Comment ce village aux portes de l’aéroport de Beauvais fait-il face aux nuisances des avions ? – .

Comment ce village aux portes de l’aéroport de Beauvais fait-il face aux nuisances des avions ? – .
Comment ce village aux portes de l’aéroport de Beauvais fait-il face aux nuisances des avions ? – .

Par

Nicolas Giorgi

Publié le

23 juin 2024 à 7h02

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Tillé (Oise), 1 270 habitants, ça fait du bien le village martyr de l’aéroport de Beauvais que voulons-nous nous décrire ? La maire, Catherine Tillé, énumère les désagréments générés par le passage de 5,6 millions de voyageurs sur son territoire en 2023 : « Le bruit des atterrissages et des décollages, les déchets éparpillés nos trottoirs et nos espaces de loisirs, la pollution, l’augmentation du stationnement illégal… Chaque jour, nous mettons en fourrière des voitures pour stationnement incontrôlé. Aujourd’hui, on achète plus à Tillé que pour faire des parkings ! »

La commune obtiendra 90 000 euros de compensation

L’élue a même chiffré le coût de ces nuisances pour ses services 90 000 euros. Une compensation que le Union Mixte de l’Aéroport de Beauvais-Tillé (SMABT), propriétaire de la plateforme, a accepté de le payer.

Cette petite commune de l’Oise supporte quasiment à elle seule toute l’activité de l’aéroport. Paris Beauvais. Par an, cela représente environ 33 000 mouvements d’avions par an. Un chiffre qui devrait passer à 45 000 dans les 10 prochaines années avec l’arrivée de Bouygues-Egis à la tête du 10e Aéroport français.

Pas besoin de réveil

La première chose qui frappe ici, c’est le nombre d’avions qui survolent le pays. Un presque toutes les quinze minutes le matin, « aux heures de pointe ».

Quand nous parcourons les rues des villages, des signes de parking privé. Mais aussi loges. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des touristes égarés, leurs valises à roulettes à la main, prêts à demander leur chemin.

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« Ici, on n’a pas besoin de réveil, on sait que c’est l’aube quand on commence à entendre les avions », commente Pauline, qui habite près du terminal 2.

Annette a 78 ans. Cette Tilloise de longue durée s’est habituée à ce bruit de fond. “Ce n’est pas pire que le bruit des tondeuses à gazon”, minimise-t-elle à propos du bruit des avions.

Le septuagénaire a toujours vécu à Tillé et a connu l’aéroport dans les années 1950, quand ce n’était qu’un petit aérodrome de loisirs… « On allait voir les avions décoller avec mes parents, c’était la sortie du dimanche ! »

La question du stationnement reste sensible

Selon cette habitante de la rue du Moulin, la vie est très supportable en centre-ville, même si se pose la question du stationnement, rue du Puymaigre et face au cimetière notamment, suscite des inquiétudes. Ses environs ont également pris des allures de point de dépose aéroportuaire, pour ceux qui ne veulent pas payer de place de parking.

Il y a un petit parking près du cimetière et il est souvent plein. Ce sont des gens qui viennent chercher d’autres personnes qui atterrissent à l’aéroport. Quand on veut aller décorer nos tombes avec des fleurs, on ne sait même pas où se garer. Si vous vous garez dans la rue où passe la police de l’aéroport à ce moment-là, très souvent, vous avez un problème !

Annette
Un habitant de Tillé
Le cimetière de Tillé est situé à seulement quelques mètres des terminaux de la plateforme aéroportuaire. (©Nicolas Giorgi / - Oise)

Des crottes humaines dans le cimetière

Lors d’un récent conseil syndical du Syndicat Mixte de l’Aéroport Beauvais-Tillé (SMABT), Catherine Tillé avait également dénonçant des incivilités sur ce lieu de mémoire. “Nous avons des excréments humains dans l’enceinte du cimetière.”

Le stationnement des voitures en dehors de la commune a également été pointé du doigt.

Face à ces problèmes, certains habitants ont su profiter de cette situation, en créant des parkings. Parfois dans leur jardin. « Le bruit des avions est supportable, surtout si vous avez du double vitrage. En plus, il y a un couvre-feu de minuit jusqu’à 6 heures du matin», explique cet indépendant dont la famille possède sa cave à l’entrée du village.

« Nous ne pouvons pas vivre dans une ville où il y a un aéroport et plaignez-vous des nuisances ! C’est comme ceux qui vivent à la campagne et se plaignent du chant du coq”, poursuit le trentenaire, qui commence à accueillir les premiers visiteurs sur son parking légal à 4 ou 5 heures du matin.

« L’aéroport de Beauvais, ce sont 1 700 emplois directset plusieurs milliers d’emplois indirects», rappelle également cet autre Tillois, rencontré lors de notre reportage.

Il refuse de vendre son terrain à des promoteurs : « La tranquillité avant tout »

En revanche, Nicolas, 60 ans, ne veut pas entendre parler d’affaires juteuses. Sa famille hérite néanmoins d’un terrain de plusieurs centaines d’hectares au pied des pistes, ce qui fait saliver d’envie les promoteurs.

« Nous préférons y élever des poules et des oies et y pondre quelques œufs plutôt que de voir cela devenir un parking », dit-il. Grâce à cet esprit de résistance, Beauvais-Tillé est le seul aéroport de France où les voyageurs peuvent se retrouver à pousser leurs valises au chant du coq !

« La tranquillité avant tout », préconise le sexagénaire, qui explique être régulièrement sollicité.

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