Rencontre la 1ère suite de ses reportages consacrés au coût de la vie cette semaine : aujourd’hui, nous allons à la rencontre des retraités, qui vivent souvent avec moins de 1 000 euros par mois. Eux aussi tentent de s’adapter à la hausse des prix.
Dans ce club des aînés de Sainte-Anne, on n’a pas besoin d’attendre le week-end pour profiter de la vie en chantant et en dansant. Les adhérents, ce mardi, se retrouvent dans la joie et la bonne humeur.
Marie-Ange Bègue mesure sa chance, comparant sa situation à celle de la génération de ses parents, qui, dit-elle, n’ont pas pu vivre ainsi, n’ont connu ni ces loisirs ni les voyages.
Pourtant, malgré le large sourire qu’elle affiche, Marie-Ange fait partie de ces retraités pour qui la vie n’est pas facile au quotidien, du moins financièrement parlant. Avec ses 900 euros mensuels, elle doit faire face à un coût de la vie de plus en plus élevé.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Coût de la vie et retraités
Auparavant, Marie-Ange recevait du RSA, donc encore moins. Malgré tout, elle a quand même réussi à mettre un peu de côté, raconte la retraitée. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, car les prix sont très élevés, dit-elle.
“Nous avons du mal, c’est dur pour nouselle admet. Cela ne m’étonne pas qu’il y ait plein de clochards partout. Nous avons besoin d’un peu plus dans notre ancienne vie« .
Marie-Ange Bègue n’est visiblement pas la seule à devoir serrer les cordons de sa bourse. Dans ce club senior”Bon accueil», les 78 adhérents se voient proposer chaque mois des déplacements en bus, pour un coût de 14 euros. Mais le président du club constate une baisse des réservations.
“Ils doivent fournir leur nourriture, si on va au musée, ils doivent payer leur visite… Ils n’arrivent pas», observe Arielle Govindin.
Alors évidemment, à la fin du mois, lorsque l’argent vient à manquer et qu’il faut faire des choix, les loisirs en pâtissent, au profit d’autres dépenses plus essentielles comme la nourriture. « Rien à manger, aucune facture à payer», souligne le président du club des seniors.
Pour Yvon Mussard, autre retraité bénédictin, les sorties se limitent à quelques pas dans le quartier, chez son kiné. L’homme de 82 ans se remet d’une hospitalisation importante.
Il exprime également des difficultés à gérer son budget, avec 900 euros de revenus par mois. Dont il doit déduire 104 euros de mutuelle, 380 euros de loyer sans bénéficier d’aide au logement, l’abonnement téléphonique, et selon les mois, ceux de l’eau et de l’électricité.
“C’est plus que difficile mais il faut y arriver. A moitié moins, mais si moins ni un peu plus, moitié gagné et un peu plus de plaisir», soupire l’octogénaire. Faites plaisir aux autres en particulier, par exemple en prenant «un ti zafer à donner«quand il se retrouve invité à un mariage ou à un baptême…»La vie, cher cher, cher moi !», s’exclame Yvon.
Sans surprise, ces personnes âgées aux maigres revenus sollicitent de plus en plus l’aide d’associations, comme celle de Jérôme Sellaye, Tienbo Ensemb, qui tient une boutique solidaire à Saint-Benoît.
Le président de l’association constate la présence de plus en plus de seniors parmi ses bénéficiaires, venus chercher”produits de première nécessité, comme les pâtes, le riz, les produits frais, la viande, etc.« .
Selon le «panorama de la pauvreté à la Réunion» élaboré par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) en 2023, pEnviron 23 % des ménages pauvres sont des ménages retraités. Aussi, leLes ménages dont le conseiller fiscal est âgé de 75 ans ou plus sont considérés comme plus pauvres que ceux dont le conseiller fiscal est plus jeune.
Et même s’ils disposent de patrimoines, qu’ils soient immobiliers ou financiers, leurs pensions de retraite sont parmi les plus basses de France. En 2022, l’Insee constatait que les Réunionnais percevaient les pensions de retraite les plus basses des régions françaises, soit en moyenne 1 160 euros bruts par mois. C’est 28 % de moins qu’en France, alors que dans le même temps, le coût de la vie est plus cher à La Réunion.