En Corrèze, l’agrivoltaïsme fait des étincelles

En Corrèze, l’agrivoltaïsme fait des étincelles
En Corrèze, l’agrivoltaïsme fait des étincelles

Les projets de champs photovoltaïques, associant production agricole et énergie solaire, fleurissent un peu partout dans les régions rurales françaises. Tous sont encouragés par la Programmation Pluriannuelle de l’Energie et la loi pour accélérer la production d’énergies renouvelables (Aper) de 2023.

Créée la même année, la Foncière agricole de la Corrèze a pour objectif de maîtriser l’essor du photovoltaïque au sol. Il offre la possibilité aux agriculteurs d’acheter une part pour 3 000 euros, correspondant à un hectare. Son objectif est de gérer le territoire des parcs photovoltaïques corréziens en partenariat avec les acteurs locaux et de lancer des appels d’offres auprès des investisseurs.

“C’est l’esprit coopératif : une part maximale par agriculteur et qui ne sera transmise à un agriculteur qu’en cas de revente, changement d’activité ou décès, explique Tony Cornelissen, le fondateur de l’immobilier rural. L’objectif n’est pas de capitaliser les revenus futurs mais de les redistribuer et de redonner de la valeur au territoire pour les agriculteurs de demain. Nous ne voulons pas nous laisser voler par des promoteurs qui font des propositions aux agriculteurs. Sinon, nous nous dirigeons vers un mur et la situation sera explosive. »

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« 10 000 à 20 000 hectares gelés »

La création de Foncière a été soutenue notamment par le préfet, le Département et la direction départementale des territoires qui y voient une alternative aux énergéticiens. « Nous avons déjà 10 000 à 20 000 hectares gelés par des baux à long terme (très long terme ndlr) que les promoteurs ont signés avec les agriculteurs.condoléances à Tony Cornelissen. Les jeunes s’insurgent contre cette technique qui gèle les terres. Et quand on leur parle de La Foncière, ils sont enthousiasmés à l’idée d’avoir un treizième mois. » Les premiers projets devraient voir le jour après l’acquisition de trois fermes de 14 à 45 hectares.

Opérations contestées par la Confédération paysanne. Le 18 novembre, une soixantaine de députés envahissent la séance de la Chambre d’agriculture de Tulle et installent des panneaux photovoltaïques sur le parking du bâtiment consulaire. « Au début, nous avons trouvé que la répartition entre agriculteurs était une bonne idée, indicates Émilie Terrien of the Confédération paysanne. « Mais la Land Corporation et les sociétés énergétiques sont la même chose : elles prennent le contrôle de la terre. Selon certaines études, le rendement sous panneaux peut chuter jusqu’à 30%, ce n’est pas bon pour un agriculteur d’être sous panneaux. La Société d’Investissement Foncier doit les installer dans des parkings, des hangars, des sols artificiels », elle juge. Mais les travaux agronomiques sur le sujet sont bien plus nuancés, d’autant que de nombreuses expérimentations sont encore en cours pour évaluer les rendements et l’impact sur la biodiversité.

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« Panneaux sur les parkings et les hangars »

L’action avait également pour but de marquer l’opinion publique à deux mois des élections à la Chambre d’agriculture et de montrer qu’un autre modèle est possible. Pointé du doigt par les opposants, Safer Nouvelle-Aquitaine rappelle que les lois en faveur de l’énergie solaire doivent être respectées. « Nous avons exprimé depuis longtemps notre volonté de protéger les espaces agricoles au détriment des développements énergétiques, assure Philippe Tuzelet, son directeur régional. Il existe des lois et contrairement à certaines organisations, nous ne sommes pas là pour nous y opposer. Notre rôle est d’accompagner les politiques publiques. »

Le comité départemental a donc donné son feu vert à la Foncière agricole sur des terrains préemptés. La Safer régionale, sous la tutelle des ministères de l’Agriculture et des Finances, a alors le devoir de valider ou non. “La Foncière était déjà tombée à l’eau sur certains dossiers avant la loi Aper et même depuis”, précise-t-il. Pour l’un des projets, un avis favorable a été donné sous conditions. « Il faut notamment prouver que le projet photovoltaïque est recevable, installer un jeune agriculteur et préserver les zones humides que convoitait le Conservatoire des Espaces Naturels donc il n’a pas encore été remis, il faudra lever les conditions sinon il reviendra à comité. »

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