les travailleurs saisonniers stimulent l’économie liée au tourisme

les travailleurs saisonniers stimulent l’économie liée au tourisme
les travailleurs saisonniers stimulent l’économie liée au tourisme

Par

Arielle Bossuyt

Publié le

24 juin 2024 à 19h38

Voir mon actualité
Follow Le Démocrate Vernonnais

Située à Giverny (Eure) à quelques pas d’un des sites les plus visités de Normandie, la boulangerie Au Coin du Pain’tre fabrique son beurre grâce à tourisme.

Ouvert en saison, sept mois par an seulement, le magasin fonctionne grâce à une équipe de saisonniers, dirigée par les gérants, Sébastien et Aurélie Depoix.

En 2025, le couple connaîtra sa dixième saison à la tête de la boulangerie.

« Cette année, nous n’avons eu aucun problème pour recruter des saisonniers. Nous avons même eu beaucoup de candidatures spontanées, notamment de la part des jeunes, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps. »

Aurélie Depoix, gérante de la boulangerie Au Coin du Pain’tre

Journées portes ouvertes organisées par France Travaila également permis de recevoir les candidats directement en magasin.

Retour des saisonniers

Pour cette saison, la boulangerie repart avec la même équipe que l’année dernière avec deux nouvelles ajoutées.

Vidéos : actuellement sur -

Après les années Covidmarqué par le vol de saisonnier du milieu du restaurationle gérant constate que les choses sont revenues à la normale :

« Nous avons beaucoup souffert pendant le Covid. Nous avons été obligés de chercher des personnes qui n’étaient pas forcément qualifiées pour un salaire inférieur. Ensuite, ceux qui sont partis changer de métier sont revenus. C’est bien parti. »

Aurélie Depoix

Conscient de la précarité saisonniers, le couple propose à ses équipiers des contrats de sept mois, donc au-delà de la saison et non quatre comme d’autres établissements.

« C’est plus facile de les retenir car au moins ils ne sont là que quatre mois à chômage au cours de cette année. Il faut vraiment créer un statut pour les saisonniers car ils sont indispensables dans un pays touristique comme le nôtre. Mais c’est compliqué d’être saisonnier», déplore le gérant de la boulangerie.

Une situation précaire

N’étant pas en CDI, il est plus difficile pour les saisonniers d’obtenir un crédit et de se loger, surtout en période d’inflation. Construire quelque chose sur le long terme en tant que saisonnier est un parcours du combattant.

Pour sécuriser leurs saisonniers, le couple a proposé de conclure des contrats saisonniers annualisés :

« Puisque 42 heures sur sept mois équivalent à 35 heures sur douze mois, nous avons proposé d’étaler les heures majorées sur l’année pour qu’en hiver, lorsque les salariés ne travaillent pas, ils le soient quand même payés et restent sous contrat. C’est une forme de contrat à durée indéterminée pour éviter le chômage. »

Aurélie Depoix

Cependant, le couple s’est retrouvé confronté à un problème juridique : « Ce n’est pas légal même si les deux parties sont d’accord. »

Pour le gérant de la boulangerie, il est essentiel de retrouver un véritable statut pour les saisonniers, encore plus impactés par la récente réforme du chômage et celle à venir.

Parole aux saisonniers

De Giverny à Vernon, nous avons demandé la parole à deux saisonniers : Lilou, 22 ans, travaille au restaurant La Parenthèse à Giverny. Elle fait maintenant ce travail à temps plein mais a commencé comme travailleuse saisonnière pendant ses études.

Sophie, 20 ans, termine une première année de licence de psychologie à Rouen et est saisonnière à La Base.

Comment avez-vous trouvé ce travail ?

Lilou: J’étais dans un autre restaurant à Giverny, mais ça ne se passait pas bien. Au moment où j’ai démissionné, les parenthèses se sont ouvertes. J’ai postulé directement et ils m’ont accepté. Je fais cela depuis juin 2022.

Sophie : J’étais au bar en train de prendre un verre avec des amis. J’ai entendu dire qu’ils cherchaient des gens pour plonger. J’ai demandé directement au patron et il m’a embauché. Je travaille ici depuis trois ans.

Pourquoi avoir choisi le secteur de la restauration ?

Lilou: Je suis arrivé dans ce milieu un peu par hasard. A Giverny, on a beaucoup de chance, ils cherchent beaucoup. Comme je parlais très bien anglais, j’y ai mis tout, même si j’avais peu d’expérience. Je me suis formé sur le tas.

Sophie : Aujourd’hui, avec l’intérim, c’est plus simple. Mais quand j’ai quitté le lycée, je n’avais pas de permis. Pour trouver un emploi saisonnier à Vernon, il n’y a pas vraiment d’autre option que de travailler dans le domaine de la restauration.

Pouvez-vous me donner le plus gros avantage et le plus gros inconvénient d’être saisonnier ?

Lilou: Le plus gros avantage reste la liberté. Aujourd’hui, j’ai décidé d’arrêter mes études et d’être complètement saisonnier. Cela me permet de voyager une partie de l’année et de travailler l’autre. Mais c’est une arme à double tranchant. Parfois, c’est aussi le plus gros inconvénient, car ce n’est pas un mode de vie très stable. En ce moment, je vis toujours avec mes parents, mais si je devais payer mes factures chaque mois, je penserais probablement différemment.

Sophie : Le plus gros avantage reste le salaire que vous obtenez en tant que travailleur saisonnier, avec les heures supplémentaires et les pourboires. Mais le plus gros inconvénient reste le manque de vie sociale dont on ne se rend pas compte a priori. Je ne regrette rien, mais j’aurais aimé être prévenu au préalable. Vous pouvez oublier votre famille et vos amis.

Si tout se passe bien, votre famille et vos amis deviennent vos collègues.

Recommanderiez-vous ce travail saisonnier ?

Lilou: Je le recommanderais mais uniquement à quelqu’un de vraiment disponible. Une personne prête à sacrifier ses vacances pour pouvoir faire une saison complète. Sinon ça n’en vaut pas la peine. Après, je sais que la restauration peut être un milieu compliqué, mais cela reste une très bonne expérience professionnelle. Il faut juste être très attentif à celui qui vous emploie et faire attention à ne pas vous laisser exploiter. Je le recommanderais aussi aux personnes timides, la restauration permet de s’ouvrir.

Sophie : Je recommanderais ce métier mais uniquement en tant que saisonnier et surtout pour les personnes timides. Être confronté à des gens toute la journée permet de s’ouvrir et de vaincre sa timidité. J’étais très timide avant, je le suis beaucoup moins aujourd’hui.

Y a-t-il beaucoup de demandes chaque année ?

Lilou: En ce moment, nous avons beaucoup de demandes. Nous devons refuser beaucoup de monde car la saison a déjà commencé. L’équipe parenthèse est constituée en avril. Pour avoir une chance d’être retenu, il faut postuler tôt.

Sophie : En saison on a toujours besoin de monde, mais c’est beaucoup de bouche à oreille. Nous avons refusé beaucoup de CV. Mais je pense que la question reste de savoir quand.

Si nous le déposons au bon moment, nous avons toutes les chances de nous faire prendre.

Propos recueillis par Lounelle Royer

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon -.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV A Nice, le pari réussi d’Eric Ciotti
NEXT Air France s’attend à une baisse de ses revenus cet été