« C’est stupéfiant parce que c’est une solution brutale. Nous sommes très inquiets car nous avons des gens qui ont passé leur vie dans les ateliers. La pyramide des âges reflète une moyenne d’âge élevée. Trouver un emploi à 50 ans sera un défi pour ceux qui devront quitter Arcelor», prévient Agnès Laurent, déléguée syndicale (FO). Le couperet est tombé mardi 19 novembre. Dans un communiqué, la direction d’ArcelorMittal a annoncé une réorganisation se traduisant par la suppression d’une centaine de postes à Reims (Marne) et d’une trentaine à Denain (Nord).
« Ce projet inclut l’arrêt éventuel des sites de production de SSC de Reims et Denain. Dans un contexte économique difficile, la société ArcelorMittal Service Center est confrontée à une forte baisse d’activité chez ses clients Industrie et Automobile”, explique la direction dans son communiqué. Des justifications insuffisantes aux yeux des syndicats qui dénoncent ses implantations industrielles aux Etats-Unis, au Brésil et en Inde. Ils s’inquiètent d’un désengagement du groupe en Europe. Selon eux, Reims et Denain pourraient être les premiers d’une longue série.
« La fermeture nous est annoncée pour maintenir la société en bonne santé. Le marché automobile est en baisse de 30 % depuis 2019. Mais une reprise de l’activité est attendue pour 2026. Plutôt que de réduire les effectifs sur certains sites, la direction préfère fermer deux sites. Dans six mois, on parlera peut-être de la fermeture éventuelle d’autres sites», s’inquiète Benoît Jean-Leroy, délégué syndical (CFDT) du site ArcelorMittal Service Centers de Reims.
Si, hier, mercredi 20 novembre, l’entreprise était à l’arrêt, l’Intersyndicale n’a pas appelé à la grève aujourd’hui, ni même demain. La grande journée de mobilisation est prévue lundi prochain. «Nous réclamons une action beaucoup plus marquée», explique Benoît Jean-Leroy. Nous invitons tous les salariés à faire grève lors du CSE qui se tiendra le lundi 25 novembre en après-midi. »
Dans les vestiaires de cette usine spécialisée dans la transformation de bobines d’acier, le découragement a laissé place à la colère et à l’incompréhension. Certains se disent prêts à retrousser leurs manches pour défendre, une nouvelle fois, leur emploi, comme Fabrice, 52 ans, arrivé à la production dans l’usine Rémoise en 1999. « On ne voit pas comment la direction pourrait faire fonctionner derrière, nous J’ai encore un mince espoir que l’usine ne ferme pas… Je vais me mobiliser avec mes collègues même si nous sommes tous de mauvaise humeur. C’est mon troisième plan social ! Quand je vois tous ces jeunes pleurer dans les vestiaires, ils ont acheté des maisons et vont se retrouver avec leurs emprunts sur le dos, c’est très dur. On s’est toujours adapté aux nouveaux outils, on était là pour faire des heures supplémentaires… On s’est battu pour sauver notre usine et puis tout s’est effondré. »
Les négociations sur l’avenir de la centaine de salariés débuteront lundi après-midi lors d’un CSE qui se tiendra à Reims et non à Metz, comme initialement prévu.