Jean-Claude Sergues léguera ses 1 500 œuvres d’art contemporain à Aurillac, à moins que… – .

Jean-Claude Sergues, collectionneur d’art contemporain, expose une quarantaine d’œuvres sur cinq ans au musée d’art et d’archéologie d’Aurillac, qui rouvre ce dimanche 23 juin. Rattaché à la commune, l’ancien disquaire possède plus de 1 500 pièces qu’il envisage à léguer au musée à sa mort, à condition qu’Aurillac dispose d’un musée de qualité.

Et si Aurillac devenait un pôle d’art contemporain, au même titre que Meymac ou Vassivière ? C’est le souhait de Jean-Claude Sergues. Mais : « Aurillac mérite un beau musée. Je ne léguerais pas mes œuvres si cela signifiait qu’elles resteraient dans une boîte. » C’est avec sobriété et sensibilité que le collectionneur auvergnat évoque sa collection. Sa première acquisition date « vers 1985 », à la maison de ventes Drouot. « Un petit morceau : une aquarelle de Paul Colin », affichiste pour Joséphine Baker et Mistinguett. “L’affiche était la rue de la Harpe, et on ne peut guère rendre une rue plus auvergnate”, dit-il en faisant référence aux migrants auvergnats pour qui cette rue était leur repaire. D’ailleurs, son père était « un bougnat ».

Quand le MuMo, poids lourd de l’art moderne et contemporain, faisait escale à Aurillac

Né en Auvergne, Jean-Claude Sergues a grandi à Paris. « A 21 ans, je reviens à Aurillac. J’ai repris une librairie, « Le Fournil », mais elle est vite passée au disque car les clients me demandaient le dernier Deep Purple, le dernier Beatles… » Il dit que ce furent de belles années. Les seuls où il exerçait la passion de son métier. « C’était une belle période de ma vie, Aurillac. Ce travail m’a beaucoup apporté. L’essence même du commerce est l’échange. » Lorsque les disques se généralisent, vendus à la Fnac et dans les hypermarchés, il quitte tout et rentre à Paris. La restauration ouvre alors de nouvelles perspectives.
« C’est ce qui m’a permis de commencer à acheter des œuvres. Ce n’était plus un métier de passion. L’art vous aide à vivre. Il se projette dans l’imaginaire, la vie n’aurait aucun intérêt sans l’art. Je pense qu’on commence à acquérir des œuvres quand on en a les moyens. Jusque-là, j’achetais des posters pour mes murs. Ensuite, j’ai préféré les originaux ! »

L’obsession des charnières…

Passionné, touché et attendrissant, Jean-Claude Sergues attribue (« peut-être ») son envie de collectionner des œuvres d’art contemporain à son passé de disquaire. Nous accumulons bien les records.
Ce qu’il aime dans l’art, ce sont les charnières. « Les œuvres qui bousculent, qui révolutionnent les formes, changent les paradigmes, comme l’a fait l’impressionnisme. Ces charnières illustrent et montrent les évolutions de la société. »
Au musée d’art et d’archéologie, Jean-Claude Sergues met à disposition une quarantaine d’œuvres tirées de sa collection qui compte plus de 1 500 pièces. Sophie Caldayroux-Sizabuire, directrice adjointe des musées d’Aurillac et commissaire de l’exposition Unique en son genre, a sélectionné les artistes en fonction de leur proportion dans l’ensemble de sa collection. Ainsi, l’exposition comprend plusieurs œuvres de Michel Journiac ou de Robert Filliou. Mais sa pièce centrale, comme il l’appelle, n’est autre qu’une estampe de LHOOQ, la Joconde moustachue de Marcel Duchamp. « Ce détournement marque la protestation de l’artiste contre l’idolâtrie de certaines œuvres et pas d’autres. On ne vient au Louvre que pour la Joconde et on passe devant des chefs-d’œuvre sans même les regarder. Duchamp considère que l’art vient de notre regard : « C’est le spectateur qui fait l’art », dit-il. Si je mets ça dans un musée, c’est une œuvre d’art. »
Parmi les trésors exposés ici, il y a aussi cette chaussure pailletée de l’artiste japonaise Yayoi Kusama. « Elle fut la première artiste à New York, en 1929. Elle voulait parsemer le monde de points. Cela s’appelle Dots Obsession. » Il y a aussi l’insolence de Wim Delvoye et « sa façon de ramener les humains à ce qu’ils sont, invariablement », estime le collectionneur. Pour moi en tout cas. Parce que chacun voit et ressent ce qui lui est propre. »

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Anna Modolo

je ne suis pas mort. Il insiste, il dit qu’il n’a « pas de favori », qu’ils sont presque tous ses favoris, depuis qu’il les a achetés. Et c’est vrai, à chaque œuvre une nouvelle joie, un sourire, c’est vrai qu’il les aime tous. Mais reste. Le nain du collectif Présence Panchounette le fait rire plus que les autres. « Le collectif se moquait des artistes qui se sentaient supérieurs. Il s’empare de la culture populaire, prend l’archétype du mauvais goût, le nain de jardin avec son drapeau L’Art pas mort. C’est ironique, mais l’ensemble est très beau. C’est l’un de mes préférés. Ceux qui se détournent de l’art en disant « nous n’avons pas cette culture », c’est ce qu’il interroge. J’ai beaucoup d’attachement aux moments fous. Ça accroche, ça accroche. »

 
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