mouetteSur tous les vêtements commandés en ligne en Belgique, 20 % proviennent déjà de commerçants chinois.
Mais ce sont surtout les deux premiers, Temu et Shein, qui ont explosé ces derniers mois, en ciblant notamment un public jeune avec des prix très bas. “Ces plateformes ont quasiment doublé leur activité en un an.développe Lora Nivesse, la porte-parole de Comeos. Les deux géants chinois se sont notamment taillé une place majeure dans le textile ou ce que l’on appelle la « fast fashion », des vêtements bon marché destinés à durer peu de temps. “Sur tous les vêtements commandés en ligne en Belgique, 20% proviennent déjà de commerçants chinois, les alarmes du communicateur. C’est plus que ce que vendent les grossistes belges (11%). La Belgique est, après les Pays-Bas, le deuxième pays importateur de colis e-commerce en Europe. Nous avons une quantité astronomique de produits en provenance d’Asie.
Temu et Shein, les plateformes qui font grimper le prix du fret aérien : « Nous n’avons jamais rien vécu de comparable »
Le secret du succès chinois est connu : ces plateformes proposent des prix incroyablement bas avec une quantité de produits étonnante. Pour quelques euros, on peut acheter un pantalon, une robe, mais aussi un drone, un éplucheur ou encore des jouets. Rien ne semble manquer. « Achetez comme un milliardaire», promet Temu. Les prix sont si bon marché qu’il n’est pas rare de payer plus en frais de livraison que pour le produit acheté. Même les spécialistes du bas prix, comme Amazon ou Bol, n’arrivent pas à suivre. Pourtant, les produits proviennent parfois des mêmes ateliers chinois, mais les plateformes ne fonctionnent pas du tout de la même manière.
Pas de droits de douane à payer
Amazon fait ainsi venir des stocks entiers de marchandises – en provenance notamment de Chine – les stocke dans un hangar en Europe puis les fait livrer à un particulier belge, par exemple, dès que sa commande est passée. Ce qui explique la rapidité de livraison depuis la plateforme américaine. Temu n’est qu’une plateforme de « mise en relation » entre clients belges ou autres et commerçants chinois. Ce sont donc ces derniers qui se chargent de livrer le colis, avec des délais souvent bien plus longs (une dizaine de jours) que les autres « marketplaces » bien implantées chez nous.
Je pense que je suis sur le point de perdre ma famille et mon entreprise » : les vendeurs de Temu au bord du gouffre
Cette technique de vente permet avant tout de passer sous le radar des contrôles aux frontières et d’éviter les droits de douane. “Les commerçants locaux qui importent, par exemple, 5 000 unités du même produit dans un seul conteneur doivent passer par une administration douanière complexe et payer l’intégralité des droits de douane, poursuit Lora Nivesse. Les produits ont également de fortes chances d’être contrôlés. Ce qui n’est pas le cas de ces millions de colis individuels arrivant en Belgique« . Les douaniers croulent littéralement sous cette masse de colis. « Seuls 0,0005 % de ces colis peuvent être inspectés. » Résultat ? Selon les services d’inspection, un produit sur trois de certaines plateformes ne respecte pas les normes européennes CE, ce qui constitue une menace pour la santé. Nous importons des produits dangereux, sans parler de toutes les contrefaçons.»
« Cela doit changer »
La grande majorité de ces commerçants chinois ne paient également aucun droit de douane. “Selon la réglementation européenne en vigueur, les colis de moins de 150 euros sont exonérés de ces droits. dénonce Comeos. Cela doit changer. Tous les colis, quelle que soit leur valeur, doivent être traités de la même manière. ». Dans une lettre adressée aux parlementaires belges et partenaires du futur gouvernement belge, 70 membres (dont Amazon et Bol) de Comeos, représentant plus de 100.000 salariés, exigent que les mêmes règles soient imposées à tout le monde.
mouetteDans le port d’Anvers, la probabilité de contrôle est de 25%, alors qu’à l’aéroport de Liège, elle est quasiment nulle.
Les signataires dénoncent une « concurrence déloyale ». “Les commerçants qui jouent le jeu se retrouvent avec des coûts bien plus élevés que ceux qui ne respectent rien.. Parmi leurs revendications figurent celles visant à améliorer les contrôles douaniers (“dans le port d’Anvers, il y a 25% de chances de contrôle, alors qu’à l’aéroport de Liège, elle est quasiment nulle”), celui d’imposer des droits de douane sur les colis de moins de 150 euros («Cela rapportera de l’argent public.), pour faire respecter «strictement” les nouvelles règles (DSA et DMA) pour les géants technologiques en Europe aux plateformes chinoises ou pour améliorer la collaboration entre États au niveau européen.
“Une mauvaise idée”
Le secteur du commerce de détail non alimentaire, qui a déjà perdu plus de 4.000 emplois en Belgique depuis 2019, met en garde les consommateurs. “Évidemment, des prix aussi bas sont très tentants, » dit Lora Nivesse. Mais acheter sur ces plateformes est une mauvaise idée, non seulement pour la planète – en termes de durabilité, c’est catastrophique – mais aussi pour votre portefeuille. Selon le porte-parole, il n’y a pas de miracle : quand c’est si bon marché, la qualité ne suit pas. “On constate qu’un tiers des produits des plateformes asiatiques arrivent déjà cassés et un autre tiers cassé dans les jours suivants. Cela vaut parfois la peine de dépenser un peu plus d’argent et de s’assurer de conserver un produit plus longtemps plutôt que d’acheter des cochonneries que l’on jettera rapidement.