l’essentiel
Après trois jours de procès au tribunal de l’Ariège et de nombreux témoignages, Jean-Philippe Desbordes, décrit comme un dangereux pervers narcissique, s’est enfin prononcé sur les faits de viols et de tortures qui lui sont reprochés.
« Il y a trois sortes de personnes dans la vie : les gens sérieux, les artistes du spectacle public et les autres. Je pense que je suis une personne sérieuse. Dans l’assistance, nul doute qu’une autre réponse était dans toutes les têtes ce jeudi, alors que sur le banc des accusés Jean-Philippe Desbordes s’exprimait pour la première fois devant le tribunal de l’Ariège. Il y est jugé toute cette semaine pour viols avec torture et actes barbares sur les filles de son ex-compagne, également jugée pour complicité. Un discours théâtral, les mains levées, le micro parfois saturé, durant lequel l’accusé a tout nié, le traitement sadique infligé aux filles de Sylvie. B, les viols et tortures quotidiens de l’une d’elles, Julie*, le viol de Nina*, une de ses élèves d’aïkido. Le tout, se considérant « un écrivain dévoré par la fiction ».
A lire aussi :
“On ne parle pas d’une soirée, on parle de plusieurs mois, 700 viols” : mère de la victime et complice de son bourreau ?
De 2018 à 2020, l’ancien journaliste a accueilli les trois filles de sa compagne dans leur maison près de Bélesta (deux maisons mitoyennes reliées par une porte). Une arrivée que le soi-disant professeur d’aïkido n’aurait pas souhaité, contrairement à ce qu’affirme Sylvie.B. «Je me suis retrouvé avec des enfants sur les bras dont je ne voulais pas. […] J’ai dit à Sylvie que j’étais incompétent pour m’occuper d’eux. […] J’ai toujours dit aux filles que j’étais leur amie, leur voisine. Je ne pouvais être que ça, rien que ça.
Alors que l’une des trois sœurs avait décrit des viols répétés, près de 700 en un an, des pratiques sadomasochistes forcées, Jean-Philippe Desbordes a réfuté toute relation intime avec la jeune fille, âgée de 16 ans au moment des faits, qu’il a qualifiée de « violente ». » et dont les projets étaient de « former un gang » et de « se prostituer pour payer sa consommation de drogue ».
Une explication tellement extravagante pour Nina, qui aurait subi une agression sexuelle lors d’une séance d’aïkido thérapeutique. « Sa raison de vivre était d’échanger du sexe contre de la nourriture. […] Elle m’a fait des avances, j’ai dit non. Je ne suis pas un pédé», a-t-il répondu au procureur.
A lire aussi :
“J’étais un esclave, il me tenait en laisse” : au procès de Jean-Philippe Desbordes, les victimes présumées brisent le silence
Différentes versions avancées
Une position ferme qu’il n’a pas toujours eue au cours de la longue enquête – il a été arrêté par le BRI en septembre 2020 -, évoquant d’abord une seule relation sexuelle consensuelle avec Julie, sous la douche. Or, dans les draps de l’accusé, trois ADN avaient été retrouvés : celui de Sylvie. B, de sa fille et ADN féminin inconnu.
Dans de longues explications, divaguant sans cesse dans des détails sans substance, citant Marguerite Duras ou L’Âge de Glace, il s’érige en « cible », « bouc émissaire », « proie », victime d’un complot des « féminazies », ou encore de son « hyperempathie ». , aussi. « Je suis un homme soumis aux femmes, […] J’ai toujours été à leur service. […] La seule chose qui m’intéresse, c’est la beauté, et qu’elle puisse s’épanouir. Un récit parfois délirant, dans lequel l’accusé faisait souvent référence à son enfance compliquée, à un père violent – « il prenait plaisir à détruire tout ce que je faisais » –, à une mère absente, voire désintéressée, et à l’évocation d’une agression sexuelle de la part de sa grand-mère.
A lire aussi :
Assises de l’Ariège : Jean-Philippe Desbordes, ou la mécanique d’un pervers narcissique ?
“Cela présente un aspect psychologique problématique”
« Il décrit une enfance comme on peut le lire dans Les Misérables pour Cosette », rapporte le psychiatre. « Cela présente un aspect psychologique problématique, […] Cela vient de quelque part. […] Je n’ai aucun doute qu’il y a eu des événements traumatisants dans sa jeunesse. Un homme « étrange », « narcissique » mais « responsable » et qui ne présentait pas de troubles mentaux qui auraient pu altérer son discernement selon les experts interrogés.
Un passé sur lequel son conseil, Maître Raynaud De Lage, devrait largement s’appuyer dans sa plaidoirie de ce vendredi, pour éviter la peine maximale : la réclusion à perpétuité.