers épisodes de sa vie. L’année suivante, une autre vidéo est réalisée par Simone Beaudry-Pilotte, archiviste aux Archives gaies du Québec. En 2019, Fierté Montréal a créé en son honneur le Prix John Banks, qu’il a été le premier à recevoir. Il a déjà été récipiendaire de plusieurs prix, dont le prix Phénicia de la Chambre de commerce LGBTQ du Québec, [c’était en 2019]», indique le communiqué des Archives gaies du Québec.

John Banks a été très touché que Fierté Montréal lui ait décerné un prix en son nom, en 2019, et dont il sera le tout premier récipiendaire. « C’est un prix qui représente bien John Banks ainsi que son implication et son militantisme dans les communautés », ajoute Pierre Pilotte.

“[…] Les communautés LGBTQ2S+ perdent l’un des derniers militants précoces pour la reconnaissance des droits des personnes LGBTQ2S+ au Québec. […]», soulignent ce même communiqué.

Parmi son cercle d’amis, on retrouve Ross Higgins (aujourd’hui professeur à la retraite de McGill), Jean-Paul Daoust (poète et romancier), Pierre Rochon (musicologue), ainsi que Robert Tessier et Normand Cusson.

« Souvent, après nos rencontres, nous prenions un verre et discutions des droits des communautés LGBTQ+, de la politique en général, du cinéma, de la culture car c’était une personne très cultivée, il avait toujours un livre entre les mains, c’était très intéressant de discuter avec lui, se souvient Pierre Pilotte. Je garderai de très bons souvenirs de John qui était une très bonne personne. […]»

«J’adorais John, il était profondément humain, un vrai Montréalais et une légende vivante», a commenté le journaliste Richard Burnett qui l’a bien connu. Je le surveillais de temps en temps et, chaque fois qu’il le pouvait, il était toujours une source précieuse pour tant de chercheurs, d’auteurs et de journalistes que je lui envoyais et qu’il acceptait de recevoir. Je pense que la dernière interview qu’il a donnée remonte au 20 juin, lorsque j’ai aidé CBC à animer Ainslie McLellan avec un podcast sur la fierté.

« La dernière fois que j’ai vu John, c’était quelques jours avant le réveillon du Nouvel An, nous sommes allés bruncher ensemble. Nous avons beaucoup discuté et mis à jour nos potins pendant que nous mangions des œufs brouillés et sirotions des Bloody Caesars ! Il était déjà très fragile à l’époque, mais toujours aussi charmant que d’habitude. C’était un grand conteur et un ardent militant queer qui a contribué à améliorer la vie queer dans cette ville. Je l’aimais beaucoup et il va beaucoup me manquer”, a poursuivi Richard Burnett.

Les Archives gaies du Québec, selon nos sources, organiseront prochainement un événement en hommage à John Banks.

Toute l’équipe de Fugues tient à offrir ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de John Banks.

 
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