à Paris, les multiples combats d’Emmanuel Grégoire

à Paris, les multiples combats d’Emmanuel Grégoire
à Paris, les multiples combats d’Emmanuel Grégoire

A En quelques minutes, Emmanuel Grégoire et Clément Beaune auraient pu se croiser au bout de la rue du Temple, tout près de l’Hôtel de Ville de Paris, dans ce quartier où déambulent touristes en short, jeunes en tenues improbables et fiers représentants de la communauté LGBTQI. communauté. Mais les deux hommes se sont manqués. Beaune passait, Grégoire buvait un Perrier dans un café.

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Ils auraient pu discuter, car ils se connaissent bien : ils ont tous deux travaillé dans le bureau de Jean-Marc Ayrault à Matignon, le macroniste comme conseiller budgétaire, le socialiste comme directeur de cabinet. Aujourd’hui, ils sont rivaux. Ils concourent pour le siège de député du 7e circonscription de Paris, qui démarre à partir du 4e arrondir pour s’étendre à 11e et 12e.

Emmanuel Grégoire, c’est une évidence, ne veut pas crier victoire trop tôt. Mais le Parti socialiste a de bonnes chances de reconquérir cette circonscription, tout comme il aimerait l’emporter en 11e de Paris, pour lequel Céline Hervieu, l’une des figures montantes du parti, se présente. Il y a deux ans, Clément Beaune, futur ministre des Transports, avait dû batailler pour remporter ce siège face à LFI, avec moins de 700 voix d’avance (50,7 %) au second tour.

Les socialistes en sont convaincus : avec un des leurs plutôt qu’un candidat insoumise (l’ancienne avocate Caroline Mécary, candidate en 2022), la circonscription historiquement socialiste serait restée dans la famille. « Caroline Mécary était trop clivante », observe Emmanuel Grégoire, en costume bleu marine ajusté, avec une cravate dénouée qui pendait autour du cou. Elle avait tenu des propos antisémites. Si elle n’avait pas été candidate, la circonscription serait revenue à gauche. »

Grégoire n’est pas un grand fan du Nouveau Front Populaire

Le premier adjoint d’Anne Hidalgo à la Mairie ne retient pas ses coups contre les Insoumis, qu’il dit affronter sans relâche au Conseil de Paris. Il cherche à les tenir à distance, conscient que la forte communauté juive de la circonscription est révoltée, ici comme ailleurs, par les ambiguïtés des Insoumis à l’antisémitisme. “Il y a une irritabilité dans l’alliance avec LFI à Paris”, reconnaît-il.

Mardi dernier, il a pu le constater : lors de la manifestation suite au viol de la jeune juive à Courbevoie, qui s’est tenue devant l’Hôtel de Ville, le maire de Paris Centre, Ariel Weil, a failli en venir aux mains avec des manifestants qui appelaient lui un « traître » et un « complice » ; Sans doute pour calmer le jeu, les organisateurs ont refusé de donner le micro à Emmanuel Grégoire.

Le candidat socialiste n’est pas un grand fan du Nouveau Front populaire. Mais la barrière au RN est la priorité, dit Grégoire, et tant pis pour les désaccords, parfois profonds, avec les Insoumis. « Aujourd’hui, un danger plane sur notre pays. Ce n’est pas trois zozos de LFI, c’est le Rassemblement national», lance-t-il en tirant sur sa cigarette électronique.

Le RN est aux portes du pouvoir, il peut asphyxier financièrement les collectivités locales. C’est à l’Assemblée que tout se décideraEmmanuel Grégoire

L’homme a donc choisi ce que personne n’imaginait : abandonner la mairie pour briguer un siège à l’Assemblée nationale. « Jusqu’à l’annonce de la dissolution, j’avais en projet mon mandat local à Paris », raconte Emmanuel Grégoire. Mais j’ai estimé qu’il valait mieux défendre les Parisiens à l’Assemblée nationale. Le RN est aux portes du pouvoir, il peut asphyxier financièrement les collectivités locales. C’est à l’Assemblée que tout se décidera. »

Dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, certains relativisent cet amour soudain pour le travail parlementaire. Emmanuel Grégoire est lui aussi parti au lendemain de la dissolution en Sicile, avant de revenir précipitamment 24 heures plus tard… Quand la patrie est en danger, ne vaut-il pas mieux rester sur place ?

Grégoire ne semblant guère tenté par un siège de député, Anne Hidalgo demande à Lamia El Aaraje, une de ses adjointes, d’en postuler. La solution, pour la maire de Paris, est préférable. Depuis plusieurs mois, elle est entrée dans une sorte de guerre froide avec son premier adjoint, qui affiche des désirs d’autonomie de plus en plus évidents, comme s’il voulait la mettre sur la touche. En février, c’est sorti du bois dans le journal Le mondesoulignant son intention d’être candidat à la mairie en 2026 : « Ma détermination est inébranlable […] Nous devons créer une nouvelle histoire, nous devons changer radicalement le récit. » La déclaration ne plaît pas du tout à la maire de Paris. Depuis, elle est bien décidée à faire comprendre à l’insolent qui est le patron.

L’opération Hidalgo s’effondre

Anne Hidalgo verrait donc Lamia El Aaraje prendre la circonscription. Son adjoint est également le patron de la fédération PS de Paris et l’une des principales figures émergentes du PS. Bref, c’est une carte importante dans le jeu d’Hidalgo. « Anne a remis Lamia entre les mains d’Emmanuel », observe un proche d’Emmanuel Grégoire. La maire de Paris espère faire d’une pierre deux coups : limiter les ambitions de Grégoire et rejoindre Olivier Faure, avec qui elle a un compte à régler.

Anne Hidalgo n’a pas apprécié l’attitude du patron du PS lors de la campagne présidentielle, qui n’aurait pas mis l’ensemble du parti à son service. Elle lui reproche aussi de s’être couché devant LFI alors que, en 2022, l’accord Nupes ne réservait que quelques circonscriptions ingagnables à Paris. Cette fois, elle compte affirmer son autorité dans la capitale.

Mais l’opération d’Hidalgo échoue. Emmanuel Grégoire revient au jeu et gagne. L’homme possède un bon relationnel. Non content d’être en bons termes avec Olivier Faure, il est aussi l’ancien patron du PS parisien et majoritaire dans deux des trois sections socialistes qui décideront qui sera le candidat dans la circonscription. Alors il gagne. Hidalgo jure, mais reste silencieux. « Elle me soutient, puisqu’elle soutient le Nouveau Front populaire », glisse malicieusement Emmanuel Grégoire.

Avec cette candidature, le bras droit d’Anne Hidalgo prend son autonomie et prend le pas de côté. Il coupe un peu le cordon avec la maire de Paris, sans avoir l’air d’y toucher. « J’y vois peut-être un acte d’émancipation, mais pas par rapport à Anne Hidalgo. Je relayerai les intérêts de la ville à l’Assemblée, tout le monde y gagne. » Un de ses proches reconnaît cependant que cette fois, Emmanuel Grégoire s’est bel et bien affirmé. En février, il avait publiquement démenti ses propos insoumis juste après leur publication dans Le mondecomme s’il était allé trop loin.

« Cela fait plusieurs mois qu’Anne Hidalgo est dans une stratégie de blocage d’Emmanuel, elle l’empêche de prendre sa place. Alors il prend sa liberté», confie un «grégoiriste» à la mairie. Le premier adjoint rendra sa délégation s’il devient député, mais restera conseiller de Paris. C’est l’ultime effet de son acte d’autonomie : il n’abandonne pas son ambition de briguer, un jour, la place d’Anne Hidalgo. « Tout cela est loin », dit-il. Est-ce que deux ans, c’est loin ?

 
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